Après la nomination de Gabriel Attal, les élus locaux espèrent poursuivre le dialogue avec Matignon

La passation de pouvoir s'est déroulée ce mardi 9 janvier après-midi à Matignon entre Elisabeth Borne et Gabriel Attal. Celui-ci prévoit de réunir dès cette semaine les "forces vives du pays", au rang desquelles il a mentionné les élus locaux. Les associations d'élus locaux ont d'ailleurs très vite communiqué pour dire l'importance du dialogue engagé avec Elisabeth Borne et leur souhait de rencontrer rapidement le nouveau Premier ministre, dont le gouvernement devrait être formé dans les jours qui viennent.

Tous deux auront veillé à mentionner les élus locaux. La première pour remercier ces élus "qui s'engagent au quotidien pour nos concitoyens", le second pour assurer vouloir travailler avec ces mêmes élus "garants de notre République". C'était ce mardi 9 janvier après-midi au pied du perron de Matignon, lors de la passation de pouvoir entre Elisabeth Borne, dont la démission avait été prononcée la veille, et Gabriel Attal, dont la nomination venait d'être officialisée par un communiqué de L'Elysée.

Outre les élus locaux, le nouveau Premier ministre a évoqué les parlementaires et les partenaires sociaux et indiqué qu'il réunira "ces forces vives du pays dès cette semaine pour enclencher ensemble une nouvelle étape". On devrait vite savoir si les associations d'élus locaux seront effectivement invitées à ce tout premier rendez-vous.

Quelle nouvelle étape ? Les termes sont pour le moment un peu abstraits. Ceux d'Emmanuel Macron ce jour sur X (Twitter) : "Mettre en œuvre le projet de réarmement et de régénération que j’ai annoncé", en référence à son discours de vœux. Gabriel Attal s'est pour sa part donné pour double objectif, d'une part de "garder le contrôle de notre destin" (citant à ce titre les enjeux de solidarité, d'"autorité", de "services publics" à commencer par l'éducation et la santé, d'immigration), d'autre part de "libérer le potentiel français" (avec trois axes : "priorité au travail", "libérer l'économie" notamment grâce au chantier de simplification, et "jeunesse"). Quant à sa "méthode", il la résume ainsi : "des diagnostics clairs, des actions fortes, sans tabou".

Se présentant lui-même comme "le plus jeune Premier ministre de l'Histoire" aux côtés du plus jeune président de la République, Gabriel Attal voit dans sa nomination un "symbole de l'audace et du mouvement" et un symbole "de la confiance accordée à la jeunesse". Après seulement cinq mois passés au ministère de l'Education nationale – donc sans rentrée scolaire préparée par ses soins –, il entend faire de l'école "une de [ses] priorités absolues" : "J'emmène l'école avec moi, l'école est la mère de nos batailles", déclare-t-il, à l'heure où l'on ne connaît pas encore le nom de son successeur rue de Grenelle. La composition du gouvernement, qui comprendra certainement d'autres entrants – et au moins autant de sortants –, devrait être connue d'ici la fin de la semaine. Sur le terrain de l'éducation, le nouveau locataire de Matignon revendique ainsi "une forme de continuité", avec pour exemples les dossiers laïcité, "choc des savoirs" et lutte contre le harcèlement.

Un premier déplacement dans le Pas-de-Calais

Gabriel Attal a par ailleurs dit vouloir accorder une attention particulière aux "classes moyennes", qui seraient "le cœur battant de notre pays", qui "peuplent notre territoire", "se lèvent tous les matins pour aller travailler", "que l'on n'entend pas souvent" et qui "par leur travail financent nos services publics"…

Avant lui, Elisabeth Borne avait pris la parole pour revenir brièvement sur ses presque sept années au gouvernement, dont 20 mois à Matignon, où elle estime avoir mené des réformes "nécessaires, y compris les plus difficiles", avec "plus de 50 textes" législatifs. Saluant le travail des parlementaires, elle a indiqué qu'elle redeviendra "bientôt l'un d'entre eux, en tant que députée du Calvados".

