Renaturation : un guide de la Fnau pour passer de la théorie à la pratique
Après un "abécédaire de la renaturation" en octobre dernier, la Fédération nationale des agences d'urbanisme (Fnau) a publié cet été des recommandations méthodologiques "pour donner des clés aux collectivités dans la mise en œuvre de politiques de renaturation ambitieuses et cohérentes". À tout le moins quelques retours d'expériences, assurément utiles pour passer de la théorie à la pratique.

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La renaturation, oui, mais laquelle, pour quoi faire et comment ? Telles sont en substance les questions auxquelles la Fédération nationale des agences d'urbanisme (Fnau), l'Ademe et l'Office français de la biodiversité (OFB) tentent de répondre depuis la fin 2023, en lien avec la direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature (DGALN), la Fédération des Scot et une dizaine d’agences d’urbanisme.
D'un abécédaire de la renaturation…
De premiers travaux ont conduit à l'élaboration d'un abécédaire de la renaturation, "destiné à clarifier les termes et concepts associés", publié en octobre dernier. "La renaturation pose encore beaucoup de questions, tant dans la définition de son périmètre que dans sa mise en œuvre", explique Anne Lefranc, coordinatrice au pôle Aménagement des villes et des territoires à l'Ademe, lors d'un webinaire consacré aux enjeux de renaturation des territoires, organisé par la Fnau ce 25 septembre. L'occasion de repréciser l'objectif, à savoir "dépasser le simple bilan comptable du ZAN" (zéro artificialisation nette des sols) – où la renaturation n'est perçue que comme une simple mesure compensatoire – pour développer des projets "qui portent de véritables co-bénéfices pour les territoires", qu'ils soient environnementaux, sociaux ou encore sanitaires. "Réparer les territoires, restaurer les écosystèmes et remettre le vivant au cœur de la fabrique urbaine", décrit encore Paul Lecroart, urbaniste à l’Institut Paris Région.
… à des recommandations méthodologiques
De nouvelles réflexions ont depuis conduit le même trio d'acteurs à publier, en juillet dernier, des recommandations méthodologiques pour répondre aux questions des fins et des moyens, en s'appuyant sur des retours d'expérience conduits un peu partout dans l'Hexagone, dont certaines ont été mises en avant lors dudit webinaire. Un guide "pour donner des clés aux collectivités et aux acteurs de l'aménagement du territoire dans la mise en œuvre de politiques de renaturation ambitieuses et cohérentes", affichent ses auteurs. Il est vrai que les difficultés ne manquent pas. À commencer par surmonter l'injonction a priori contradictoire consistant à "construire la ville sur la ville" tout en renaturant cette dernière.
Densifier et renaturer
"L'objectif est de trouver un juste équilibre entre espaces bâtis et zones de respiration pour les habitants", rappelle Laurine Brasseur, cheffe de projet environnement à l'Agence d'urbanisme de l'agglomération de Moselle. Laquelle a développé une méthode pour distinguer les secteurs non bâtis "qui peuvent être densifiés" de ceux qui, au contraire, sont "à préserver". Et ce, via une analyse en trois étapes : d'abord "identifier et catégoriser les espaces perméables et imperméables bâtis et non bâtis" ; ensuite "identifier les espaces bâtis à enjeu" – en visant ici l'adaptation du territoire au changement climatique, la préservation de la biodiversité et la préservation de la santé et du cadre de vie ; enfin, "identifier les potentiels de renaturation". Le tout permettant de présenter une cartographie fine du territoire pour "orienter les élus dans leur choix d'aménagement", qui doit "néanmoins être accompagnée par une expertise de terrain".
Ne pas confondre "intérêt à" et "prédisposition à"
"Ce qui doit primer, c'est l'intérêt à renaturer tel ou tel espace, et non la prédisposition de ces derniers à être renaturés", insiste Florence Guiter, directrice des études et responsable du pôle stratégies territoriales à l'agence d'urbanisme de la région angevine. Ce qui suppose selon elle d'avoir notamment une "connaissance assez fine des sols urbains", un travail qu'a conduit cette agence sur trois communes tests de son territoire avant de le déployer sur les 62 autres communes du pôle métropolitain angevin. Un défi herculéen, qui ne peut être raisonnablement conduit "avec précision à grande échelle", avertit Cécile Grand, chef de projet à l'Ademe, en mettant en avant le coût d'une telle opération. Aussi, explique Florence Guiter, l'un des enjeux est de déterminer le degré de connaissance des sols nécessaire, et réaliste, "pour amender les stratégies foncières territoriales". Un sujet d'avenir, singulièrement avec le projet de directive établissant un cadre de surveillance des sols présenté par la Commission européenne en 2023 (lire notre article), et adopté par le Conseil ce 29 septembre. Si ce dernier texte est moins médiatique que le règlement sur la restauration de la nature (lire notre article), il n'en reste pas moins important.