Tributaire de leur nature, la fréquentation des équipements sportifs peut être améliorée

Une étude commandée par le ministère des Sports dresse un large portrait des équipements sportifs français. Selon qu'ils proposent un accès contrôlé, un accès libre ou sont situés dans des établissements scolaires, leur taux d'utilisation et leurs publics varient fortement. Des solutions sont avancées pour optimiser leur fréquentation par les différents types d'usagers. 

Les équipements sportifs français sont globalement bien utilisés, mais différentes pistes d'amélioration peuvent être envisagées selon leur nature. C'est ce qu'indique une étude d'une ampleur inédite réalisée par Olbia, le Centre de droit et d'économie du sport et Média filière à la demande du ministère des Sports, de l'Agence nationale du Sport (ANS) et du pôle ressources national sport innovations (PRNSI). 

Comme le précisent les auteurs de l'étude, "la fréquentation des équipements sportifs est le point de jonction entre l'offre et la demande sportive". Autrement dit, elle permet d'évaluer la cohérence des politiques publiques avec les aspirations de la population. Ceci dit, la réalité de cette fréquentation se pose en termes différents selon le type d'équipement. Les auteurs distinguent ainsi les équipements à accès contrôlé, souvent plus anciens, "pensés pour répondre à des besoins standardisés et centrés sur la pratique du sport compétitif", les équipements de proximité en accès libre, de plus en plus proposés par les collectivités pour répondre "à l'émergence de nouvelles pratiques et à la mise à l'agenda de différents 'problèmes sociaux' (délinquance juvénile, sédentarité)", et les équipements scolaires. 

Équipements à accès contrôlé : une utilisation "très soutenue"

Les équipements sportifs à accès contrôlé, dont la planification est gérée par les collectivités territoriales, affichent des taux d'occupation "globalement élevés mais contrastés" et une utilisation "très soutenue" en période scolaire. Mais quand les salles multisports et les salles d'armes et de combat sont jugées "proches de la saturation" avec un taux d'occupation moyen de 95% en semaine et en période scolaire, les terrains de grands jeux s'avèrent "nettement moins sollicités", avec 75% de taux d'occupation et plusieurs créneaux horaires disponibles sur les mêmes périodes. On distingue encore dans cet ensemble les zones rurales, où les équipements comptent autant de jours d'occupation qu'ailleurs, mais où l'usage quotidien est moins soutenu : jusqu'à une heure et demie de moins par jour, à l'exception des gymnases et dojos. Côté utilisateurs, les équipements à accès contrôlé sont d'abord occupés par les associations sportives, qui concentrent près des deux tiers des créneaux, devant les scolaires (21%), les pratiques libre ou d'entreprise restant "marginales".

Parmi les équipements à accès contrôlé, certains se distinguent encore par un usage plus individuel. C'est le cas des piscines, patinoires et golfs. On y remarque des durées d'ouverture annuelles et quotidiennes nettement supérieures aux autres. De plus, contrairement aux équipements collectifs, ils sont majoritairement fréquentés par le grand public (66% des usagers dans les piscines et 64% dans les patinoires), même si ce dernier ne bénéficie pas toujours de la majorité des créneaux horaires disponibles (42% dans les piscines, contre 25% pour les clubs et 23% pour les scolaires).

Équipements en accès libre : une fréquentation trop timide

Le tableau est fort différent en ce qui concerne les équipements en accès libre. Contrairement aux piscines qui accueillent plus de 330 personnes par jour en moyenne, la réalité observée sur un échantillon de 43 équipements sportifs de Nouvelle-Aquitaine fait état de seulement 16 personnes par jour, dont 11 pour une pratique sportive. Une moyenne qui varie selon l'équipement : 27 personnes par jour pour les skate-parks et pumptracks, 22 dans les aires de fitness, 18 en terrains multisports et seulement 4 en parcours de santé. Surtout, 27% des équipements enregistrent moins de cinq usagers sportifs par jour, ce qui, pour les auteurs de l'étude "questionne la pertinence de certains choix d'implantation et confirme que la fréquentation dépend autant de la demande locale que de l'animation ou de l'environnement". À propos d'implantation, il faut souligner que la fréquentation à usage sportif quotidienne des équipements en libre accès est nettement supérieure en milieu urbain (18 usagers) qu'en milieu rural (8) ou intermédiaire (6). L'étude met par ailleurs en évidence que les épisodes de forte chaleur (au-delà de 30°C) impactent la fréquentation de ces équipements.

Autres points noirs des équipements en accès libre : la sous-représentation des seniors (2% des usagers) et, dans une moindre mesure, des femmes (17% en moyenne, mais 53% en parcours de santé et 45% en aires de fitness). Sur la présence des femmes dans les équipements en accès libre, l'étude nuance toutefois cette observation régionale en Nouvelle-Aquitaine par une enquête nationale réalisée auprès de cinq mille personnes âgées de seize ans et plus qui démontre que 40% des usagers des terrains multisports et des terrains de basket 3x3 sont des femmes.

Équipements scolaires : une mutualisation à parfaire

Sur les équipements sportifs scolaires, l'étude menée auprès de 511 collèges et lycées de Nouvelle-Aquitaine nous apprend d'abord que 61% d'entre eux disposent d'au moins un équipement sportif, les plus fréquents étant les plateaux multisports extérieurs, les salles multisports et les salles spécialisées (dojo, danse, gymnastique, etc.). Malgré cette présence d'équipements, seuls 64% des établissements scolaires jugent avoir assez de créneaux pour l'EPS. Un taux qui chute même à 42% pour les établissements comptant plus de mille élèves. Quant à l'utilisation moyenne des équipements sportifs scolaires pour l'EPS, elle se monte à 18 heures par semaine.

Si l'usage scolaire met une pression sur la disponibilité des installations sportives des établissements, il en va tout autrement en dehors des périodes de classe. Ainsi, 80% des collèges et lycée déclarent avoir des créneaux vacants, dont 63% le week-end et 68% pendant les vacances scolaires. "Cela souligne un potentiel supplémentaire de mutualisation", commentent les auteurs. Cette mutualisation est toutefois déjà à l'œuvre. D'abord en faveur des associations sportives scolaires de l'établissement, pour 77% des équipements, à raison de 10 heures hebdomadaires en moyenne. Ensuite à destination de structures extérieures (associations sportives dans 82% des cas) pour 50% des équipements. C'est notamment le cas de 82% des gymnases, dont 58% possèdent un accès extérieur indépendant pour faciliter cette mutualisation. Si le manque d'accès autonome et la question de l'ouverture et de la fermeture constituent des freins à l'accès des équipements scolaires aux structures externes, la raison la plus souvent invoquée pour expliquer leur non-utilisation est l'absence de demande (63%).

Pour des investissements "plus sélectifs et qualitatifs"

En conclusion de leur étude, les auteurs font plusieurs propositions. Ils soulignent d'abord le manque de données fiables et partagées sur la fréquentation des équipements sportifs, et proposent des outils pour "objectiver" les décisions et orienter les investissements. Ils militent ensuite pour concilier usages et usagers à travers, par exemple, des instances de gouvernance partagée, des chartes locales de répartition des créneaux, une mutualisation intercommunale, etc. Ils proposent encore d'optimiser l'usage des équipements existants "sans investissements lourds" en activant les périodes creuses, en accueillant des pratiques émergentes et autonomes, en ouvrant les équipements scolaires, etc. Enfin, ils recommandent des investissements "plus sélectifs et qualitatifs" basés sur une stratégie nationale pluriannuelle, des critères sociaux et environnementaux, mais aussi l'inclusion des publics éloignés et l'innovation.

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis