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Orientation professionnelle - SPRO : les attentes des publics analysées par trois régions

Trois régions (Bretagne, Centre et Pays de la Loire) ont mené une enquête interrégionale pour mieux comprendre les usages et attentes des publics en matière d'orientation, dans l'optique du service public régional de l'orientation (SPRO) qui a été généralisé début 2015. Principales conclusions : de fortes attentes de la part du public, une demande de complémentarité entre internet et l'accueil physique, et le souhait d'une coconstruction des projets professionnels.

Dans une enquête interrégionale réalisée par leurs Carif-Oref*, les régions Bretagne, Centre et Pays de la Loire, qui font partie des huit régions** qui expérimentent le service public régional de l'orientation (SPRO) depuis 2013, tentent d'analyser les usages et attentes des publics en matière d'orientation.
Ce SPRO a été créé par la loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, l'emploi et la démocratie sociale. Objectif : améliorer l'information sur les formations et l'insertion professionnelle. A cet effet, l'Etat définit au niveau national la politique d'orientation des élèves et étudiants dans les établissements scolaires et les établissements d'enseignement supérieur, en s'appuyant sur les acteurs concernés (Onisep, CIO, Scuio-IP) ; la région organise le SPRO en mettant en réseau tous les services, structures et dispositifs concernés. En décembre 2014, le gouvernement a décidé de généraliser ce service dès janvier 2015.
L'enquête menée par les trois régions expérimentatrices donne des informations précises sur les attentes des publics en matière d'orientation. Premier point : les attentes sont fortes mais les publics interrogés se débrouillent assez bien tout seuls ! 88% des personnes interrogées sont ainsi intéressées par des informations sur l'orientation et l'évolution professionnelle et 70% ont déjà fait des recherches d'informations ou de conseils dans ce domaine au cours des deux dernières années. Leur recherche a abouti facilement : 73% des répondants ont identifié très facilement ou assez facilement les lieux ou organismes, et 92% ont estimé qu'il leur a été facile de s'y rendre ou de les contacter. Le rapport d'enquête met toutefois l'accent sur le quart des personnes interrogées qui ont rencontré des difficultés pour identifier ces organismes. Il s'agit le plus souvent de difficultés à se repérer parmi l'ensemble de l'offre ou à repérer le bon interlocuteur.
Par ailleurs, d'après l'enquête, les demandeurs d'emploi et les salariés du privé expriment le besoin de bénéficier d'une "offre d'accueil", avec un premier niveau d'information sur l'offre de services disponibles, un premier diagnostic de leurs demandes et un aiguillage au sein du réseau. Les étudiants quant à eux souhaitent que les services d'orientation se déplacent plus régulièrement dans leurs universités (interventions annuelles par exemple). Ils demandent aussi à instaurer une initiation obligatoire à l'orientation chaque année, pour expliquer notamment les débouchés de telle ou telle filière.

Internet et lieux physiques : vers une complémentarité ?

Internet ou accueil physique, que préfèrent les publics ? La réponse est simple : les deux. 89% des personnes interrogées citent ainsi le recours à internet et 74% le recours aux lieux et organismes. Les seniors, les bénéficiaires des minima sociaux, les moins diplômés, les personnes habitant une zone rurale et les premiers niveaux de contrat de sécurisation professionnelle (CSP) préfèrent toutefois un contact direct avec les organismes. "Il paraît alors essentiel de veiller à maintenir un accès facilité aux lieux et organismes pour ces publics plutôt que de les reporter sur le numérique, au risque de creuser les inégalités d'accès plutôt que de les combler", affirme le rapport.
Les publics interrogés attendent une information de qualité de la part de ces organismes : des fiches métiers à plusieurs entrées (entrée par secteurs d'activité, par type et niveau de formation, par domaines de compétences), un moteur de recherche multi-entrées au sein des fiches métiers, et un moteur de recherche de métiers, secteurs d'activités et formations à partir de leur profil et aspiration (par tranche d'âge, niveau d'étude, expérience professionnelle, centres d'intérêt…) afin de personnaliser leurs recherches. Autres attentes : une mise en relation entre les informations données et le marché du travail et les formations à l'échelle du bassin de l'emploi. Les demandeurs d'emploi sont notamment, et logiquement, intéressés par des informations sur l'emploi, les formations et les métiers et secteurs d'activités qui recrutent à l'échelle du bassin de l'emploi. Les personnes interrogées demandent à ce que les informations données soient couplées avec des carnets d'adresse, qui leur permettent d'obtenir des contacts d'employeurs mais aussi des témoignages sur les métiers et formations.
L'enquête montre enfin que les personnes interrogées souhaitent garder la main sur leur choix : près de la moitié de ces personnes souhaitent coconstruire leur projet professionnel, un tiers souhaite le construire de manière autonome et 12% seulement attendent des propositions de projets professionnels de la part des conseillers.
Cette enquête intervient au moment où le Conseil national pour l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles (Cnefop) est sur le point de remettre son rapport sur l'amélioration du SPRO. Dans son avant-projet de rapport examiné le 31 mars par son bureau, il pointe de nombreuses limites. Certaines de ses propositions vont dans le sens des attentes des publics interrogés par les trois régions : la mise à disposition d'un fond documentaire, avec une description des métiers et des certifications mais aussi des dynamiques et des opportunités du marché du travail géolocalisées, et un service de cartographie dynamique au service du projet personnel, permettant de fournir à chaque personne un outil d'aide à la décision.

Emilie Zapalski

* Centres d'animation, de ressources et d'information sur la formation et Observatoires régionaux emploi formation.
** Les cinq autres régions qui expérimentent le SPRO depuis 2013 sont l'Aquitaine, l'Auvergne, le Limousin, Poitou-Charentes et Rhône-Alpes.