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Stations de ski : le gouvernement reste ferme mais prévoit des aides élargies

Le gouvernement a échangé lundi avec les élus et professionnels de la montagne. La logique de la fermeture des remontées mécaniques lors des vacances de Noël est à la fois de limiter les flux et d'éviter l'encombrement d'hôpitaux déjà saturés. Un nouveau dispositif va être mis en place pour compenser les charges des exploitants. Les commerçants n'ayant en principe pas droit au fonds de solidarité vont pouvoir en bénéficier. Le chômage partiel sera bien accordé pour les saisonniers.

Face à la colère et l'inquiétude des élus locaux concernés et des professionnels de la montagne, une réunion s'est tenue lundi 30 novembre à Matignon avec leurs représentants, le gouvernement annonçant à cette occasion plusieurs mesures nouvelles de soutien. Il a en revanche définitivement fermé la porte à une réouverture des stations de ski pour les fêtes de fin d'année, pour "éviter de grands brassages de populations", selon les termes du secrétaire d'État au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne.

L'idée de fermer les remontées mécaniques tout en déclarant les stations ouvertes a, depuis la conférence de presse de Castex jeudi 28 novembre, suscité pas mal d'incompréhension. L'entourage du Premier ministre fait valoir la cohérence de cette décision. Pas question évidemment de "fermer" une ville ou un village à l'heure où les Français seront libres de circuler sur le territoire… mais pas question non plus de renoncer à "limiter les brassages et les flux de populations". Et pas question de risquer un engorgement supplémentaire des hôpitaux, notamment ceux des territoires alpins, déjà fortement "en tension". C'est donc ce double objectif – éviter un afflux massif dans les stations et éviter des hospitalisations supplémentaires de vacanciers – qui a conduit à trancher : on ne fera pas de ski alpin pendant les vacances de fin d'année. Le meilleur moyen de s'en assurer étant de mettre à l'arrêt les remontées mécaniques. "C'est le ski alpin qui génère à la fois le plus de brassage et le plus d'accidentologie", souligne-t-on à Matignon, en rappelant que l'an dernier, le ski alpin avait généré 159.000 blessés. Ce qui signifie que les pratiques de loisir telles que la randonnée ou les raquettes seront bien autorisées.

 

Un "dispositif ad hoc" pour les exploitants

Sachant que le mois de décembre représente environ 20% de la fréquentation des stations françaises sur une saison, le gouvernement a annoncé un "dispositif ad hoc" pour "couvrir les charges fixes" des exploitants de remontées mécaniques, gestionnaires des domaines skiables. Ce dispositif doit encore être travaillé avec les intéressés, d'ici une prochaine réunion prévue le 11 décembre, notamment pour déterminer quelles charges ou quels cas de figure ne sont pas couverts par d'autres outils existants (les charges salariales des petites structures par exemple le sont déjà via le chômage partiel). Le nouveau dispositif "s'adressera tant aux structures privées qu'aux structures publiques", a précisé Jean-Baptiste Lemoyne. Une précision importante, dans la mesure où les régies municipales n'étaient pas éligibles au fonds de solidarité.

 

Au-delà des seules remontées mécaniques, il est prévu d'élargir le soutien aux commerces ou entreprises qui vont pâtir de la situation. Les activités relevant des secteurs S1 et S1 bis auront bien droit au fonds de solidarité pour cette période. Mais le gouvernement prévoit en outre que les commerces hors S1 et S1 bis qui subiront de fait une baisse de fréquentation (commerces alimentaires ou pharmacies par exemple) soient eux aussi rendus éligibles au fonds de solidarité "sur une base territorialisée". En sachant que le territoire pourra être plus vaste que celui de la seule station pour inclure par exemple les communes de la vallée avoisinante.
Le président de la coopérative de supérettes d'altitude Sherpa, Olivier Carrié, avait alerté lundi sur le fait que les commerces alimentaires étaient exclus des aides existantes, alors que ses 117 points de vente réalisent "85% de [leur] chiffre d'affaires annuel pendant la saison hivernale", et "20% exclusivement pendant la période de Noël".

 

S'agissant des saisonniers, le gouvernement prévoit, comme l'avait déjà fait savoir Élisabeth Borne, "un dispositif de chômage partiel avec un reste à charge zéro". Le ministère du Travail a précisé dans la foulée que le bénéfice de l'activité partielle sera octroyé "aux entreprises concernées jusqu'à la reprise d'activité dans les stations".
Les choses seront relativement simples pour les travailleurs saisonniers qui ont une "clause de reconduction" de leur contrat de travail d'une année sur l'autre. Pour les "primo-saisonniers", il faudra que le recrutement soit matérialisé par un contrat de travail ou une promesse d'embauche écrite signée avant le 1er décembre 2020.

 

Certains plaident pour une "différenciation par massif"

Les acteurs de la montagne ont toutefois relevé lors la réunion de lundi "les incohérences" avec des pays frontaliers (Suisse, Espagne) qui auront leurs stations ouvertes. Sur ce point, le gouvernement "poursuit ses échanges avec ses partenaires européens afin qu'une approche commune puisse être adoptée avec nos voisins", dit Matignon, rappelant que l'Allemagne et l'Italie ont elles décidé de fermer leurs stations.
"Nous ne lâcherons rien, la mobilisation des territoires de montagne se poursuit", ont écrit conjointement Jean-Luc Boch, président de l'Association des maires de stations de montagne (ANMSM), et Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF).
Des mobilisations pour l'emploi ont été organisées lundi dans certaines stations, comme aux 2 Alpes (Isère), à Megève (Haute-Savoie) ou à La Plagne (Savoie). D'autres sont prévues ce mercredi à Bourg-d'Oisans (Isère) et Bourg-Saint-Maurice (Savoie).
La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, plaide pour une "différenciation par massif". Pour les stations de ski pyrénéennes et du Massif central, elle demande une ouverture le 15 décembre car "en Occitanie le taux de contamination est très faible et il n'y a pas de saturation dans les hôpitaux". "Nous regrettons que soit exclue de ces discussions une ouverture différenciée par massif, en tenant compte de la situation sanitaire de chaque région", a de même réagi dans un communiqué Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et président de Régions de France, affirmant que les élus ont "obtenu une clause de revoyure fixée au 11 décembre".

 

Or selon Matignon, il est peu probable qu'une date soit donnée lors de la réunion du 11 décembre, qui sera centrée sur les aides. On saura juste pour l'heure que la date de réouverture ne sera pas nécessairement calée sur la "phase 3", à savoir celle du 20 janvier. La décision du gouvernement de rouvrir les domaines skiables sera prise en fonction de "l'évolution de la situation sanitaire" et, donc, des discussions avec les pays voisins, précise Matignon. Elle s'accompagnera dans tous les cas d'un "protocole spécifique".

 

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