Un guide de sobriété énergétique des écoles en préparation

Le ministère de l'Éducation nationale a soumis aux associations d'élus locaux un projet de guide de sobriété énergétique des établissements scolaires. Au programme : des recommandations pour réduire les factures de chauffage, d'électricité et d'eau. Avec des objectifs chiffrés à la clé.

Alors que la crise énergétique met de plus en plus en difficulté les établissements scolaires – en témoigne l'exemple récent d'Avignon, où la section Segpa d'un collège devait être fermée durant tout l'hiver –, des solutions sont actuellement à l'étude. Depuis environ un mois, un projet de "guide de sobriété énergétique des écoles et établissements scolaires" circule chez les acteurs de l'éducation.

Après avoir précisé en préambule que les 52.000 écoles, les 7.000 collèges et les 4.000 lycées publics de France "présentent, par leur nombre, un enjeu fort de consommation énergétique", ce texte, élaboré par le ministère de l'Éducation nationale, met en avant "les actions pouvant être conduites à court terme ne nécessitant pas d’investissement financier ou présentant un temps de retour sur investissement très faible".

Centraliser les contrats

En matière de chauffage, le texte rappelle que le code de l'énergie limite la température de chauffage dans les locaux d’enseignement à 19°C en moyenne en période d’occupation, 16°C en moyenne le week-end et 8°C en moyenne pendant les vacances scolaires. Surtout, il précise qu'une température intérieure de 19°C plutôt que de 20°C conduit à une diminution de la consommation énergétique de 10% pour une température extérieure de 10°C. Il pointe aussi "certaines collectivités territoriales [qui] retiennent une température de chauffage de 18°C en période d’occupation pour leurs écoles ou établissements scolaires".

Parmi les autres pistes, le guide évoque "la centralisation des contrats de fluides (électricité, gaz, chaleur urbaine, etc.) entre plusieurs établissements voire entre plusieurs collectivités d’un même territoire", mais aussi la "forte incitation" que constitueraient pour l'exploitant "un intéressement économique à la réduction des consommations" ou, a contrario, "des pénalités dans les contrats lorsque les objectifs ne sont pas atteints".

On note encore que pour le ministère de l'Éducation nationale, l'élaboration des emplois du temps fait partie des leviers à actionner : "Il est conseillé de rechercher, dans la mesure du possible, la plage d’occupation des locaux la plus réduite possible." Selon le guide, le cumul de ces mesures, couplées à certains aménagements techniques, "permet de réduire la consommation énergétique du chauffage de 20 à 30%".

Prévoir des scénarios d’éclairage

En matière d'éclairage, les économies peuvent aller plus loin encore et atteindre 40 à 80% de réduction de la consommation. Par quels moyens ? Le guide insiste particulièrement sur le remplacement des lampes traditionnelles par des diodes électroluminescentes (LED) "dont l’efficacité énergétique est dix à vingt fois supérieure et la durée de vie vingt à cinquante fois plus longue que celles des lampes à incandescence ou halogène". Les systèmes de détection de présence, d’allumage automatique ou sur horloge, qui permettent de prévoir des scénarios d’éclairage en fonction des occupations des locaux, sont également recommandés, tout comme les systèmes permettant d’adapter le niveau d’éclairement de la pièce en fonction des apports de lumière naturelle.

Les économies possibles à travers une meilleure utilisation des appareils numériques et électriques sont également citées dans le projet de guide. Partant du constat que les appareils électriques en veille sont à l’origine de 10 à 15% de la consommation d’électricité, il est tout d'abord "fortement recommandé"  d’éteindre les équipements numériques (ordinateurs, téléphones portables, écrans, affichage numérique, etc.) lorsqu’ils ne sont pas utilisés, tout comme il est demandé de privilégier les programmes économiques des appareils de lavage. Enfin, en cas de renouvellement d’appareils électriques, il est conseillé de retenir ceux présentant la meilleure étiquette énergétique (classe A).

Impliquer la collectivité

Pour ce qui relève de la consommation d'eau, les recommandations vont de l’équipement des robinets en réducteurs de débit ou en mousseurs, jusqu'au lavage des mains à l'eau froide, "tout aussi efficace pour éliminer les microbes dès lors que du savon est utilisé", en passant par la régulation des ballons d’eau chaude.

Le dernier point abordé par le guide vise la sensibilisation et l'information des usagers. Il est souhaité que chaque école connaisse et communique sa consommation énergétique annuelle détaillée. Mieux : le document incite les établissements à viser "[…] a minima, une réduction de 10 à 15% par la mobilisation des usagers". Il ajoute même que cet objectif "peut être beaucoup plus important lorsque des actions de maintenance voire des travaux d’amélioration de l’enveloppe sont envisagés par la collectivité territoriale (de l’ordre  de 40 à 50 % voire au-delà)".

Contacté par Localtis, le ministère de l'Éducation nationale a confirmé qu'il s'agissait "d’une version de travail qui fait actuellement l’objet d’une relecture par les associations d’élus locaux." La finalisation et la publication de ce guide est prévue dans les semaines à venir.