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Ingénierie - Revitalisation des centres-bourgs : le CGET émet des craintes sur l'avenir des chefs de projet

Le programme de revitalisation des centres-bourgs lancé fin 2014 à titre expérimental entre à peine dans le concret que se pose la question de sa pérennisation. Le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), chargé de piloter ce programme, a en effet publié le 30 mai, sa première évaluation de celui-ci en se concentrant sur le volet "ingénierie". D’autres suivront notamment sur les aspects qualitatifs, quantitatifs et sur le patrimoine rénové.
Réalisée sur la base d’un questionnaire adressé aux chefs de projet de 54 centres-bourgs, cette première évaluation souligne le besoin capital d’ingénierie pour la mise en œuvre de ces stratégies locales de revitalisation, dans des territoires de petite taille le plus souvent dépourvus de telles compétences. Grâce aux subventions du Fnadt (Fonds national d’aménagement et de développement du territoire), les communes retenues par l’appel à manifestation d’intérêt ont ainsi pu recruter des chefs de projet qui affichent un "très haut niveau de qualification" : deux d’entre eux ont un doctorat et les autres un master de niveau 2 (Bac +5). L’évaluation montre aussi que l’existence d’un poste à temps plein est "indispensable" pour ces territoires, afin de mettre en place des partenariats ou de les faire vivre.
Le CGET mentionne cependant des points "d’alerte et de vigilance" pour l’avenir. Tout d’abord, que se passera-t-il lorsque les subventions du Fnadt seront épuisées ? Les tâches qui sont demandées à ces chefs de projet (identifier les capacités de rebond du territoire, solliciter les financements…) exigent "un poste dédié sur le territoire, et installé dans la durée", souligne l’évaluation. Or si le financement du Fnadt est prévu sur trois ans, les programmes le sont sur six ans ! Ce qui crée une "forte incertitude quant à la possibilité de conforter, voire pérenniser, de nombreux postes". Cette incertitude est accentuée encore par l’élargissement du périmètre des intercommunalités auxquelles appartiennent ces communes. Plusieurs chefs de projet s’inquiètent ainsi d’une "remise en cause du programme de revitalisation au profit d’autres priorités". Le CGET alerte en particulier sur la situation de deux types de communes : celles qui n’ont eu recours qu’à un contrat d’un an pour leur chef de projet et celles qui ont déjà largement consommé leur subvention du Fnadt alors que le programme n’en est qu’à ses débuts…
Par ailleurs, la phase de mise en œuvre du programme est retardée par la difficulté des chefs de projet à mobiliser des financements, notamment sur les questions commerciales. Ils ont aussi souvent du mal à mobiliser des opérateurs tels que les bailleurs sociaux, les promoteurs…
Pour assurer la réussite du programme, le CGET formule six pistes de travail. Il propose de rattacher l’ensemble des chefs de projet à leur intercommunalité et d’amplifier leur mise en réseau, notamment en élargissant ce réseau aux villes moyennes et en le rapprochant des réseaux de chargés de renouvellement urbain... Il préconise aussi un soutien financier dégressif pour permettre une adaptation progressive de la commune amenée à prendre le relai du Fnadt  (sachant que les conventions Fnadt expirent au 31 décembre 2017). Autre idée : permettre des expérimentations en matière d’ingénierie financière, comme la création d’un fonds d’ingénierie ou d’investissement local, en s’appuyant sur les parcs naturels régionaux (PNR), les pôles d’équilibre territoriaux et ruraux (PETR), la Caisse des Dépôts… Le CGET recommande enfin la création d'un groupe de travail sur "le rôle de chef de projet revitalisation des cœurs de villes petites et moyennes", en lien avec la fédération des parcs naturels, les commissariats de massifs, les CAUE (conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement), les DDT (directions départementales des territoires), les agences d’urbanisme…