Bâti scolaire, "tenue unique"... Emmanuel Macron occupe le terrain de l'école

Emmanuel Macron a continué mardi 5 septembre de décliner les annonces en matière d'éducation, son nouveau "domaine réservé", en rappelant les grandes lignes du plan "ÉduRénov", lors de son déplacement dans un collège d'Orthez dans les Pyrénées-Atlantiques. Il avait répondu la veille aux questions du youtubeur HugoDécrypte concernant la santé mentale des jeunes et s'était prononcé "pour une tenue unique" plutôt que l'uniforme, revenant sur l'interdiction de l'abaya. Il a aussi lancé l'idée de l'instauration d'un forfait train "avec toutes les régions qui sont prêtes à le faire". 

"Notre objectif, c'est dans les dix ans de pouvoir rénover 40.000-44.000" établissements scolaires et "d'accompagner les communes, les départements, les régions dans ce travail", a déclaré Emmanuel Macron lors de son déplacement dans un collège d'Orthez ce mardi 5 septembre 2023, rappelant les grandes lignes de son plan lancé en mai 2023. Baptisé "ÉduRénov", le programme de la Banque des Territoires doit permettre de financer 2 milliards d'euros de travaux d'ici 2027 dans 10.000 établissements (voir notre article du 10 mai 2023). "Cela doit reposer sur un projet pédagogique - le sport étant intégré dedans - et des critères écologiques pour améliorer la qualité de vie des enseignants et des élèves", a expliqué le président qui a largement évoqué le sport en milieu scolaire (voir notre article de ce jour) .  

L'enjeu est déjà perceptible, alors que 12 millions d'élèves viennent de reprendre les cours sous une vague de chaleur dans tout le pays. Pour atteindre la cible et "généraliser" cette rénovation énergétique, "on va prendre une série d'initiatives", a ajouté le chef de l'État. Le fonds vert créé en 2022 sera ainsi mis à contribution à hauteur de 500 millions d'euros en 2024. La Caisse des Dépôts est aussi mobilisée, avec 2 milliards d'euros de prêts promis d'ici à 2027 via la Banque des Territoires.

Des efforts à rapporter aux 40 milliards d'euros nécessaires pour rénover les quelque 49.000 écoles de France et baisser de 40% leur consommation d'énergie, selon le plan présenté en mai dernier par le gouvernement. "C'est une bonne chose de continuer à mettre l'accent sur cette thématique", mais "ce n'est pas assez, il y a besoin d'aller encore plus loin", a réagi Guillaume Perrin, coordinateur du programme Actee, qui rassemble les collectivités locales gestionnaires des bâtiments scolaires.

Plutôt pour une "tenue unique"

La veille, le président de la République Emmanuel Macron avait répondu pendant près de deux heures aux questions du Youtubeur HugoDécrypte (Hugo Travers) en direct sur YouTube et TikTok. Sur le port de l'uniforme à l'école, le chef de l'État s'est dit favorable à des "expérimentations" et une "évaluation", en se prononçant plutôt pour une "tenue unique", "beaucoup plus acceptable pour les adolescents". "Sans avoir un uniforme, on peut dire 'vous vous mettez en jeans, t-shirt et veste'", a fait valoir le président. La tenue unique "peut paraître un peu moins stricte d'un point de vue disciplinaire", tout en réglant le problème de la "laïcité" et "l'idée qu'on se fait de la décence", a-t-il souligné. Le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, a annoncé qu'il préciserait "à l'automne" les modalités d'une "expérimentation" dans des établissements "volontaires".

L'interdiction de l'abaya examinée par le Conseil d'État

Revenant à l'occasion de cet entretien sur l'interdiction de l'abaya dans les établissements scolaires, le président a déclaré : "On ne peut pas faire comme s'il n'y avait pas eu l'attaque terroriste et l'assassinat de Samuel Paty dans notre pays". Le ministre de l'Éducation nationale a indiqué le 5 septembre avoir décompté quelque 300 jeunes filles ayant bravé l'interdiction de l'abaya à l'école lors de la rentrée scolaire de lundi. Selon lui, "67 n'ont pas accepté" de la retirer et "sont rentrées chez elles". Dans les prochains jours, si elles ne se conforment pas à la règle, "il y aura un nouveau dialogue" car "elles doivent être scolarisées", a-t-il assuré.

Le Conseil d'État devait examiner ce 5 octobre cette interdiction. La haute juridiction administrative se penche sur le référé-liberté, une procédure d'urgence, déposée le vendredi 1er septembre, au nom de l'association Action Droits des Musulmans (ADM) qui veut obtenir la suspension de cette interdiction. La décision est attendue dans les 48 heures suivant la clôture de l'instruction.

Forfait train à l'allemande

Emmanuel Macron s'est aussi dit favorable à l'instauration d'un forfait de train du type de celui mis en place en Allemagne qui permet, pour 49 euros par mois, de circuler en illimité sur tout le réseau ferré. "J'ai demandé au ministre des Transports (Clément Beaune) de lancer avec toutes les régions qui sont prêtes à le faire le même dispositif", a-t-il déclaré. Il assure que si les régions, qui déterminent elles-mêmes le tarif des transports en commun, sont prêtes à mettre en place un tel dispositif, "on aura un service similaire en France dans les prochains mois", sans préciser son coût (sur ce volet transports, voir notre article de ce jour).

Enfin, alors qu’un jeune sur cinq souffre de troubles dépressifs en France, comme l’a souligné Hugo Travers dans sa première question, Emmanuel Macron a rappelé la mise en place du forfait psychologue dès l'âge de 3 ans et jusqu'à 17 ans, sur adressage du médecin traitant.