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Transports - Transports collectifs : les femmes se sentent moins en sécurité que les hommes

Le gouvernement a dévoilé le 6 mars les premiers résultats d'une étude sur les violences faites aux femmes dans les transports collectifs. Fondée sur une double approche quantitative (les données sur les faits de délinquance transmises par la SNCF, la RATP, la gendarmerie et les informations issues de l'enquête annuelle nationale Cadre de Vie et sécurité - CVS) et qualitative (une enquête menée auprès de 60 femmes utilisatrices des transports collectifs en Ile-de-France), cette étude vise à mesurer le phénomène et à évaluer l'impact des violences vécues ou perçues sur le comportement de mobilité des femmes. Elle montre d'abord une faible proportion d'atteintes commises dans les espaces de transport (moins de 8%). Mais hommes et femmes ne subissent pas le même type d'atteintes : les premiers sont majoritairement victimes de coups et blessures volontaires non motivés par le vol et de vols commis avec violence ou sous la menace quand les secondes sont davantage victimes d'insultes et d'injures et sont majoritairement victimes d'atteintes sexuelles pouvant aller jusqu'au viol. L'étude fait aussi ressortir des différences selon le type de transport : les femmes subissent davantage d'actes de violence dans les bus et bus scolaires et les hommes dans les trains. Pour les autres modes (tramway, métro, RER), la part des victimes est assez semblable. Mais comme il s'agit de données brutes, non corrélées à des éléments de contexte (profil des voyageurs, pratiques de mobilité…), les auteurs de l'étude jugent difficile d'en tirer des conclusions. Ils notent en revanche un sentiment d'insécurité plus marqué chez les femmes que chez les hommes : selon l'enquête CVS de 2011, 48% des femmes interrogées déclarent toujours se sentir en sécurité dans les transports (contre 62% pour les hommes) et elles sont 20% à se déclarer parfois ou jamais en sécurité. Dans les transports d'Ile-de-France, 6 femmes sur 10 redoutent une agression ou un vol.

Sexisme

Ce sentiment d'insécurité davantage exprimé par les femmes peut s'expliquer par le harcèlement quotidien qu'elles subissent, la drague insistante ou les commentaires sexistes qui échappent aux recensements statistiques. Ces faits, qui renforcent leurs inquiétudes, provoquent chez elles des réactions de vigilance ou d'évitement. En effet, l'étude révèle que les femmes contournent les lignes de transport qu'elles estiment dangereuses, évitent de voyager seules la nuit ou adaptent leur tenue vestimentaire.
Plusieurs pistes d'actions sont proposées par cette étude, et en particulier le développement des "marches exploratoires" sur la sécurité des femmes dans les transports, un concept né au Canada il y a 25 ans et qui a été repris dans de nombreux pays. Cette démarche repose sur l'action de groupes de femmes qui parcourent un secteur donné afin d'identifier les espaces générateurs d'insécurité. Un rapport d'enquête rassemblant les recommandations faites par ces femmes est ensuite transmis aux pouvoirs publics. En France, une initiative proche de ces marches exploratoires a été engagée par un opérateur de transports d'Ile-de-France, la Tice (Transports intercommunaux Centre Essonne), qui s'est appuyé sur des "ambassadrices de lignes". Des témoignages de femmes utilisatrices d'une ligne de bus ont d'abord été recueillis puis un comité de femmes mis en place afin de recueillir leurs suggestions et d'engager les adaptations nécessaires. Un autre type d'action consiste à mener des opérations de sensibilisation au harcèlement sexuel et aux comportements sexistes intimidants auprès des voyageurs et des plus jeunes, sous forme d'interventions dans les établissements scolaires ou de campagnes de communication dans les transports, note l'étude.

Propositions concrètes en juin

Ces premières préconisations sont actuellement analysées par le groupe de travail sur les violences faites aux femmes dans les transports, lancé lors de la réunion du Comité national de la sécurité dans les transports en commun (CNSTC) du 16 décembre dernier. Ce groupe de travail qui réunit le ministère de l'Intérieur, le secrétariat d'Etat chargé des droits des femmes, le secrétariat d'Etat chargé des transports, les opérateurs de transports ainsi que les représentants des autorités organisatrices des transports rendra ses conclusions à la fin du premier semestre 2015 ont annoncé les secrétaires d'Etat chargés des transports et des droits des femmes le 6 mars. "Nous mettons au point un dispositif pour qu'à l'horizon du mois de juin, nous puissions avoir des propositions concrètes en concertation avec les transporteurs sur l'ensemble de la France pour faire reculer ce sentiment d'insécurité" dans les transports, a déclaré Pascale Boistard, secrétaire d'Etat aux Droits des femmes, lors d'une "marche exploratoire" menée le 7 mars gare du Nord à Paris, à la veille de la Journée internationale des femmes.

 

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