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Cinéma - Tournages et emplois en hausse en Ile-de-France

Les investissements des régions dans le cinéma (17,6 millions d'euros en 2007) ne rapportent pas seulement en termes d'image, comme le Nord-Pas-de-Calais vient d'en faire l'heureuse expérience avec son implication dans "Bienvenue chez les Ch'tis". Ils peuvent également avoir un impact significatif en termes d'économie et d'emploi. C'est ce que démontre la troisième édition de l'"Observatoire de la production audiovisuelle et cinématographique en Ile-de-France", que vient de publier la région. Cette dernière est en effet particulièrement investie en ce domaine, puisqu'elle a représenté, en 2007, 65% de l'ensemble des aides régionales à la production cinématographique, pour 29 films soutenus.
L'étude de l'Observatoire fait apparaître que ce secteur comptait, à la fin de 2006, 115.519 salariés en Ile-de-France, pour un effectif national de 138.000. Ces effectifs sont en progression régulière depuis 2003, où l'on ne dénombrait encore que 101.356 emplois de ce type dans la région. La masse salariale correspondante s'élevait, en 2006, à 417,2 millions d'euros pour les salariés permanents et à 739,7 millions d'euros pour ceux sous statut d'intermittent du spectacle. Sur ce point, la troisième édition de l'Observatoire montre que la majorité des créations portent sur des emplois permanents. On peut sans doute y voir la conséquence des engagements pris dans le cadre de la réforme du statut des intermittents.
En termes de structure, l'Ile-de-France comptait, en 2007, 4.194 entreprises spécialisées dans la production audiovisuelle et cinématographique, sur un total de 5.899 pour la France entière. Cette concentration des entreprises et des emplois correspond bien sûr à une concentration des tournages. En 2006, 51% des temps de tournage des productions françaises pour le cinéma et la télévision ont été localisés en Île-de-France, ce qui représente 228 oeuvres et 8.000 jours de travail. Cette année a vu notamment une nette progression des tournages de films indiens (10 films réalisés en Ile-de-France en 18 mois) et, pour la première fois, le tournage d'une série télévisée de 26 épisodes ("Rêves derrière un rideau de cristal"), produite par l'une des plus grandes chaînes de télévision chinoises.
En dépit de ces retombées très positives, tout n'est pas rose pour autant et l'étude de l'Observatoire pointe notamment deux points faibles. Tout d'abord, les autres régions françaises se montrent de plus en plus dynamiques en matière d'accueil des tournages. Sans remettre en cause la suprématie de l'Ile-de-France, leur activité en ce domaine progresse beaucoup plus rapidement et l'écart tend à se réduire. Ensuite, les effets du plafonnement du crédit d'impôt national mis en place pour freiner le mouvement de délocalisation de la production française commencent à se faire sentir. En 2007, les trois plus gros devis de la production agréée française - "Babylon AD" de Mathieu Kassovitz (50,82 millions d'euros), "Mr Nobody" de Jaco van Doermel (33,03 millions) et "Faubourg 36" de Jacques Baratier (28 millions) - ont ainsi été réalisés à l'étranger. Selon la Ficam (Fédération des industries du cinéma, de l'audiovisuel et du multimédia), 22% des films d'initiative française ont été délocalisés en 2007, contre 17% en 2006.

 

Jean-Noël Escudié / PCA