Un exemple de jardins partagés à Brest

La ville de Brest, 150.000 habitants, est constituée de sept quartiers avec chacun leur maire adjoint et leurs services municipaux. Lorsqu'un groupe d'habitants décide de créer un jardin partagé il s’adresse naturellement à la mairie de quartier. Le maire adjoint et le service Espaces verts étudient la demande, s'assurent que le terrain proposé convient à un jardin, que le projet est d'utilité publique, que les porteurs du projet sont suffisamment structurés...
Jacques Quillien, maire adjoint du quartier des Quatre Moulins, raconte : "Ce sont des parents d'élèves qui sont à l'origine du jardin créé l'été dernier à Recouvrance. Ils étaient prêts à se constituer en association et avaient bien pour objectif de renforcer les liens entres les habitants du quartier, seul le lieu ne collait pas. En y réfléchissant ensemble, nous avons imaginé d'utiliser une partie d'un jardin public, ce qui ne c'était jamais fait à Brest. Nous ne l'avons pas regretté."

Un projet qui bénéficie d’un accompagnement solide

Yannick, en breton, veut dire "petit Jean", au pluriel cela peut également signifier "petits gens", c'est le nom qu'ont donné à leur association les créateurs du jardin partagé de Recouvrance aux Quatre Moulins. Leur volonté était de promouvoir la mixité sociale en accueillant des personnes en voie d'exclusion sociale, chômeurs ou précaires. Avec l'appui de l'association "Vert le jardin", qui fédère les jardins partagés de la ville, ils ont élaboré un règlement intérieur. Ce dernier définit les obligations communes à tous les jardiniers : par exemple, ne pas clôturer les parcelles, ne pas avoir recours aux produits phytosanitaires, utiliser les composteurs... Avec le service Espace verts, les porteurs du projet ont déterminé les travaux à effectuer pour préparer une trentaine de petites parcelles. La terre a été retournée, un point d'eau mis en service et l'aventure a commencée. Yves Gueguen, technicien à la direction des Espaces verts, insiste sur le fait qu'il faut privilégier les petites surfaces : "Nous nous sommes mis d'accord avec les habitants pour qu'ils investissent des parcelles de deux mètres par deux mètres, et éviter ainsi qu’ils passent leur temps à se battre contre les mauvaises herbes. C'est la condition pour que le jardinage reste un loisir."

Des surfaces réservées lors des opérations d’urbanisme

"Il ne sert à rien d’anticiper la demande. Le jardinage est un très bon moyen de resserrer les liens entre les habitants d'un quartier, à condition que l'initiative leur soit laissée." Jacques Quillien et Yves Gueguen sont affirmatifs sur ce point. Si depuis 15 ans les jardins partagés n'ont cessé de se développer, (Brest en compte aujourd'hui une vingtaine), c'est parce que la ville a accompagné les habitants, à leur rythme, en douceur. Reste que, pour répondre aux demandes, il faut disposer de foncier. Aussi quand de nouvelles opérations d'urbanisme sont programmées, des surfaces sont réservées pour l'implantation de futurs jardins partagés. Ces espaces sont engazonnés, en attendant qu'un groupe d'habitants élabore un projet et formule une demande précise. "Le risque n'est pas bien grand, explique le maire-adjoint. Si l'association venait à disparaître et que les habitants se désintéressent du jardin, il serait facile de replanter du gazon. Depuis 15 ans, cela n'est jamais arrivé, j'y vois la preuve de la pertinence du projet social porté par ces jardins."

Luc Blanchard, pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info