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Interview - Urbact : passer des bonnes pratiques aux actions concrètes

Emmanuel Moulin vient d'être nommé à la tête du secrétariat d'Urbact. Pour lui, ce programme d'échanges entre villes européennes a fait ses preuves et devrait être reconduit après 2014.

Le programme Urbact est un projet d’échanges de bonnes pratiques entre les villes. Que faut-il entendre par là ?

Nous organisons des échanges entre huit et douze villes sur un thème donné du développement durable urbain. Nos cibles sont les praticiens des villes européennes, qui travaillent en réseau pendant trois ans. Grâce à Urbact, l'échange se fait au niveau transnational. Les résultats, transposés dans un plan d'action local, sont ensuite mis en oeuvre par un groupe de soutien dans chaque ville. Nous veillons à ce que l'approche poursuivie par les villes soit transversale. Une problématique économique, par exemple, ne peut pas être dissociée des aspects sociaux et environnementaux.

Qui définit les thèmes des échanges ?

Le champ des thèmes est assez large. Les prochains thèmes s’articuleront autour des trois piliers de la stratégie européenne pour 2020, c'est-à-dire l'innovation, la durabilité et l'inclusion sociale. Mais ce sont les villes qui définissent les sujets exacts des projets qu'elles soumettent à Urbact dans le cadre des appels d'offres.

Qui participe au programme ?

Les cibles principales sont les praticiens des villes, c'est-à-dire les services municipaux, les élus, les agences appartenant aux collectivités territoriales, etc. Dans la mise en oeuvre des programmes, d'autres partenaires, tels que des associations et des entreprises, peuvent être associés.

Les villes françaises sont-elles impliquées ?

Aujourd'hui, une vingtaine de villes françaises participent aux réseaux Urbact. Et suite au prochain d'appel d'offres, la liste deviendra encore plus longue. Sur les neufs réseaux actifs en Europe à l'heure actuelle, trois sont dirigés par une ville française. Un exemple est le réseau Cash sur la consommation d'énergie dans les logements sociaux, projet dirigé par la ville d'Echirolles [Isère]. Dans ses propositions d’octobre 2011 pour la politique de cohésion après 2014, la Commission propose d'instaurer une plateforme pour encourager les échanges entre les villes.

Ne ferait-elle pas doublon avec Urbact ?

Pour moi, les deux instruments sont complémentaires. Et la Commission européenne le dit également. La plateforme urbaine est axée sur la visibilité et un dialogue plus politique. Le programme Urbact est de caractère plus technique et focalisé sur l'échange d'expériences. Le discours du commissaire chargé de la politique régionale, Johannes Hahn, diffusé au dernier forum urbain européen en février 2012 a par ailleurs souligné l'importance d'Urbact.

Quels éléments faut-il retenir d'Urbact pour le prochain programme qui sera lancé après 2014 ?

L'élément le plus important est la "méthode Urbact", qui consiste à organiser un échange d'expériences transnational sur un thème donné du développement durable dans les villes, suivi par une mise en oeuvre au niveau local. Nous permettons par ailleurs un échange à travers des rencontres régulières. Il ne s'agit ni de rencontres virtuelles ni d'un échange limité à des documents. L'approche transversale du développement urbain et la participation de la population et des partenaires dans la mise en oeuvre sont également très importantes.

Que faut-il améliorer ?

Nous devons avoir la certitude qu'à partir des acquis issus des échanges, il y ait une réelle mise en oeuvre des projets de qualité dans les différentes villes. Malgré les acquis importants, Urbact pourra aller au-delà de ce qui a été fait jusqu'à présent.

Vous avez une riche expérience professionnelle en Allemagne. Que pouvons-nous apprendre des villes d'outre-Rhin ?

En France, il y a en moyenne vingt communes dans l'espace d'une agglomération, quand il y en a une seule en Allemagne. Par conséquent, les compétences d'urbanisme y sont exercées à une échelle plus pertinente qu'en France. C'est pourquoi les Allemands ont peut-être plus de facilité à mettre en oeuvre les politiques urbaines pour le développement durable. Quant aux enjeux environnementaux, ils disposent d'expériences plus anciennes dont nous pouvons bénéficier.

 

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