REP textiles : les propositions des ONG en contre-pied des scénarios du gouvernement

Les ONG Zero Waste France, les Amis de la Terre France et France Nature Environnement sont vent debout contre le projet de refonte du cahier des charges de la filière à Responsabilité élargie du producteur (REP) textiles, linge de maison, chaussures (TLC). La réforme renforce selon elles le pouvoir des marques et des enseignes de mode à travers l’éco-organisme Refashion, au détriment des acteurs de l’économie sociale et solidaire et sans aucune garantie de résultats, que ce soit sur le plan social, économique ou environnemental. 

Alors que les associations de collectivités sont déjà montées au créneau en appelant les entreprises metteuses en marché à "assumer leurs responsabilités" (lire notre article du 23 juillet 2025), c’est au tour des ONG de faire part de leurs propositions pour répondre à la crise sans précédent que traverse la filière REP textiles, linge de maison, chaussures (TLC). Car si le gouvernement a réagi en amorçant des travaux en vue de la mise en place d’un nouveau cahier des charges en début d’année 2026 (lire notre article du 21 juillet 2025), les ONG Zero Waste France, les Amis de la Terre France et France Nature Environnement y voient avant tout "une réforme qui renforce le pouvoir des marques et des enseignes de mode à travers l’éco-organisme Re-fashion, au détriment des acteurs de l’économie sociale et solidaire et sans aucune garantie de résultats, que ce soit sur le plan social, économique ou environnemental". 

Concernant la réduction des quantités de textiles mises en marché, y figurent "des mesures déjà existantes au sein de l’ancien cahier des charges, mais jamais mises en pratique, à l’instar de la modulation des éco-contributions en fonction de l’affichage environnemental, notent-elles. Le ministère de la Transition écologique "renvoie en outre à la proposition de loi fast-fashion en cours d’adoption", et "au-delà, n’émet aucune proposition de pilotage des quantités mises en marché à moyen terme", déplorent-elles. "Face au rouleau-compresseur de la fast-fashion, les propositions du gouvernement sur la réduction sont insuffisantes, voire inexistantes. Pour rappel, les ventes de produits textiles ont atteint un record de 3,5 milliards d’unités en 2024, soit 42 articles par Français !", appuie Pierre Condamine, chargé de campagne surproduction aux Amis de la Terre. 

Pour réduire l’impact environnemental du secteur et augmenter le taux de collecte des déchets textiles, il est donc impératif pour le trio d’ONG de fixer le plus rapidement possible "un objectif de 30% de réduction des quantités de vêtements commercialisés d’ici 2030". D’autant que le scénario proposé par le ministère sur le recyclage - avec des tonnages quasiment multipliés par trois d’ici 2028 - est jugé là encore "irréaliste" compte tenu des difficultés d’ordre technique en la matière et des capacités de tri limitées. "C’est un choix politique hasardeux : si l’on veut pouvoir valoriser nos vêtements usagés, ces investissements seraient bien mieux employés à développer la collecte, le tri et le réemploi en France", remarque Pauline Debrabandere, pour Zero Waste. Augmenter le montant du bonus réparation et doubler le montant du fonds réemploi font donc partie des propositions des ONG, qui appellent également à fixer "une trajectoire de sortie de la valorisation énergétique pour la filière à horizon 2031, précisant des objectifs de diminution des tonnages incinérés d’une année sur l’autre", à rebours du scénario présenté par le gouvernement de "réorientation massive des déchets textiles vers l’incinération" (avec une multiplication par huit des tonnages par rapport à leur niveau actuel). 

Enfin, le communiqué pointe des risques pour les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), agents d’insertion, notamment en raison de "l’opérationnalisation de l’éco-organisme", avec un système de sous-traitance aux opérateurs de terrain, dont les acteurs de l’ESS, via des appels d’offres. "Il est très probable que le critère prix finisse par l’emporter sur tout le reste, notamment sur les critères sociaux, mais aussi sur la collecte préservante, qui n’abîme pas les vêtements et leur permet d’avoir une seconde vie", alerte Laura Chiron, cheffe de projet prévention de France Nature Environnement. 

 

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