Réseaux de chaleur : Amorce vante le modèle danois

À l’occasion de ses 21es Rencontres des réseaux de chaleur et de froid organisées ce 10 décembre à Paris, Amorce a présenté ses propositions pour les prochaines municipales afin de développer ce mode de chauffage à la fois "compétitif, décarboné et valorisant les énergies locales". L’association a notamment mis en avant l’exemple du Danemark, pays particulièrement avancé en la matière. Ces rencontres ont aussi donné lieu à la remise du label Écoréseau de chaleur 2025 à 78 collectivités.

Et si, en matière de réseaux de chaleur, l’exemple venait d’Europe du Nord, et plus précisément du Danemark ? Déjà précurseur dans le domaine des énergies renouvelables, le petit royaume scandinave a aussi fortement encouragé le développement des réseaux de chaleur, qui sont aujourd’hui le principal mode de chauffage de 3 habitants sur 4. Il a été question de ce modèle danois, déjà analysé par le Cerema, lors des 21es Rencontres des réseaux de chaleur et de froid organisées par Amorce ce 10 décembre à Paris. Dès les années 80, en réponse aux crises énergétiques, le Danemark a mis en œuvre une loi pour planifier l’approvisionnement en chaleur des territoires, donnant la responsabilité aux collectivités de définir un zonage identifiant les modes de chauffage les plus adaptés (chauffage urbain, réseau de gaz, système individuel). Le raccordement des habitations nouvelles et existantes dans ces secteurs peut ensuite être rendu obligatoire. En outre, une autre loi interdit le chauffage électrique dans tous les bâtiments situés dans des zones définies pour un chauffage par un réseau de chaleur ou par un réseau de gaz naturel.

Insuffisance des moyens du fonds Chaleur 

En France, où le chauffage individuel a été massivement développé, l’enjeu serait de cibler "à hauteur de quatre millions les logements alimentés par des réseaux de chaleur, ce qui suppose de pouvoir distribuer l’eau chaude dans des logements qui ne sont aujourd’hui pas équipés pour l’accueillir", souligne Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce. D’autant que les réseaux de chaleur présentent le triple avantage d’être majoritairement alimentés par des énergies renouvelables produites localement et d’être compétitifs par rapport aux autres modes de chauffage… à condition que les prix du gaz ne tombent pas trop bas. L’association propose ainsi d’instaurer un "amortisseur socio-environnemental sur le prix du gaz visant à assurer une profitabilité économique de la transition énergétique". Autre antienne : "doter le fonds Chaleur de moyens suffisants pour soutenir les projets locaux". Il manque d’ores et déjà 500 millions d’euros en 2025 et les quelque 800 millions d'euros initialement prévus dans le projet de loi de finances pour 2026 sont jugés largement insuffisamment pour faire face aux besoins estimés à 2,5 milliards d'euros. Selon Amorce, il faudrait prévoir le vote direct du montant du fonds Chaleur par le Parlement et disposer de 7 milliards d'euros sur les trois prochaines années pour être en phase avec la trajectoire de la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).

Règles à stabiliser 

En outre, le changement des règles du fonds porté par l’Ademe - critère d'éligibilité sur la biomasse exemplaire (parfois complexe), priorisation des ressources alternatives à la biomasse, allongement des durées d'amortissement - risque d’entraîner des difficultés pour les projets déjà partis et de freiner la dynamique de développement, alerte Amorce, qui craint que plus de la moitié des projets ne soient plus aidés. L’association défend donc un fonds Chaleur revu à la hausse sur le financement des réseaux de chaleur et froid, tout en préservant les capacités d'animation et de financement de la chaleur collective et des règles qui ne s'appliquent qu'après un délai de prévenance de 2 ans, ou a minima ne puissent pas toucher des projets déjà partis ou en cours d'instruction et dont les délégations de service public (DSP) ont déjà été attribuées. Autre revendication d’Amorce : prévoir un "développement sur la base d'une équité territoriale", autrement dit "prenant en compte les spécificités des territoires et de leurs ressources (notamment biomasse) ainsi que le ratio euro/tCO2 évitée et pas uniquement le ratio euro/MWh".

Il faudrait pour donner la priorité au chauffage collectif dans les bâtiments collectifs fixer un objectif de chaleur renouvelable collective dans la PPE, soit "5 millions de logements chauffés en renouvelable collectif (dont réseaux de chaleur) à l'horizon 2035 et +20 % du parc tertiaire". Un mécanisme de financement devrait aussi être mis en place pour soutenir le déploiement de boucles d'eau chaude secondaire, seul moyen de remplacer des solutions fossiles individuelles par des solutions renouvelables collectives, soutient l’association.

Propositions pour les prochaines municipales

À l’approche des municipales, Amorce invite les prochains élus à déployer un service public de la chaleur renouvelable et à viser 25% de la population chauffée par des énergies renouvelables et de récupération locales. Amorce préconise également la réalisation d'études de faisabilité pour la création d'un réseau de chaleur dans les communes de plus de 20.000 habitants à l'horizon 2030 et de plus de 10.000 habitants à l'horizon 2040. La densification ou l’extension de l'existant est aussi, naturellement, à encourager. Enfin, elle suggère de se saisir des plans locaux chaleur et froid pour cartographier les besoins du territoire en la matière, identifier les productions de chaleur existantes et potentielles et planifier l’évolution des réseaux énergétiques (gaz, électricité, chaleur) de son territoire en prenant en compte leur complémentarité.

