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Quand les territoires sont la solution, et non le problème

Le Premier ministre a présenté à Vendôme un point d’étape de son "tour de France des solutions" visant à identifier une vingtaine de "projets territoriaux exemplaires" qui pourraient être dupliqués dans toute la France. L’occasion pour Édouard Philippe de vanter les services de la nouvelle Agence nationale de la cohésion des territoires et d’annoncer la mise en place d’une mission pour faciliter ces généralisations.

"Vendôme, bien plus qu’une place !", revendique fièrement la campagne de communication lancée par l’ancien maire de la ville, aujourd’hui député, Pascal Brindeau. La sous-préfecture du Loir-et-Cher chère à Ronsard semble en tout cas aussi populaire chez les ministres que la place du même nom, pourtant bien fréquentée. Après avoir accueilli la secrétaire d’État Emmanuelle Wargon le 19 septembre dernier pour y signer le contrat de transition écologique du pays vendômois, son maire, Laurent Brillard, a reçu cette fois la visite, quasi impromptue, du Premier ministre et de pas moins de quatre autres membres du gouvernement (à nouveau Emmanuelle Wargon, les "régionaux de l’étape" Jacqueline Gourault et Marc Fesneau, ainsi que la secrétaire d’État Christelle Dubos – Muriel Pénicaud, initialement annoncée, n’étant finalement pas du cortège). Au programme, la présentation des premiers résultats du "tour de France des solutions" lancé par Édouard Philippe début octobre pour identifier "vingt à trente projets territoriaux exemplaires" pouvant être généralisés ou dupliqués ailleurs en France.

"Small is beautiful"

Dans une approche "bottom-up" en vogue dans les entreprises, parce qu’une société ne se réforme pas que par décret, le Premier ministre entend en effet mettre en valeur et dupliquer ces initiatives locales qui "s’attaquent aux problèmes par le petit bout", "en essayant de comprendre concrètement ce qui gêne, ce qui bloque, ce qui freine", et qui permettent de trouver des solutions "rarement spectaculaires, mais efficaces", et ce "sans mobiliser des millions". Ce qui n’est pas le moindre de leurs mérites. Une action vue par beaucoup comme une réponse politique à la crise des gilets jaunes, présentant les territoires non plus comme "un" problème, mais au contraire comme source de solutions, notamment en matière environnementale.

"Intelligence avec l’ami"

Vingt et une "actions inspirantes" ont pour l’heure été retenues dans ce cadre, dont six ont été mises en avant au lycée professionnel Ampère – en pointe en matière d’apprentissage et qui a décidément la cote auprès du gouvernement. De ces six expériences, présentées par leurs initiateurs et certains de leurs bénéficiaires – développer l’apprentissage via le lancement de 50 journées d’"entretiens express" (job dating) en Île-de-France mettant en relation futurs apprentis et entreprises ; faciliter la mobilité pour l’accès à l’emploi en améliorant l’accès au logement des demandeurs d’emploi via les logements inoccupés, hors périodes scolaires des Crous et des centres Afpa d’Auvergne-Rhône-Alpes ; réduire les déchets en favorisant les partenariats entre entreprises dans le Maine-et-Loire, les déchets des uns pouvant être la matière première d’autres… –, il ressort que le "facteur clé de succès" est toujours identique : la mise en relation de personnes qui ont des besoins similaires mais ne se croisent pas. C’est cette "intelligence avec l’ami" que le Premier ministre s’est plu à valoriser et vanter, sans pour autant "mésestimer les difficultés à dupliquer ces initiatives", qui ont réussi "grâce à des liens entre des personnes qui ne se décrètent pas", mais qu’il faut néanmoins "essayer de faire naître". Pour faciliter cette généralisation, le Premier ministre a annoncé avoir mis en place une mission dédiée, sans plus de précision pour l’heure. Il a aussi souligné le "besoin d’ingénierie" des acteurs et profité de l’occasion pour vanter les services de la nouvelle "Anact" – entendre Agence nationale de la cohésion des territoires – "ANCT", lui a soufflé Emmanuelle Wargon.
Une secrétaire d’État à la transition écologique et solidaire qui était au cœur du dispositif, le déplacement ayant également été l’occasion d’évoquer avec les élèves du lycée le sujet des "nouvelles motorisations" (véhicules électriques, hybrides…), mais aussi un programme de plantation de haies conduit par la chambre d’agriculture. Au cours du "petit-déjeuner républicain" précédent l’événement, les élus lui ont également fait part des difficultés rencontrées en matière de continuité écologique.

Job41, la plate-forme modèle

Si Job41 ne fait pas partie des 21 dossiers retenus dans le cadre du "tour de France des solutions", il en présente pourtant tous les atours. Lancé en 2017 par le conseil département du Loir-et-Cher, hôte de la visite ministérielle, cette plate-forme web "d’intermédiation" recense et géolocalise les offres d’emplois des entreprises locales d’une part, et les profils des allocataires du RSA, volontairement inscrits, qui correspondent à ces offres, d’autre part (le département comptait environ 10.000 allocataires lors du lancement, soit un budget de 42 millions d’euros, "remboursé qu’à hauteur de 20 millions par l’État"). Son succès est tel qu’une trentaine de départements l’ont aujourd’hui dupliquée. "Et trois régions s’apprêtent à le faire pour l’emploi des jeunes", précise à Localtis Nicolas Perruchot, le président du conseil départemental à l’origine de cet outil, qui n’a eu besoin de l’État ni pour prendre corps, ni pour se diffuser.

 

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