À Roquebrune-Cap-Martin, des sentinelles pour prévenir le risque suicidaire (06)

Pour intervenir le plus en amont possible dans la prévention du suicide, le CCAS de Roquebrune-Cap-Martin s'est engagé dans une action « sentinelle ». Elle irrigue une large palette d'acteurs, des agents d'accueil de la commune aux professionnels de santé. Les contrecoups de la crise sanitaire liée au Covid-19 ont été l'élément déclencheur pour la mise en place de ce dispositif.

L’action sentinelle mise en place par le Centre communal d’action sociale (CCAS) de Roquebrune-Cap-Martin vise à former des médiateurs santé à même de repérer et réagir face à des situations de mal-être. La commune a ciblé un vaste panel d'acteurs à qui la proposer. À commencer par les agents municipaux en relation avec le public. « Une sentinelle, c'est toute personne susceptible de recevoir un administré : au CCAS, à la police municipale, dans les aides à domicile, le service petite enfance… », explique Najoua Hurcet, directrice du CCAS.

Une lettre d'invitation à participer à la formation a été envoyée aux agents, signée du maire et président du CCAS, Patrick Cesari, qui a impulsé toute une politique publique autour de la santé mentale, avec le Conseil local de santé mentale. Le CCAS a aussi organisé une soirée lors de la semaine internationale sur la santé mentale (SISM 2021) pour sensibiliser le corps médical et proposer à ses membres de bénéficier également de cette formation. « On a travaillé sur ce projet avec la communauté professionnelle territoriale de santé qui réunit les professionnels de santé libéraux, ce qui nous a permis de toucher ainsi l'ensemble des professionnels », précise la responsable.

Formations sur mesure

Le Comité départemental d'éducation pour la santé, Codes06 a été chargé de ces formations « au repérage de la crise suicidaire ». Celles-ci ont eu lieu entre fin 2020 et début 2021. De nouvelles formations sont organisées à l'occasion de nouvelles prises de poste, toujours avec le CODES, qui a intégré ce module de formation dans son programme.

Toutes les personnes formées adhèrent à la charte d'engagement du réseau de prévention de la crise suicidaire Provence-Alpes-Côte d’Azur. Chacun donne ses coordonnées et accepte d'être dans le répertoire commun. Autre engagement : participer aux échanges annuels. Sur une plateforme mise en ligne par le CODES, chacun peut venir puiser des supports et autres ressources. L'adhésion de chacun à la charte d'engagement permet des relations « plus fluides ». C'est l'un des éléments du bilan positif tiré par la directrice.

« Quand on appelle un partenaire pour lui suggérer de recevoir une personne en urgence, la réaction est immédiate, nous sommes dans une relation de confiance », assure la directrice. Il est déjà arrivé que le CCAS ait à tirer cette sonnette d'alarme. « Les agents au service social sont plus à même d'aborder le sujet avec un usager lorsqu'ils sentent qu'il le faut, ils n'ont plus l'appréhension de se poser des questions à son sujet… » témoigne-t-elle encore. Elle se souvient notamment du cas d'une personne ayant dû subir une amputation. « On a eu en tête de prévenir le risque suicidaire pour cette personne. Cela peut conduire à l'orienter vers le centre médico-psychologique qui fait partie de ce réseau, prévenir le médecin traitant pour qu'il soit également vigilant. Nous essayons de nous armer avec des outils pour prévenir au maximum le risque suicidaire » conclut la directrice.

Cellule multidisciplinaire

Dans les situations plus complexes, une cellule peut être conviée pour essayer de dénouer les problématiques d’une personne. « On informe toujours la personne de cet échange entre professionnels », précise la directrice. La personne peut être invitée à se joindre à ces échanges.

Autre point fort, cette initiative repose sur un dispositif partenarial, en plein essor, dans le cadre du Contrat local de santé mentale (CLSM) mis en place fin 2018 par une convention tripartite avec le secteur psychiatrique de l’Association Hospitalière Sainte-Marie (AHSM) et l'ARS PACA. Au sein de ce CLSM, un groupe de travail a été consacré dès 2019 aux moyens de prévenir la crise suicidaire, en réaction à la demande de professionnels de terrain.

À l'origine du projet, le CCAS souhaitait pouvoir proposer aussi à des citoyens d'être formés et d’intégrer le réseau de sentinelles. L'idée est en attente auprès du CODES 06 « Nous devions nous concentrer déjà sur l’élaboration d’un réseau de professionnels solide et disposer des moyens humains suffisant pour encadrer le réseau auprès du grand public » explique la directrice, qui garde l'idée en tête et espère la mettre en œuvre en 2023.

Essaimage sur le département

Le but est de continuer à étendre le nombre de « sentinelles ». Par exemple dans les établissements scolaires. L'action déborde largement du périmètre de la commune car beaucoup d’acteurs formés ont des champs d’action sur des territoires plus importants. Pour « toucher le plus de professionnels de santé sur un territoire plus large », le CCAS s'est rapproché du Contrat local de santé mentale de la ville voisine de Menton.

Un investissement humain important mais un coût minimum

La formation « sentinelles » suivie par les agents de la commune et les différents acteurs est dispensée gratuitement par le CODES 06. Le coût pour Le CCAS est donc nul d'un point de vue budgétaire. Mais il oblige à mobiliser du personnel sur trois jours.

Commune de Roquebrune-Cap-Martin

Nombre d'habitants :

12679
22 avenue Paul Doumer
06 190 Roquebrune-Cap-Martin

Patrick Cesari

Maire

Najoua Hurcet

Directrice du centre communal d’action sociale

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