La Nouvelle-Aquitaine lance son "campus des métiers de la mer"
Avec son campus régional des métiers de la mer, dont la création a été officialisée le 3 novembre 2025, en amont de la 20e édition des Assises de l'économie de la mer qui se sont déroulées les 4 et 5 novembre à La Rochelle, la région Nouvelle-Aquitaine compte "maritimiser" les formations générales pour répondre aux besoins des acteurs économiques de la filière. Une filière qui pèse lourd pour le territoire : 65.000 emplois directs et plus de 12 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
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"L'un des grands enjeux pour la filière, c'est la formation." Le 3 novembre 2025 - juste avant la 20e édition des Assises de l'économie de la mer qui se sont tenues à La Rochelle les 4 et 5 novembre -, la région Nouvelle-Aquitaine a officialisé la création de son campus régional des métiers de la mer.
Les filières de la mer (naval et nautique, commerce de la glisse, vente, location et services de plaisance, ports de plaisance et mouillages) sont plus qu'importantes dans la région qui compte 970 km de linéaire côtier. Le secteur représente 65.000 emplois directs, dont la moitié pour le tourisme littoral, et plus de 12 milliards d'euros de chiffre d'affaires (pour le détail, voir notre encadré ci-dessous), "c'est bien plus que l'aéronautique", précise à Localtis Rémi Justinien. Le vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine, en charge de l'économie de la mer, du tourisme et de l'économie territoriale indique que "le campus permettra de modifier la carte des formations et de 'maritimiser' les formations générales" pour mieux répondre aux besoins des acteurs qui souffrent comme d'autres de difficultés de recrutement à tous les niveaux et qui doivent faire face au renouvellement générationnel des salariés et dirigeants des entreprises. Un enjeu important quand on sait que ces emplois, de niveaux très variés, irriguent l'ensemble du territoire, et pas seulement le bord de mer. "Cela va de l'ostréiculteur à l'ingénieur dans un laboratoire universitaire à Bordeaux ou La Rochelle, détaille le vice-président, avec des emplois qui peuvent se situer dans le Limousin également".
Structurer une offre de formation d'excellence
Le campus, dont la présidente, Fabienne Baron, a été nommée, tout comme le bureau, repose sur trois structures : le lycée de la Mer de Gujan-Mestras (Gironde) pour la commission Industries navales et nautiques, ports de plaisance et services associés, le lycée de la Mer et du littoral de La Rochelle (Charente-Maritime) pour la commission Energies marines renouvelables et ports de commerce, et le lycée maritime de Ciboure (Pays basque) pour la commission Ports de pêche, pêche et aquaculture. Le tout couvrant l'ensemble des filières maritimes. Le lycée de la Mer et du littoral à Bourcefranc-le-Chapus sera aussi concerné (il devrait notamment accueillir le conseil environnemental du campus dédié à expertiser les idées du campus, impulser des projets et proposer des contenus de formation). Le campus associe aussi plusieurs partenaires scientifiques et environnementaux, l'objectif étant de structurer une offre de formation d'excellence répondant aux transitions écologique, énergétique et technologique du secteur maritime, avec des premières formations proposées dès septembre 2026.
Redonner de la visibilité aux industriels
Autre enjeu pour la filière : gagner en visibilité, concernant notamment la programmation pluriannuelle de l'énergie, pour le moment à l'arrêt face à l'instabilité politique. Une programmation dont dépendent des projets d'envergure tels que le projet éolien offshore au large d'Oléron. Si, lors de sa venue aux assises, Emmanuel Macron s'est voulu rassurant, défendant sa stratégie énergétique du "en même temps", avec le développement du nucléaire et des énergies renouvelables, il a renvoyé la décision dans les mains du gouvernement. "Il est essentiel de redonner très vite, j'attends cela du gouvernement, de la visibilité aux industriels sur les volumes et les calendriers avec la programmation pluriannuelle de l'énergie", a-t-il insisté.
Même chose pour les appels d'offres infructueux pour le parc éolien en mer*. "Le gouvernement est en train d'y travailler pour remettre la copie sur la table", a indiqué le président de la République, regrettant le retard pris mais reléguant le problème là aussi aux ministres actuels. "On sait que Roland Lescure, le ministre de l'Economie, regarde ça de près, c'est tout en haut de sa pile, mais il faut y aller maintenant, explique Rémi Justinien, car les projets se développent dans un temps long, entre six et sept ans !" Long mais payant : "Si le projet d'éolien en mer aboutit, c'est 1.700 créations nettes d'emplois et cela jusqu'en 2050", souligne le vice-président.
Lancer un nouvel appel d'offres pour les projets offshore
Dans un courrier du 29 octobre, transmis à l'Elysée, le président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, et le président du cluster Aquitaine Blue Energies dédié aux énergies marines renouvelables, François-Georges Kuhn, demandent le lancement d'un nouvel appel d'offres pour les projets d'Oléron 1 et 2, afin de limiter l'effet néfaste du "stop and go" de la transition énergétique sur l'industrie et de garantir les objectifs de la France en matière de production électrique décarbonée.
La filière souffre aussi d'une multiplication des dispositifs nationaux de soutien (près de 2.200) et d'une coordination Etat/collectivités parfois fragile. "Le développement économique relève des régions et des intercommunalités, insiste Rémi Justinien, mais l'Etat vient parfois semer le trouble".
Au-delà du nouveau campus et des aides transmises aux entreprises du secteur (plus de 30 millions d'euros par an), la région tente de fédérer les acteurs de la filière, qui représente plus de 20.000 entreprises, pour qu'ils continuent à se rencontrer et à travailler ensemble.
* Le 24 septembre 2025, l'Etat a annoncé l'absence de réponse des candidats à l'appel d'offres éolien offshore n°7, dit AO7 Oléron. Plus tôt, le site d'Oléron 2 avait déjà été retiré de l'AO9.
Les chiffres-clés de l'économie de la mer en Nouvelle-Aquitaine+ de 20.000 établissements + de 12 milliards d'euros de CA 65.000 emplois directs Industrie nautique et navale 918 établissements Industrie et commerce de la glisse 322 établissements 1.334 emplois directs Vente, location et services de plaisance 552 établissements 642 emplois directs Ports de plaisance et mouillages 49 établissements 175 emplois directs L'activité portuaire 11.325 emplois directs 18 000 000 tonnages 2023 Navires 2023 : 2.543 escales Foncier : 2.643 ha Linéaires de quai : 22 456 m linéaires Capacité de stockage : +de 293 ha |