Accueils de loisirs : une fréquentation en hausse, mais des inégalités territoriales persistantes
Les accueils scolaire et périscolaire ont désormais une place dans le quotidien des familles. D'après le cinquième baromètre de la Cnaf, 9 enfants sur 10 fréquentent un accueil périscolaire, et 4 sur 10 un centre de loisirs. Si la satisfaction des parents reste élevée, le coût, l'information et les disparités d'accès selon les territoires demeurent des sujets de préoccupation.
© @Mairie9Paris
Les 32.000 accueils de loisirs soutenus par les caisses d'allocations familiales accueillent chaque année des millions d'enfants de 3 à 10 ans, avant ou après la classe, le mercredi ou durant les vacances scolaires. Ces structures, financées via la branche famille, jouent un rôle central dans la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, tout en participant au développement de l'enfant.
Le cinquième baromètre des temps péri et extrascolaires publié par la Cnaf en novembre 2025, à partir d'une enquête menée auprès de plus de 9.000 parents, confirme la place désormais indispensable de ces dispositifs dans le quotidien des familles.
Neuf enfants sur dix accueillis en périscolaire
En 2023-2024, 89% des enfants scolarisés en maternelle ou en élémentaire ont fréquenté régulièrement un accueil périscolaire, soit le matin, le midi ou le soir — une part en hausse depuis 2019.
La pause méridienne concentre la plus forte fréquentation (86% des enfants), suivie de l'accueil du soir (54%) et du matin (32%). Ces chiffres traduisent l'importance de la restauration et du temps d'accompagnement le midi dans les politiques éducatives locales.
Le recours est fortement corrélé à l'activité des parents : 95% des familles bi-actives ou monoparentales travaillant y ont recours, contre deux tiers parmi celles sans emploi.
Cap sur le centre de loisirs le mercredi et pendant les vacances
Les centres de loisirs connaissent eux aussi une fréquentation soutenue : 41% des enfants de 3 à 10 ans y vont régulièrement, et 26% de manière quasi systématique.
Les taux atteignent 23% pour le mercredi matin, 26% pour l'après-midi, 28% pendant les petites vacances et 22% lors des grandes vacances d'été.
Le recours culmine vers 5-6 ans, avant de diminuer progressivement à mesure que les enfants grandissent. Ici encore, la situation professionnelle des parents demeure déterminante : près d'un enfant sur deux fréquente un centre de loisirs dans les familles où les adultes travaillent, contre un sur cinq lorsque les parents sont sans emploi.
Des familles globalement satisfaites
Le coût reste "l'un des premiers motifs de non-recours"
Près de trois quarts des parents se déclarent satisfaits des services d'accueil proposés, que ce soit pour les activités, les horaires ou la qualité de l'encadrement. Le taux de satisfaction atteint 74% pour le périscolaire et 78% pour les centres de loisirs.
Mais des points de vigilance subsistent : 38% des parents jugent l'information insuffisante sur l'organisation du périscolaire, et 31 à 41% se disent peu satisfaits des tarifs, selon le type d'accueil. "Les accueils de loisirs sont perçus comme des services essentiels, mais les familles expriment une attente forte en matière d'accessibilité financière", souligne la Cnaf, qui rappelle que le coût reste "l'un des premiers motifs de non-recours".
De fortes disparités selon les territoires
Si neuf parents sur dix déclarent l'existence d'une offre d'accueil dans leur territoire, cette proportion chute dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et dans les départements et régions d'outre-mer (Drom).
Ainsi, seuls 56% des parents ultramarins et 78% des habitants de QPV mentionnent un centre de loisirs le mercredi, contre 86% en moyenne nationale.
Les écarts se retrouvent aussi dans la connaissance même des dispositifs : la réponse "ne sait pas" atteint 23% dans les Drom et 14% en QPV, signe d'une moindre lisibilité de l'offre.
En milieu rural, l'offre existe et reste souvent la seule disponible. Les centres de loisirs y jouent un rôle "central", selon la Cnaf, en raison du manque d'activités alternatives. Toutefois, le coût constitue plus fréquemment un frein : 47% des parents en territoire rural autonome évoquent le prix comme motif de non-recours, contre 35% en milieu urbain.
À l'inverse, dans les grandes villes, la question se pose plutôt en termes d'accès : 43% des parents doutent de pouvoir obtenir une place pendant les vacances, et leur niveau de satisfaction est inférieur à la moyenne (70% pour le périscolaire, 71% pour les centres de loisirs).
Des politiques locales à conforter
Ces constats alimentent les réflexions en cours autour de la convention d'objectifs et de gestion (COG) 2023-2027 de la branche famille, qui consacre 310 millions d'euros supplémentaires par an au développement des politiques d'accueil.
La Cnaf rappelle les mesures déjà engagées : revalorisation des subventions de fonctionnement, fonds d'investissement dédié, soutien au Bafa, financement intégral de la pause méridienne et mise en œuvre d'un bonus inclusion pour les enfants en situation de handicap.
Ces leviers, en partenariat avec les collectivités territoriales, doivent permettre de réduire les inégalités d'accès et de renforcer la qualité des temps périscolaires, dans un contexte où la demande parentale reste forte et stable.
Place centrale des communes et intercommunalités
Le baromètre 2024 réaffirme la place centrale des communes et intercommunalités dans la gestion de ces accueils, souvent portés par des projets éducatifs territoriaux (PEDT). Pour les élus locaux, la consolidation de cette offre représente un enjeu de cohésion sociale et d'égalité des chances, mais aussi un levier d'attractivité résidentielle pour les familles.
Encore plus dans un contexte de tension sur les finances locales et de difficultés de recrutement d'animateurs, la Cnaf entend poursuivre le dialogue avec les collectivités afin de maintenir un niveau d'offres adaptées aux besoins des parents comme aux réalités des territoires.
Pour la première fois, un focus territorial
Lancée en 2014, l'enquête de la Cnaf sur les temps périscolaires et extrascolaires s'impose désormais comme un outil de suivi régulier des politiques d'accueil. Sa cinquième édition, réalisée par l'institut TMO entre mai et juillet 2024, combine recueil en ligne et entretiens téléphoniques auprès de 9.058 parents — dont 87% de mères — issus d'un échantillon de 60.000 foyers allocataires. Pour la première fois, elle introduit un focus territorial sur les différences d'offres entre milieux urbains, ruraux, QPV et outre-mer, illustrant la diversité des réalités locales auxquelles les collectivités doivent répondre.