Changement climatique : les Français attendent davantage d’actions de la part des pouvoirs publics
Près des trois quarts des Français se disent inquiets face aux conséquences du changement climatique, selon le baromètre 2025 sur les représentations sociales de la transition écologique publié ce 13 novembre par l’Ademe. Pour plus de la moitié d’entre eux, les actions mises en œuvre en France depuis l’Accord de Paris sur le climat, il y a dix ans, ne sont pas à la hauteur des enjeux. Près de 8 Français sur 10 pensent que leur territoire sera obligé de prendre des mesures importantes dans les prochaines décennies pour s'adapter au changement climatique.
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À l’occasion de la COP 30 de Belem et du dixième anniversaire de l’Accord de Paris sur le climat, l’Ademe a publié ce 13 novembre la 26e vague de son baromètre* "Les représentations sociales du changement climatique". Les résultats de cette édition 2025 montrent que si les Français se disent toujours favorables à des actions fortes face au changement climatique, leur regard sur la capacité collective d’action pour tenter d’en limiter les effets se teinte de pessimisme.
Une inquiétude qui monte
Tout d’abord, près de huit Français sur dix accordent de l'importance à la protection de l'environnement. Mais les questions qui les préoccupent le plus actuellement restent la hausse des prix (20%), les déficits publics et la dette (17%), l’immigration (14%) et la sécurité des biens et personnes (11%). L’environnement, la transition écologique et la santé publique (8% chacun) viennent assez loin derrière. Le problème environnemental numéro un à leurs yeux est le changement climatique (49%), loin devant la dégradation de la biodiversité (33%), la pollution de l'eau (28%) et des sols (20%).
Mais quand moins d’un quart des Français (24%) déclaraient en 2015 avoir déjà subi les conséquences du réchauffement climatique là où ils habitent, ils sont aujourd’hui plus d’un sur deux (52%). Alors que 52% considèrent que les scientifiques évaluent correctement les risques climatiques, un quart de la population (25%) juge qu’ils sous-estiment les risques et 22% qu'ils les exagèrent.
72% des Français se disent d’ailleurs inquiets face au changement climatique, dont 27% très inquiets. "En 10 ans, le pessimisme sur le changement climatique et ses conséquences a gagné du terrain : depuis 2016, est observée une hausse de 10 points des personnes qui ne pensent pas que le changement climatique sera limité à des niveaux raisonnables d’ici à la fin du siècle (de 56% à 66%), et qui anticipent que les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles à cause des dérèglements climatiques (de 55% à 65%)", souligne l’Agence de la transition écologique. Le pessimisme gagne aussi du terrain, à propos des capacités d’adaptation. Quand 40% des personnes interrogées avaient l’espoir qu’on s’adaptera sans trop de mal en 2016, elles ne sont plus que 30% aujourd’hui.
Des actions jugées insuffisantes
Pour plus de six Français sur dix, les actions mises en oeuvre en France depuis l'Accord de Paris sur le climat en 2015 ne sont pas à la hauteur des objectifs fixés. 76% jugent que la réglementation concernant la protection de l'environnement devrait être renforcée et 23% estiment qu’elle devrait être assouplie. Pour les deux tiers des Français, la priorité de la politique économique devrait être de réorienter en profondeur l’économie en ne soutenant que les activités qui préservent l’environnement, tandis que 33% estiment qu’il faudrait soutenir tous les secteurs, même au risque de conséquences négatives sur certains objectifs environnementaux.
Les acteurs considérés comme les plus efficaces pour résoudre le problème du changement climatique restent les États (49%) et les citoyens (46%), devant les instances internationales (28%) et les entreprises (26%). Toutefois, parmi ceux qui agissent le plus, les Français placent en tête les citoyens (41%), puis les collectivités (32%), et, assez loin derrière, les États (26%), puis les associations (22%), les entreprises (18%) et les instances internationales (17%).
Près de huit Français sur dix pensent que leur territoire sera obligé de prendre des mesures importantes dans les prochaines décennies pour s'adapter au changement climatique. Parmi ceux qui ont connaissance des mesures déjà prises (59%), 42% jugent qu’elles ne sont pas suffisantes (+ 6pts par rapport à 2024).
Évolution des pratiques
"Les Français se déclarent, de manière stable depuis 10 ans, largement favorables à un ensemble de politiques publiques ambitieuses en matière de transition écologique", souligne l’Ademe. Ainsi 82% considèrent comme souhaitable le développement des énergies renouvelables, 77% sont favorables à l’interdiction de la publicité pour les produits à fort impact environnemental, 70% se prononcent en faveur d’une obligation des propriétaires à rénover et à isoler les logements lors d'une vente ou d'une location, 67% souhaiteraient que la restauration collective publique ait l’obligation de proposer plus de menus végétariens, biologiques et/ou de saison et 62% sont pour taxer davantage le transport aérien au profit du train.
En 10 ans, les Français ont aussi beaucoup fait évoluer leurs pratiques, en baissant par exemple la température de leur logement de 2 ou 3°C l’hiver (+19 points, de 48% à 67% aujourd’hui), en consommant moins (+19 points, 37% à 56%), en limitant leur consommation de viande (+14 points, de39% à 53%), en achetant des légumes de saison (+13 points, de 58% à 71%) ou en choisissant des produits avec moins d’impacts sur l’environnement (+11 points de 28% à 39%).
Une mobilisation qui tend à diminuer chez les plus jeunes
Mais ces comportements vertueux montrent des signes d’essoufflement, avec une hausse de la résistance à changer son mode de vie. Quand 12% des Français interrogés déclaraient en 2016 qu’ils accepteraient des changements à condition qu’ils restent dans des proportions modérées, ils sont 19% aujourd’hui.
Pire, les jeunes apparaissent démobilisés. En dehors des pratiques de mobilité, les jeunes déclarent avoir adopté moins de gestes écologiques que leurs aînés. Par exemple, 96% des plus de 65 ans déclarent trier leurs déchets, contre 51% des 18-24 ans ; 79% des plus de 65 ans affirment baisser la température de leur logement de deux ou trois degrés l’hiver, contre 40% des 18-24 ans ; 87% des plus de 65 ans déclarent acheter des légumes de saison contre 40% des 18-24 ans et 62% des plus de 65 ans disent limiter la consommation de viande, contre 37% des 18-24 ans. En parallèle, 19% des 18-24 déclarent faire leur maximum, contre 31% des Français en moyenne, et 27% ne sont pas prêts à accepter des changements radicaux dans leur mode de vie, contre 19% en moyenne.
* Établi depuis 2000, le baromètre a été conçu comme un outil de compréhension de l’opinion publique sur la transition écologique et les actions attendues. L’enquête 2025 a été réalisée en juillet auprès d’un échantillon de 1.580 personnes représentatif de la population française de l’Hexagone, âgée de 15 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle et d’agglomération, et de région de résidence.