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Transports - Voies navigables de France au milieu du gué

D'établissement public à caractère industriel et commercial (Epic), Voies navigables de France (VNF) deviendra l'an prochain un établissement public administratif de l'Etat (EPA). Ce regroupement qui lui donnera plus de poids le conduit à affiner ses missions.

Le 1er février, la commission du développement durable de l'Assemblée nationale a auditionné Alain Gest, président du conseil d'administration de VNF et député de la Somme. Cet opérateur, qui est l'un des rares à avoir bénéficié l'an dernier d'une augmentation de l'aide de l'Etat, perçoit une taxe hydraulique en hausse et des crédits de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf). "Grâce aux moyens renforcés qui nous sont alloués, on va sécuriser et remettre à niveau le réseau existant", garantit Alain Gest. D'ici à 2013, VNF investira 840 millions d'euros dans le réseau. C'est en tout cas ce à quoi l'engage le contrat d'objectifs et de performance 2011-2013 qu'il a signé avec l'Etat, le 17 janvier dernier. "Hormis le développement du fret sur le réseau à grand gabarit et le suivi de grands chantiers, par exemple celui du canal Seine-Nord Europe, qui en est pour l'heure au stade du dialogue compétitif, on développe aussi des missions dépassant le cadre de la navigation", explique Alain Gest.
Dans la gestion hydraulique, l'établissement innove en travaillant par exemple avec la communauté urbaine de Lille sur la possibilité de fournir une alimentation en eau. Dans certains départements, il joue un rôle non négligeable en matière de régulation des risques d'inondation. "On ne gère pas que des écluses et des bateaux, mais aussi des barrages qui sont de mieux en mieux intégrés dans le paysage", ajoute Alain Gest. Le but est en effet d'exploiter davantage le potentiel hydroélectrique de son patrimoine de voies d'eau. Un autre secteur sur lequel VNF mise, en prise directe avec les collectivités territoriales, est l'économie touristique. En autorisant par ailleurs l'établissement à créer des filiales, la loi du 24 janvier dernier réformant son statut est venue formaliser un axe d'action déjà exploré par VNF, qui a créé deux filiales mais dans un cadre dérogatoire. L'une d'elles, Rhône Saône Développement, est par exemple intervenue sur le chantier de valorisation foncière d'un port lyonnais.
Il n'en reste pas moins que la loi ayant statué sur le fait que l'Etat conservait la pleine propriété du domaine public fluvial, l'établissement n'a pas les mains libres pour l'aménager comme il l'entend. "Quand l'agence France Domaine intervient, cela tend à alourdir un peu les procédures. Mais on a tout de même d'importants projets d'aménagements fonciers en cours, une dizaine, dont deux à Valenciennes (Nord) et Saint-Dizier (Haute-Marne)." Enfin, il reste à régler le problème lié aux 42.000 platanes à abattre le long du canal du Midi. Le coût de l'opération est estimé à 200 millions d'euros sur dix ans. "VNF ne dispose pas d'une telle somme et ce n'est pas aux collectivités de financer l'ensemble. L'objectif est de faire appel au mécénat pour compléter la participation de l'Etat et des collectivités", conclut Alain Gest.