Un écocentre pour l'enfouissement des déchets ménagers

Il y a dix ans, constatant la saturation des sites d’enfouissement des déchets ménagers dans le département, le conseil général de l’Aisne met à l’étude la création d’un site public qui aboutit à l’ouverture, en mars 2010, de l’écocentre La Tuillerie. André Rigaud, vice-président de Valor’Aisne, rappelle que "dès sa conception, le centre fut prévu pour être exemplaire en matière d’environnement". Il doit être exploité pendant vingt ans et continuera à être surveillé pendant trente ans, soit jusqu’en 2060.

Un corridor biologique et une réserve d’espace pour des développements futurs

Etabli à Grisolles, dans le sud de l’Aisne, l’écocentre comporte également un centre de transfert d’une capacité de 10.000 tonnes par an, qui collecte les déchets valorisables (papier, verre, plastique…) avant de les envoyer par bennes de grande capacité de type semi-remorque, dans les usines de traitement ad hoc. Le centre de stockage est prévu pour traiter 80.000 tonnes de déchets par an, sur une surface qui, à terme, atteindra 16 hectares. Il a été décidé de conserver trois hectares et demi de terrain vierge, sur lesquels avaient été repérées les espèces les plus intéressantes de la faune et de la flore, afin de créer un corridor biologique. La zone d’enfouissement, étendue sur 17 hectares, est fragmentée en "alvéoles" d’un demi-hectare chacune, mises en service progressivement. Reste une vingtaine d’hectares pour accueillir diverses installations techniques ; une partie est occupée par une unité de production d’électricité et de chaleur, alimentée par le biogaz qui provient de la partie fermentescible des déchets ménagers. L’électricité est injectée sur le réseau ERDF, et pourra approvisionner jusqu’à 5.000 habitants, tandis que la chaleur des moteurs permettra de déshydrater les lixiviats, ces effluents liquides générés par les eaux de pluie infiltrées dans les déchets pendant l’exploitation. Les boues qui en résultent sont analysées, et, suivant leurs caractéristiques, peuvent être réutilisées sur le site ou envoyées en centre de stockage de déchets dangereux. Tout l’espace n’est pas utilisé, ce qui permettra des développements ultérieurs, tels que le prétraitement des biodéchets.

Management environnemental : forage de la nappe phréatique, traçabilité des déchets, principe d’amélioration continue

La certification ISO 14 001, que Valor’Aisne a obtenue en mai 2010, atteste tout d’abord de la qualité environnementale du site. Un réseau de piézomètres permet de contrôler régulièrement que les eaux profondes de la nappe phréatique ne sont pas polluées. La certification valide également le sérieux des procédures existantes. Stéphane Burle, chargé de mission du centre de stockage, donne l’exemple des certificats d’acceptation préalable. "Ces certificats permettent d’assurer la traçabilité des déchets : nous savons qui en est le producteur, le jour et l’heure d’entrée sur le site. En cas de pollution nous pouvons facilement remonter à la source". De la même manière, tous les aspects environnementaux significatifs (AES) font l’objet d’une analyse précise, basée sur l’arrêté préfectoral qui fixe les normes auxquelles doit se conformer le site. "La certification ISO 14 001 repose sur le principe d’amélioration continue de la performance environnementale par la maîtrise des impacts, précise André Rigaud. Il faudra constamment vérifier que nos procédures et notre management environnemental sont bien adaptés".

Valor’Aisne envisage d’aller encore plus loin en intégrant à la certification le transfert de déchets recyclables, qui pour l’instant n’en fait pas partie, et, pourquoi pas, en obtenant d’autres certifications de type qualité et sécurité.

Luc Blanchard, pour la rubrique Expériences du site www.mairieconseils.net