Relance de la filière viande bovine en Parthenay : éleveurs et élus mobilisés (79)

Fédérés par la communauté de communes de Parthenay-Gâtine, éleveurs et commerçants ont relancé une filière viande bovine, mise à mal par la crise de la vache folle. 13 ans après son lancement, ce partenariat public-privé rassemble 600 éleveurs, crée plus de cinquante emplois et génère 20 millions de chiffre d'affaires.

La région de Parthenay, dans les Deux-Sèvres, était un secteur traditionnel de polyculture et d'élevage laitier jusque dans les années 1970 avant de se spécialiser dans l'élevage pour la viande (bovins et ovins). Au début des années 2000, la crise de la vache folle provoquent la fermeture de l'abattoir local et celle du marché aux bestiaux, portant un coup d'arrêt à ce secteur économique. Les élus communautaires arrivés aux commandes en 2001 lancent alors une démarche d'accompagnement de la filière, ancrée sur la création locale de valeur ajoutée et d'emplois sur le territoire de l’intercommunalité (39 communes, 39.195 habitants).

Faire revenir la valeur ajoutée sur le territoire

"Dès le départ, l'objectif affiché des élus était de faire revenir de la valeur ajoutée sur le territoire. Pour cela Nous avons fédéré en collectif les différents acteurs de la filière, éleveurs, acheteurs et commerçants, ainsi que le département, la région et l'État" indique Pierre Dessons, responsable du service économique de la communauté de communes, recruté en 2001. Sa première mission consiste à animer un diagnostic en vue d’évaluer le nombre de bêtes présentes sur le territoire, cartographier les entrées et sorties d'animaux et identifier les équipements nécessaires à la relance de la filière. "Dans la foulée de cette étude, la première action du collectif a été l'obtention du label rouge pour la vache parthenaise, emblème de la démarche". En parallèle, le collectif lance des évènements qui positionnent l'élevage comme un élément fort de l’identité du territoire : festival de l'élevage et de la gastronomie, foires primées avec organisation de concours d'animaux de boucherie.

Investissement public en soutien d'une volonté privée existante

La dynamique se renforce lorsque les acteurs économiques décident d’investir dans la réalisation d’équipements. Soucieux de valoriser leurs produits en circuits courts, des éleveurs créent un atelier de découpe, qui est ensuite transféré et agrandi en 2014. En 2012, un nouvel abattoir de 10.000 tonnes est construit à l'initiative d'un exportateur local confronté à l'évolution des normes européennes sur le commerce d'animaux vivants, et qui a choisi de transporter des animaux abattus. Intéressés par un outil indépendant, deux groupements d'éleveurs se sont associés au capital.

Pour ces deux équipements, la communauté de communes reste maître du foncier aménagé, qu'elle met à disposition des sociétés contre loyer : "Nous évitons ainsi le risque qu'un groupe financier ne reprenne demain l'outil". Par ailleurs, en 2009, la communauté de communes et la ville de Parthenay, aidées par des subventions publiques, financent la modernisation du marché aux bestiaux. "C’est le seul investissement public, souligne le responsable du service économique de la communauté de communes. On parle toujours en termes de partenariat ‘public-privé’. Ici, il s'agit plutôt d’un partenariat ‘privé-public’ : l'investissement public ne vient qu'en soutien d'une volonté privée existante." Au total, ces équipements ont favorisé la création d’une soixantaine d’emplois. Au bout de la chaîne, la présence dans l'Ouest de la France de deux groupes de grandes et moyennes surfaces, autonomes dans leurs achats, a bien sûr compté pour apporter des débouchés à la filière.

Rôle de l’EPCI : animation et prospective

"Pour chaque projet d’équipement, nous avons proposé aux parties prenantes de fonctionner sur la base d'une "association de préfiguration", explique le responsable économique de la communauté de communes. Les acteurs prennent ainsi l'habitude de travailler ensemble, ce qui facilite ensuite leur structuration en une entité de gestion." Tous ces opérateurs étant indépendants et locaux, le circuit de décision a l'avantage d'être court et efficace. L'animation à long terme par la communauté de communes est également essentielle : "Nous assurons une veille permanente centrée sur la création de valeur ajoutée et pas seulement la production primaire." Le travail du responsable du service économique s'appuie sur le comité de pilotage, qui se réunit plusieurs fois par an (voir encadré).

Expérimentations nouvelles déjà en cours

Le collectif expérimente actuellement deux nouveaux axes d'innovation, grâce au soutien financier de l'Europe : le "bœuf parthenay" (Leader) qui permet à 6 exploitants de mieux valoriser les mâles bovins sur place, et le "pâturage tournant dynamique" (Life+) qui limite le recours à l'achat de maïs et conforte les revenus des éleveurs.

13 ans après le démarrage, les 600 éleveurs peuvent compter sur des revenus en moyenne supérieurs de 25% à une filière classique. Le cheptel se maintient et les exploitations agricoles présentent de bons taux de reprise grâce au soutien des banques qui ont confiance en la filière. Dans une grande région Ouest où 30% de la viande consommée est importée, l'expérience prouve qu'une filière locale de haute qualité en circuits courts peut s'implanter. "A condition de ne pas voir demain les terres d'élevage et de pâturage confisquées au profit des grandes cultures céréalières dont les acteurs sont en capacité d'acheter les terres deux fois plus cher", insiste le responsable économique .


Financements des trois équipements
Atelier de découpe bovins, ovins, caprins : Création 2005 et agrandissement 2014 - Investissement privé sous forme de bail à construction – 27 emplois créés – Investissement total de 2,8 millions d'euros HT. Subventions apportées : région, 300.000 euros ; département des Deux-Sèvres, 300.000 euros ; communauté de communes, 450.000 euros soit 39,2 % de taux d’intervention

Marché aux bestiaux : Création 2009 – géré sous forme de délégation de service public - 6 emplois créés - Investissement total de 1.300.000 euros HT. Subventions apportées : communauté de communes Région de Parthenay (28,5%), Etat (28%), commune de Parthenay (19,5%), conseil général des Deux Sèvres (17,5%), région Poitou-Charentes (6,5%).

Abattoir bovins : Création 2012 – Investissement privé sous forme de bail longue durée – 25 emplois créés – Investissement total de 7,2 millions d'euros HT. Subventions apportées : public, 2,540 millions d'euros (dont la communauté de communes 1 million d'euros) ; privé,  4,660 millions d'euros.

Comité de pilotage de la démarche filière viande
Le comité de pilotage se réunit tous les 6 mois en période de croisière et tous les deux mois lorsqu'un projet spécifique est en construction. Il ¨rassemble les représentants des institutions publiques -communauté de communes, Pays de Gâtine, conseil général des Deux-Sèvres, région Poitou-Charentes, sous-préfecture, des propriétaires et gestionnaires des trois équipements (Société d'abattage de la Bressandière, Société des viandes des éleveurs de Parthenay et marché de Parthenay), ainsi que d’autres acteurs de la filière (Association des éleveurs des Deux-Sèvres, chambre d'agriculture, Organisme de sélection parthenaise, Label rouge parthenaise).

Claire Lelong pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
 

Communauté de communes de Parthenay-Gâtine

Nombre d'habitants :

39000

Nombre de communes :

38
2 rue de la Citadelle
79 200 Parthenay

Xavier Argenton

Président

Pierre Dessons

Responsable service économie et prospective

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