› Label Écoréseau de chaleur 2025 : 78 collectivités récompensées 

Lors des Rencontres des réseaux de chaleur et de froid ce 10 décembre, Serge Nocodie, vice-président d’Amorce délégué aux réseaux de chaleur et aux énergies renouvelables, a remis le label Écoréseau de chaleur 2025 à 138 lauréats, issus de 78 collectivités. Créé en 2013 en partenariat avec l’Ademe, le label Écoréseau de chaleur d’Amorce entend promouvoir les avantages de ce mode de chauffage auprès du grand public, des aménageurs, des promoteurs, des abonnés et des pouvoirs publics, tout en mettant en valeur les collectivités locales qui maîtrisent la gestion de ce service public.

Il vise à récompenser les collectivités oeuvrant à la décarbonation de la chaleur – le réseau doit être alimenté par plus de 50% d’énergies renouvelables et de récupération (EnR&R), tout en garantissant des tarifs compétitifs - facture globale pour l’usager inférieure à la solution de référence - et une grande transparence envers les abonnés (existence d’un lieu de concertation, notamment). En 2022, une nouvelle catégorie a été ajoutée, le label Écoréseau +, pour récompenser les réseaux présentant des performances environnementales plus qu’exemplaires. 54 réseaux et 39 collectivités ont ainsi été récompensés cette année. 

Auvergne Rhône-Alpes

Label Écoréseau chaleur

Clermont Auvergne Métropole

GAC Chambéry Bassens Cognin La Motte-

Servolex (Groupement d'autorités Concédantes)

Métropole de Lyon

Ville de Roanne

Saint-Etienne Métropole

Syan’Chaleur (Haute-Savoie)

Ville de Bourg-en-Bresse

Ville de Valence

Label Écoréseau chaleur +

Clermont Auvergne Métropole

Commune d'Yzeron (Rhône)

Grenoble Alpes Métropole

Métropole de Lyon

Saint-Etienne Métropole

Bourgogne-Franche-Comté

Label Écoréseau chaleur

Dijon Métropole

Grand Besançon Métropole

Nevers Agglomération

Label Écoréseau chaleur +

Dijon Métropole

Grand Besançon Métropole

Bretagne

Label Écoréseau chaleur

Rennes Métropole

Label Écoréseau chaleur +

Brest Métropole

S3T'ec (Ille-et-Vilaine)

Saint-Brieuc Armor Agglomération

Centre-Val de Loire

Label Écoréseau chaleur

Orléans Métropole

Ville de Montargis

Label Écoréseau chaleur +

Orléans Métropole

Ville de Blois

Grand Est

Label Écoréseau chaleur

Eurométropole de Metz

Métropole Grand Nancy

Label Écoréseau chaleur +

Ville de Chaumont

Ville de Colmar

Hauts-de-France

Label Écoréseau chaleur

Métropole européenne de Lille

Ville d'Amiens

Ville d’Hazebrouck

Ville d’Arras

Villede Maubeuge

Ville de Sin-Le-Noble (Nord)

Ville de Liévin

Ville de Béthune

Ville de Dunkerque

Ville de Nogent-sur-Oise (Oise)

Label Écoréseau chaleur +

Communauté d'agglomération du Beauvaisis

Communauté Urbaine de Dunkerque

Ville de Lens

Ville de Château-Thierry

Île-de-France

Label Écoréseau chaleur

Communauté d’agglomération Val Parisis (Val-d’Oise)

Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise et Yvelines)

Établissement public territorial Paris Terres d'Envol (Seine-Saint-Denis)

Établissement Public Campinois de Géothermie (Val-de-Marne)

Communauté Urbaine Grand Paris Seine & Oise - GPS&O (Yvelines)

Grand Paris Sud Seine Essonne Sénart (Essonne et Seine-et-Marne)

Ville de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines)

Ville de Melun

Smirec (Seine-Saint-Denis)

Syndicat Intercommunal de Villiers-le-Bel/Gonesse (Val-d’Oise)

Syndicat Mixte pour la Géothermie de Chelles (Seine-et-Marne)

Ville de Fresnes (Val-de-Marne)

Ville de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis)

Label Écoréseau chaleur +

Communauté d'agglomération Val d'Yerres Val de Seine (Essonne)

Établissement public territorial Paris Terres d'Envol (Seine-Saint-Denis)

Siom de la Vallée de Chevreuse (Yvelines)

Sitru (Yvelines)

Syndicat intercommunal pour la géothermie à Chevilly-Larue, L'Haÿ-les-Roses, Villejuif – SyGéo (Val-de-Marne)

Ville de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne)

Normandie

Label Écoréseau chaleur

Evreux Portes de Normandie

Métropole Rouen Normandie

Ville de Lisieux (Calvados)

Label Écoréseau chaleur +

Le Havre Seine Métropole

Métropole Rouen Normandie

Ville de Louviers (Eure)

Nouvelle-Aquitaine

Label Écoréseau chaleur

Bordeaux Métropole

Communauté Urbaine du Grand Poitiers

Limoges Métropole

Ville de La Rochelle

Label Ecoréseau chaleur +

Bordeaux Métropole

Communauté d'agglomération de La Rochelle

Communauté d'Agglomération Pau Béarn Pyrénées

Communauté Urbaine du Grand Poitiers

Limoges Métropole

Occitanie

Label Écoréseau chaleur

Montpellier Méditerranée Métropole

Syded du Lot

Syndicat mixte Trifyl (Tarn)

Toulouse métropole

Ville d'Alès (Gard)

Label Écoréseau chaleur +

Syded du Lot

Syndicat mixte Trifyl (Tarn)

Toulouse métropole

Pays de la Loire

Label Écoréseau chaleur

Nantes Métropole

Ville de Châteaubriant

Label Écoréseau chaleur +

Le Mans Métropole

Ville de Laval

Provence-Alpes-Côte d'Azur

Label Écoréseau chaleur

Sittomat (Var)

Label Écoréseau chaleur +

Sittomat (Var)

Ville de Briançon

 

 

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