Production de déchets par habitant : la France dans la moyenne européenne

Selon le dernier bilan national de la production et du traitement des déchets publié ce 18 septembre, 343 millions de tonnes de déchets ont été produites en France en 2022, les déchets minéraux en constituant la majeure partie (70%). Les déchets ménagers et similaires ont représenté 21 millions de tonnes. En tonnes de déchets par habitant, la France se situe dans la moyenne européenne.

En 2022, 343 millions de tonnes de déchets ont été produites en France, soit un retour au niveau de production d’avant la crise sanitaire, indique le bilan national de la production et du traitement des déchets publié ce 18 septembre par le service des statistiques du ministère de la Transition écologique. Conformément à la réglementation européenne, un tel bilan doit être établi tous les deux ans. 

Hors déchets secondaires - boues issues du traitement des déchets, résidus de tri, déchets de combustion provenant de l’incinération – la production atteint 333 millions de tonnes. À elles trois, l’Allemagne la France et l’Italie produisent 41% des déchets de l’UE. Avec 5,1 tonnes par habitant, la France se situe dans la moyenne européenne. Mais pour les déchets hors minéraux principaux (1,4 t/hab.), elle se place en dessous, se classant ainsi au huitième rang des pays les moins producteurs par habitant.

Prédominance des déchets issus du secteur de la construction

En raison de l’importance du secteur de la construction en France, les déchets minéraux non dangereux constituent une large majorité des déchets produits - 70% du total en 2022, soit 240 millions de tonnes. Les autres déchets s’élèvent à 103 millions de tonnes dont 92 millions de tonnes correspondent à des déchets non minéraux non dangereux. "Ces derniers forment un gisement essentiel pour la production de matières premières de recyclage, venant se substituer aux matières vierges dans l’industrie", indique le bilan. Parmi eux, les déchets métalliques, les papiers-cartons, le bois et le verre représentent avec 33 millions de tonnes 36% de ce gisement. 

Produits à 78% par les ménages, les "déchets ménagers et similaires" (déchets en mélange et encombrants) collectés représentent 21 millions de tonnes. À noter, quasiment trois quarts des déchets de verre proviennent des ménages, la grande majorité du verre utilisé concernant des produits consommés à domicile (emballages alimentaires, cosmétiques et parfums). Ce flux est pris en charge par les dispositifs de collecte sélective mis en place par les collectivités. 

Les déchets dangereux représentent, quant à eux, 3,3% des déchets produits en France. Quatre secteurs regroupent près de 80% de cette catégorie : "la production et distribution d’eau, l’assainissement, la gestion des déchets et de la dépollution, la construction, devant le secteur tertiaire et les industries chimique, pharmaceutique et plastique […] Les ménages produisent peu de déchets dangereux, essentiellement des véhicules hors d’usage et des déchets d’équipements électriques et électroniques", détaille le bilan.

L’article 3 de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à la l’économie circulaire (Agec) fixe un objectif de réduction de 5% des quantités de déchets d’activités économiques par unité de valeur produite en 2030 par rapport à 2010. Le bilan montre que depuis 2010, la production totale de déchets (minéraux ou non) des activités économiques a diminué de 4% passant de 326 millions de tonnes à 312 millions de tonnes, alors que le produit intérieur brut augmentait de 14% et la population de 5%. "La production de déchets est ainsi passée de 166 kilogrammes par millier d’euros de valeur ajoutée (VA) en 2010 à 138 kilogrammes par millier d’euros de VA en 2022, soit une diminution de 16%", pointe le document qui note que "la cible de 2030 est donc déjà largement atteinte".

Plus de valorisation matière, moins de mise en décharge

En 2022, 71% des déchets (tous types confondus) ont fait l’objet d’une valorisation matière (recyclage matière ou remblaiement), soit 2,1 points de plus qu’en 2020. Le stockage (mise en décharge) a représenté 20% des tonnages, en baisse de 1,2 point. L’incinération avec récupération d’énergie a quant à elle baissé de 0,4 point pour s’établir à 7,3 % des quantités traitées.

Alors que la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 prévoit de réduire de 30% les quantités de déchets non inertes non dangereux admis en installation de stockage en 2020 par rapport à 2010 et de 50% en 2025, "en 2020, selon les données rapportées par la France, ces quantités avaient diminué de 4% par rapport à 2010, alors qu’elles avaient reculé de 15% entre 2010 et 2016, note le bilan. Les explications au ralentissement de la baisse étaient multiples comme la fermeture des frontières chinoises à 24 catégories de déchets depuis septembre 2017, ou bien les moindres capacités des entreprises à trier leurs déchets liés à la Covid-19". "En 2022, les quantités stockées se sont repliées à nouveau nettement et atteignent un niveau inférieur de 19% à celui de 2010", détaille le document. "Face à cet enjeu, le gouvernement mise sur une fiscalité renforcée, en complément des mesures réglementaires (nouvelles filières à responsabilité élargie du producteur, tri à la source des biodéchets, etc.). Ainsi, la taxe générale sur les activités polluantes sur l’enfouissement augmente progressivement depuis 2020", ajoute-t-il.

Quant aux taux de recyclage, ils varient de 90% pour les métaux ou le verre à 20% pour le plastique. Pour ce dernier, on est bien loin de l’objectif fixé par la loi Agec qui est de tendre vers 100% de plastique recyclé en 2025, reconnaît le bilan.

 

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