Dans la foulée de la passation de pouvoir, d'emblée un premier déplacement pour Gabriel Attal. Ce fut à Clairmarais, dans le Pas-de-Calais frappé par les inondations (initialement, Elisabeth Borne aurait dû s'y rendre ce mardi). "Personne ne va vous oublier", a-t-il assuré à des sinistrés. "Vous êtes l'incarnation de cette France qui travaille, laborieuse, qui se lève tôt le matin", a-t-il assuré à une commerçante qui lui confiait son désarroi et son découragement face aux dégâts. "On est avec vous et je vais suivre évidemment tout ça de très près", a-t-il insisté. "A situation exceptionnelle, moyens exceptionnels", a-t-il ajouté.  "C'est plein de sens qu'il décide de venir ici dans le Pas-de-Calais pour sa première sortie, un territoire qui a été particulièrement sinistré", a commenté le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qui l'accompagnait.

Entré par la petite porte dans l'exécutif au secrétariat à la Jeunesse, Gabriel Attal aura été tour à tour porte-parole du gouvernement, ministre du Budget puis, donc, de l'Education nationale à l'occasion du remaniement de juillet dernier. Parisien initialement issu du courant strauss-kahnien du Parti socialiste, il est passé entre 2012 et 2017 par le cabinet de la ministre de la Santé de François Hollande, Marisol Touraine, aux côtés de Benjamin Griveaux. Parallèlement, il a été élu en 2014 conseiller municipal d'opposition de Vanves dans les Hauts-de-Seine. Voilà pour l'expérience locale. Ceci avant de faire partie de la vague des nouveaux députés En Marche consécutive à l'élection d'Emmanuel Macron en 2017. Toujours dans les Hauts-de-Seine.

Les associations d'élus attendent un "travail constructif"

Le nouveau Premier ministre est évidemment attendu au tournant par les oppositions, qui comptent sur une déclaration de politique générale suivie d'un vote de confiance du Parlement.

Côté élus locaux aussi, certaines attentes ont été exprimées dès mardi. Première à communiquer, Intercommunalités de France espère ainsi "échanger rapidement" avec Gabriel Attal, rappelant l'"action essentielle" de l'échelon intercommunal "pour le développement économique, la transition écologique et la cohésion sociale, au cœur de leurs compétences". Mais l'association a aussi tenu à se féliciter de "l’esprit de travail constructif" qui a prévalu dans le dialogue avec Elisabeth Borne, estimant que "sa connaissance des collectivités territoriales et sa vision de l’intercommunalité auront permis d’avancer sur de nombreux chantiers depuis 2022".

Le président de l'Association des maires de France (AMF), David Lisnard, l'a lui aussi fait savoir sur X : "Je l’ai dit quand elle était en fonction, je le répète au moment où elle quitte Matignon. Je tiens à saluer le soin constant apporté par Elisabeth Borne à dialoguer avec les associations d’élus, notamment l'AMF. D’accord ou pas, nous travaillions en confiance. C’est précieux." Même son de cloche du côté des villes moyennes représentées par Villes de France, qui dit avoir "apprécié le dialogue constant qu’Elisabeth Borne a su entretenir avec les représentants des collectivités". Et qui se pose aujourd'hui en un "partenaire exigeant mais constructif ainsi que volontaire et vigilant pour travailler avec le gouvernement", notamment sur les sujets liés à "la revitalisation des centres-villes ou la transition énergétique en passant par la sécurité et les enjeux budgétaires".

L’Association des maires ruraux de France (AMRF) entend également solliciter un entretien rapidement. Ce, "pour porter l'exigence des ruraux, afin de libérer l’énergie des territoires ruraux". Et demande "le maintien d’un ministère en charge de la ruralité, affecté spécifiquement à cette seule tâche en particulier pour accélérer la mise en œuvre du Plan France Ruralités".

A peu près comme à chaque remaniement, on a pas mal évoqué l'idée d'un gouvernement resserré. Mais on sait aussi que l'absence de tel ou tel ministère ou secrétariat d'Etat est toujours critiquée. On se souvient par exemple que le premier gouvernement Borne ne comptait pas de portefeuille dédié au logement, ce qui avait suscité l'incompréhension des acteurs du secteur. Le monde des collectivités sera évidemment surtout attentif au devenir du pôle aujourd'hui constitué autour de Christophe Béchu avec ses trois ministres délégués, dont Dominique Faure aux Collectivités et à la Ruralité, et ses deux secrétaires d'Etat.

 

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