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Budget 2021: relance et engagements d'avant-crise vont faire s'envoler les dépenses

Bruno Le Maire a présenté ce 23 juillet devant les députés, dans le cadre du "débat d'orientation budgétaire", les grands axes du projet de loi de finances pour 2021. Le plan de relance de 100 milliards sera isolé dans une "mission" dédiée. Les autres dépenses ne vont globalement pas diminuer.

Le gouvernement a fixé ce jeudi 23 juillet le cap du budget pour 2021, dont le gros morceau sera le plan de relance destiné à redresser l'économie frappée par la crise, remettant à plus tard les efforts sur la dépense publique.
Le "seul objectif" du gouvernement est de "retrouver dès 2022 un niveau de richesse nationale pour la France équivalent au niveau d'avant la crise", a affirmé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, devant les députés en présentant les grands axes de ce futur budget, dans le cadre du "débat d'orientation budgétaire".
Hors impact du plan de relance, "l'écart est estimé à 4 points de notre richesse nationale entre la France d'avant crise et la France d'après crise", a-t-il détaillé, qualifiant ce chiffre de "considérable". Le gouvernement prévoit une contraction de 11% du produit intérieur brut (PIB) cette année, suivie d'un rebond mécanique de 8% en 2021, si l'on ne tient pas compte de l'effort public de 100 milliards d'euros sur deux ans annoncé par le Premier ministre.
Si la répartition de ces dépenses entre 2021 et 2022 n'a pas encore été décidée, à Bercy on souhaite que le "maximum" soit effectif dès 2021 pour accélérer la reprise. Une partie, comme les mesures pour l'emploi des jeunes et l'apprentissage, prendront d'ailleurs effet dès la rentrée, puisque intégrées au troisième projet de loi de finances pour 2020 (PLFR 3), d'ailleurs définitivement adopté ce 23 juillet.

Une mission dédiée

L'ensemble de ces dépenses de relance seront "isolées" du reste du budget "au nom du souci de sincérité et de transparence", a indiqué Bruno Le Maire. Plus précisément, une "mission" dédiée à la relance sera créée dans le PLF.
"Le plan de relance, d’un montant total de 100 milliards d'euros, aura pour objet de financer prioritairement des dépenses d’investissement. Afin de créer un effet de levier rapide sur l’économie, les dépenses mises en œuvre dans le cadre du plan de relance seront d’ampleur, non pérennes et les engagements seront concentrés en 2021. La mission sera structurée autour des quatre grands axes du plan de relance : la souveraineté économique, la transition écologique, l’investissement dans les compétences et la solidarité. Le regroupement des moyens dédiés à la relance permettra d’assurer la lisibilité de l’action du gouvernement en faveur de la reprise de l’économie, son suivi et l’analyse de son efficience", explique le "tiré à part" accompagnant le "rapport préparatoire au débat d’orientation des finances publiques".

Le poids des réformes antérieures

Si le plan de relance va faire s'envoler le volet dépenses de ce budget 2021, les dépenses courantes ne vont pas être réduites pour autant. Le gouvernement prévoit qu'elles augmentent d'environ 7 milliards d'euros (+2,6%). Une évolution jugée "raisonnable", par le ministre, et qui "traduit en crédits" des décisions précédentes, défend-on à Bercy.
Ainsi, les budgets de la Défense (+1,7 milliard d'euros), de la Justice (+450 millions) et de l'Enseignement supérieur et de la recherche (+320 millions), illustrent les investissements prévus dans des lois de programmation. L'augmentation du budget de l'Education intègre lui la revalorisation attendue des rémunérations des enseignants, tandis que celle de la mission des Relations avec les collectivités intègre les compensations notamment liées à la suppression de la taxe d'habitation.
En revanche, le ministère de l'Economie et la mission Cohésion des territoires (qui inclut toujours le logement) devront faire avec moins, conséquence, selon Bercy, des réformes passées.
Du côté des effectifs de la fonction publique, le gouvernement prévoit une "stabilisation", a indiqué Bruno Le Maire. Le contexte de la crise va entraîner une augmentation temporaire de la charge de travail de nombreuses administrations, mais cela "ne remet pas en cause les objectifs du président de la République", assure Bercy.

Comptes publics et "contes de fée"

Le président de la commission des finances Eric Woerth a toutefois taclé un projet de budget où "tout est prioritaire donc rien n'est prioritaire". L'ancien ministre s'est interrogé sur son financement, demandant de ne "pas confondre les comptes publics avec les contes de fée" et plaidant pour un plan de "convalescence" des finances publiques.
A Bercy, on répond que cette hausse de dépenses concerne des dépenses d'investissement et "pas que des dépenses de fonctionnement". Et on compte entre autres sur les baisses d'impôts décidées (impôts de production, taxe d'habitation) pour générer des recettes en stimulant l'activité et la consommation.
En tout cas, l'absence du détail sur le plan de relance a fait grincer les oppositions dans l'hémicycle. Plusieurs députés ont regretté la présentation seulement le 24 août de ce plan, "qui sera mis en oeuvre fin 2020, ce n'est pas raisonnable", a jugé Valérie Rabault (PS). Christophe Naegelen (groupe UDI) a estimé que "c'est maintenant qu'il est nécessaire d'investir" et "ce qui se joue est le potentiel de reprise économique". Le débat d'orientation des finances publiques est "un exercice destiné à nous permettre d'y voir plus clair" mais dans les perspectives et les explications du gouvernement, "il y a beaucoup de trous et ce n'est pas raisonnable", a fustigé Jean-Luc Mélenchon (LFI).

 

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