Bornes de recharge pour véhicules électriques : une forte concentration dans les zones d’activité économique et les communes touristiques
Avec un peu plus de 126.000 points de charge en mai 2025, le réseau de bornes de recharge de véhicules électriques accessibles au public a connu une hausse spectaculaire de 69 % en 14 mois, révèle une étude de l’Insee publiée ce 20 novembre. Cet essor est particulièrement marqué pour la charge ultra-rapide, avec près de 9.000 points supplémentaires. Ce sont sans surprise les zones urbaines qui concentrent le plus grand nombre de points de charge par habitant (21 points pour 10.000 habitants) alors que les zones rurales n’en ont que 16 pour 10.000 habitants. Le réseau est particulièrement concentré dans les zones dédiées à l’activité économique et les communes touristiques.
© Insee et Adobe stock. Source : Répertoire national des Infrastructures de recharge pour véhicules électriques, mai 2025.
En mai 2025, la France métropolitaine comptait 30.000 stations de recharge électrique accessibles au public regroupant un peu plus de 126.000 points de charge, dont un quart à vitesse de charge rapide ou ultra-rapide, selon une étude de l’Insee publiée ce 20 novembre qui souligne la forte expansion du réseau. Entre début avril 2024 et fin mai 2025, le nombre de stations a ainsi augmenté de 50 %, et celui des points de charge de 69 %. Le nombre de points de charge par habitant est plus élevé dans les zones urbaines (21 points pour 10.000 habitants), que dans les zones rurales (16 points).
Forte progression dans les grands centres urbains
Entre début avril 2024 et fin mai 2025, les grands centres urbains ont vu leur équipement progresser de 86%, avec 22. 000 nouveaux points de charge. La capacité des stations y est aussi la plus forte avec 5,3 points de charge en moyenne et le ratio points de charge pour 100 véhicules électriques le plus élevé, atteignant 24, contre 19 en moyenne dans l’ensemble des zones urbaines. "Près d’un tiers des ménages motorisés n’y disposent pas de stationnement privé, ce qui limite fortement la recharge à domicile, analyse l’Insee. En outre, dans l’habitat collectif, l’installation de bornes privées se heurte à des obstacles techniques ou juridiques."
En milieu rural, les stations présentent une plus petite capacité (3,3 points de charge en moyenne contre 4,2 en moyenne sur l’ensemble du territoire) et un ratio points de charge pour 100 véhicules nettement plus faible (10). "L’habitat individuel y facilite la recharge à domicile, de sorte que les infrastructures accessibles au public jouent surtout un rôle d’appoint, notamment pour les longs trajets ou les véhicules de passage", notent les auteurs de l’étude.
Les points de charge ultra-rapides (de 100 à 150 kW) ne comptent que pour un peu plus de 15% du parc total mais ont connu une très forte croissance en 14 mois (+89 %, soit près de 9.000 points supplémentaires). Près de 4.000 stations de charge équipées de bornes ultra-rapides sont recensées dans l’étude. Mais ces bornes ne sont pas adaptées à tous les véhicules, bon nombre d’entre eux ayant une puissance de charge limitée à 50 kW.
De plus en plus de points de charge dans les parkings publics
Dans les grands centres urbains, les points de charge lente, principalement implantés en voirie et dans les parkings publics, sont les plus nombreux. Dans ces zones, la part des points de charge situés dans les parkings publics a triplé entre début avril 2024 et fin mai 2025, passant de 7% à 21% du total. Les gares, notamment sont de plus en plus équipées, afin de permettre aux voyageurs de combiner plusieurs modes de transport - 21% d’entre elles disposent d’un point de charge à proximité, contre seulement 8% 14 mois auparavant.
Les territoires de densité intermédiaire – centres urbains intermédiaires, ceintures urbaines, petites villes – comptent davantage de points de charge rapide, de nombreux parkings privés à usage public, notamment ceux des supermarchés et des zones commerciales, y étant implantés, souligne l’étude. 45% des points de charge de ces territoires se trouvent sur ces parkings contre 36% au niveau national, ce type d’implantation favorisant l’installation de points de charge accélérée et rapide, mieux adaptés à des durées de stationnement plus courtes.
Dans les espaces ruraux, les points de charge lente sont très minoritaires (1 à 2% de l’ensemble). "Le maillage repose principalement sur deux configurations : d’une part, des bornes accélérées implantées notamment en voirie dans les communes dépourvues de parkings aménagés ; d’autre part, des bornes rapides et ultra-rapides concentrées dans des stations dédiées à la recharge des véhicules en transit", indique l’étude.
Zones dédiées à l'activité économique et communes touristiques, deux leviers de développement
Le maillage est particulièrement dense dans les zones dédiées à l’activité économique, qui rassemblent 32 % des points de charge accessibles au public alors qu’elles ne couvrent que 0,5% du territoire national, observe-t-elle. Mais ces zones accueillent aussi la moitié des salariés du secteur privé et connaissent une fréquentation élevée, rappellent les auteurs de l’étude. Le tourisme constitue l’autre levier du développement des bornes de recharge. Les communes touristiques disposent ainsi en moyenne de 12 fois plus de points de charge que les communes non touristiques et ce contraste est particulièrement marqué en zone rurale, où des communes touristiques concentrent une grande part des points de charge dans des territoires globalement peu dotés.
Les équipements les plus fréquemment situés à moins de 100 mètres d’un point de charge sont les hypermarchés (32 % d’entre eux) et les supermarchés (22 %), ainsi que les gares (22 %), qu’elles soient régionales ou nationales, détaille encore l’étude. Les stations-service intègrent progressivement des bornes de recharge pour véhicules électriques (20 % en disposent). Viennent ensuite les cinémas (20 %) et les hôtels (19 %), où la durée de stationnement est compatible avec une recharge significative.
Dans les grands centres urbains de plus de 200.000 habitants, on compte en moyenne 23 points de charge pour 100 véhicules électriques, et 2,1% du parc automobile particulier est électrifié. La densité de points de charge varie de 9 à Orléans à 40 à Grenoble. La métropole de l’Isère, tout comme Clermont-Ferrand, Toulon et Dijon, où la part de véhicules électriques est inférieure à 1,7%, affichent plus de 32 points de charge pour 100 véhicules électriques, un ratio nettement supérieur à la moyenne. À l’inverse, Cannes-Antibes et Marseille, où la diffusion des véhicules électriques est plus avancée (plus de 2,6% du parc automobile), disposent de moins de 15 points de charge pour 100 véhicules électriques. Mais "ces différences ne traduisent pas nécessairement un déséquilibre entre l’offre et la demande de points de charge", constate l’Insee.
Outre les niveaux d’équipement, les lieux d’implantation des bornes de recharge accessibles au public diffèrent. À Toulon, Marseille, Angers, Cannes-Antibes et Paris, plus de la moitié des points de charge sont implantés en voirie. "Ces choix s’inscrivent dans une logique de recharge de proximité, intégrée au stationnement urbain", souligne l’étude. À l’inverse, dans d’autres agglomérations comme Reims, Lille, Montpellier, Rennes, Orléans et Clermont-Ferrand, ce sont les parkings privés à usage public qui concentrent une majorité des points de charge, dans le cadre de partenariats avec des opérateurs commerciaux. Enfin, d’autres territoires comme Strasbourg ou Nantes se sont davantage orientés vers les parkings publics, en particulier les parkings-relais (P+R) en périphérie, afin de permettre aux automobilistes de laisser leur véhicule aux portes de la ville tout en le rechargeant pendant leurs trajets en transport en commun.