Tourisme "sans enfant" : une charte cet été pour mieux accueillir les familles
À l'initiative du haut-commissariat à l'enfance, une table ronde réunissant les acteurs du tourisme s'est penchée sur la tendance du "sans enfant", un phénomène très marginal en France. Une charte de bonnes pratiques devrait voir le jour d'ici à l'été 2025.

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Une charte pour rappeler les bonnes pratiques en matière d'accueil des enfants dans les lieux touristiques, c'est la principale annonce faite à l'issue d'une réunion organisée à l'initiative de Sarah El Haïry, haut-commissaire à l'enfance, le 27 mai 2025, à laquelle participaient notamment l'Association nationale des élus des territoires touristiques (Anett), la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein air (FNHPA), la Fédération nationale des résidences de tourisme (FNRT), la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) et l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih). Lors de cette table ronde, Sarah El Haïry a pointé devant les participants une "tendance brutale", celle d'un tourisme "sans enfant", qui se développerait actuellement en France.
Qu'en est-il réellement dans notre pays ? Selon le syndicat Entreprises du voyage, qui représente 3.500 professionnels du tourisme (tour-opérateurs, distributeurs et assembleurs de voyages, etc.), cette tendance du "sans enfant" ne représenterait en 2024 que 3% de l'offre. Lors de la réunion du 27 mai, la FNHPA a avancé le chiffre d'une vingtaine de campings concernés par ce phénomène en France sur les 7.400 terrains aménagés, soit 0,27% du total. Du côté des collectivités, le "sans enfant" ne semble pas un sujet. "Au niveau des élus que nous représentons, il n'y a pas de retour nous alertant sur une tendance 'sans enfant'. Et alors qu'il y a des sujets beaucoup plus polémiques que celui-là en ce moment, tous les acteurs présents autour de la table ont eu l'air de découvrir ce phénomène", pointe Géraldine Leduc, directrice générale de l'Anett, présente à la réunion organisée par le haut commissariat à l'Enfance.
Le "sans enfant", un non-sens économique
Loin d'être impactés par le phénomène du "sans enfant", les participants ont au contraire mis en avant les nombreux exemples de bonnes pratiques de type "enfants bienvenus". "Nous avons eu des échanges sur ces bonnes pratiques, que ce soit dans les locations de meublés, les hôtels, les résidences de tourisme ou les transports", explique Géraldine Leduc.
De fait, les acteurs du tourisme présents autour de Sarah El Haïry étaient unanimes à poser le principe de l'accueil des enfants comme une clientèle à part entière et à souhaiter accueillir les familles en vacances comme il se doit, tout en soulignant qu'un grand nombre de lieux de vacances sont même spécifiquement faits pour les enfants, notamment de nombreux campings. Et pour cause : selon les derniers chiffres de l'Insee, la France compte huit millions de familles avec au moins un enfant mineur, et 17% d'entre elles comptent même trois enfants mineurs. Ce serait donc un non-sens économique pour l'immense majorité des professionnels de renoncer à la clientèle des enfants. Une clientèle qui, de plus, est souvent prescriptrice au sein de la famille.
Les collectivités ne sont pas étrangères à ce mouvement. Selon Géraldine Leduc, "on voit une tendance parmi les CRT (comités régionaux du tourisme) à aller vers des messages aux familles. Depuis le confinement [en 2020, ndlr], il y a une attente des familles d'être bien traitées. Dans nos destinations, aujourd'hui, tout est mis en œuvre pour que ce soit facile".
Les collectivités mobilisées dès 2006
De son côté, l'Anett n'a pas attendu ces dernières années pour "chouchouter" les familles avec enfant. Avec deux autres associations d'élus – la Fédération nationale des maires de stations de montagne (FNMSM) et la Fédération françaises des stations vertes –, elle a créé dès 2006 le label Famille plus, qui assure aux familles un accueil et des prestations adaptés à leurs besoins, en particulier pour les enfants de trois à douze ans. À ce jour, une centaine de collectivités et quelque cinq mille prestataires professionnels sont labellisés.
Pour montrer leur bonne volonté à continuer dans cette voie, les participants à la table ronde organisée par Sarah El Haïry se sont engagés à travailler à l'élaboration d'une charte "à hauteur d'enfant". Cette charte "pédagogique", qui sera élargie au-delà du secteur touristique, devrait mettre en avant les bonnes pratiques mais aussi les raisons qui font qu'il est intéressant pour les professionnels d'accueillir des enfants. "Cela nous convient bien d'avoir une charte que nous pourrons envoyer à nos élus pour leur rappeler les fondamentaux, les informations qui peuvent intéresser les familles pour ne pas laisser les enfants devant leurs tablettes", se réjouit Géraldine Leduc. La charte "à hauteur d'enfant" devrait être publiée d'ici cet été.