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Recrutement des cadres : "ni rebond, ni plongeon", mais un probable solde négatif de création d'emplois

Après une reprise "relative" des recrutements de cadres fin 2020, les intentions d'embauches des entreprises restent très modérées en ce début d'année, révèle le baromètre Apec de janvier 2021 présenté le 2 février. Sous l'effet conjugué des plans sociaux, des départs naturels et de la persistance de la crise, le marché pourrait en 2021 et pour la première fois depuis 1993, détruire plus d'emplois de cadres qu'il n'en créera.

Le deuxième confinement n'a pas eu d'impact sur les intentions d'embauches de cadres puisque 10% des entreprises avaient annoncé en septembre qu'elles recruteraient au moins un cadre au 4e trimestre et c'est ce qui s'est produit. Certains secteurs s'en sortent mieux que d'autres à l'instar de l'industrie dont les intentions d'embauches de cadres pour le 4e trimestre (50% des entreprises) ont dépassé les recrutements effectifs (58% ont recruté). "Dans l'industrie figure l'industrie pharmaceutique", a précisé Gilles Gateau, le directeur général de l'Apec (Association pour l'emploi des cadres) le 2 février 2021 lors d'un point presse présentant le baromètre Apec des intentions de recrutement des cadres. "Si le taux de recrutement est le plus élevé dans les services à forte valeur ajoutée (14%), ce secteur est le seul à présenter un taux de réalisation inférieur aux intentions", a-t-il ajouté. 

Les TPE particulièrement impactées

Il s'agit dans plus de la moitié des cas (61%) de création de poste. Peu d'évolution en revanche sur les fonctions recherchées, le top 4 restant des ingénieurs en informatique (20% des intentions), les commerciaux (17%), les ingénieurs en études et R&D (16%), enfin des producteurs industriels et directeurs de chantier et de travaux (14%). 
Le 1er trimestre de 2021 ne devrait pas trancher avec la fin de l'année écoulée. En effet, le taux d'intention ne progresse que d'un point (11%), mais il n'a surtout rien à voir avec les intentions de début 2020 (41% des entreprises de 100 salariés et plus prévoyaient alors d'embaucher). L'Apec note de fortes disparités en fonction de la taille des entreprises. En effet, alors que la moitié des ETI et grands groupes (52%) prévoyaient fin 2020 de recruter début 2021, seules 17% des PME et 6% des TPE l'envisageaient. Déjà fin 2020, une TPE sur deux avait annulé ou reporté sont projet d'embauche prévu au 4e trimestre. 
"Les TPE sont particulièrement impactées par la crise", a souligné Gilles Gateau rappelant que les entreprises de moins de 50 salariés emploient le tiers des 4 millions de cadres recensés en France dans le secteur privé. "Plus fragiles, elles ont moins de visibilité et de capacité à anticiper leur carnet de commandes, et dépendent souvent d'un gros client". 

29% d'offres d'emploi en moins en 2020

Aussi, l'Apec prévoit pour la première fois depuis 1993 un solde négatif de créations d'emploi, c'est-à-dire qu'en 2021 le marché du travail pourrait détruire davantage de postes de cadre qu'il n'en créera. Non seulement le volume d'embauches restera stable au 1er trimestre alors qu'il y aura toujours des départs naturels, mais les plans sociaux annoncés devraient produire leurs effets dans les tout prochains mois. Peu d'embellie aussi du côté des offres emploi. Après une plongée "brutale" au printemps 2020 (-50%, soit 69.600 offres au 2e trimestre contre 139.200 au 2e trimestre de 2019), le nombre d'offres d'emploi de cadre a modérément remonté la pente à l'été puis en fin d'année, mais en restant toujours en-deçà des niveaux de 2019 (-30% au 3e trimestre et -17% au 4e trimestre, soit 97.500 contre 117.300 fin 2019). Ainsi, l'Apec a enregistré près d'un tiers d'offres en mois en 2020 par rapport à 2019, soit 371.900 contre 526.500. Toutes les régions sont concernées au premier rang desquelles l'Ile-de-France (-36%), suivi de l'Occitanie (-30%), et tous les secteurs d'activité à l'exception de la santé et l'action sociale. 

Les jeunes et les seniors les plus inquiets 

Dans ce contexte, l'inquiétude grandit chez les cadres puisqu'un sur quatre en décembre 2020 redoutait de se faire licencier contre un sur cinq en septembre. Ils considèrent dès lors que changer d'entreprise actuellement présente plus un risque (57%) qu'une opportunité (43%). Ce sont surtout les jeunes (28%) et les seniors (25%) qui sont le plus inquiets. Rien d'étonnant sachant que les plus de 55 ans représentent le tiers des 370.000 cadres inscrits à Pôle emploi. "En période de crise, l'une des premières mesures prises par les entreprises est de réduire le volume des embauches, sauf pour les emplois en alternance, et notamment les remplacements de postes", explique Gilles Gateau. La convention que l'Apec et Pôle emploi ont renouvelée le 14 janvier 2021 a supprimé une disposition qui instituait qu'un cadre senior ne pouvait être reçu par l'Apec qu'au terme d'un an d'inscription à Pôle emploi. 
Malgré cette conjoncture morose, près de deux entreprises sur trois (66%) qui projettent de recruter redoutent des difficultés à trouver le profil qu'elles recherchent. Une situation qui ne s'arrange pas puisqu'elles n'étaient "que" 58% au 4e trimestre 2020. "La crise n'a pas fait disparaitre les profils pénuriques", constate Gilles Gateau. Pour autant, les entreprises ne renoncent pas à embaucher, elles mettent juste plus de temps ou bien recrutent un profil différent de celui recherché. 

 

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