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Environnement - Clôture du Grenelle : réactions à chaud des collectivités dans l'attente de précisions sur les financements

Qui financera l'arsenal de mesures annoncées en grande pompe hier soir à l'Elysée par le président de la République ? La question reste en suspens sur toutes les lèvres, alors que s'est terminée le 26 octobre la dernière table ronde consacrée à la "démocratie écologique". Jeudi, son issue avait été reportée à vendredi faute de temps. Mais derrière les initiatives "très positives" saluées par une majorité d'intervenants, persistent des zones d'ombre et des annonces suffisamment floues pour se demander, comme le fait Pascal Husting, directeur de Greenpeace France, "si elles aboutiront à de réelles avancées ou à un statu quo". "On laisse chacun se reposer et on remet la pression dès lundi", promet un autre membre de l'ONG.
Reste que le report de cette table-ronde a provoqué son lot d'absences dans les rangs des élus du collège Collectivités. Le paradoxe étant que, sur une question aussi cruciale que la gouvernance territoriale, on croisait à l'issue de cette ultime réunion plus de représentants du Medef que des collectivités... Pourtant, tant sur la décision d'instaurer une trame verte qui faciliterait à l'échelle nationale la circulation des espèces entre les espaces naturels que sur l'immense chantier de rénovation thermique des bâtiments publics, les collectivités seront en première ligne des réalisations à venir. Chaque table ronde donnant lieu à une prise de relais par des comités de pilotage, rendez-vous est pris le 15 décembre pour leur constitution et le 15 juin 2008 pour tirer à partir de leurs travaux les conclusions de l'"après-Grenelle".
D'ici là, certains élus ont exprimé leurs attentes et leurs craintes. "Les collectivités, et plus spécifiquement les départements, attendent de l'Etat qu'il soit à la hauteur du processus engagé, par des moyens financiers à la hauteur de l'enjeu", a déclaré Claudy Lebreton, président de l'Assemblée des départements de France. "Impossible de supporter de nouveaux coûts car nos recettes n'augmentent pas", a ajouté Jacques Pélissard, à la tête de l'Association des maires de France. Yves Albarello, député-maire UMP de Claye-Souilly, va plus loin en déclarant dans Les Echos que ces directives du Grenelle devraient intégrer un plan communal environnement. Au risque que les communes, surtout les plus petites, ne tournent le dos aux décisions émises...
Michel Destot, président de l'Association des maires de grandes villes de France, va dans le même sens en préconisant la création d'urgence d'un "comité de suivi composé d'élus locaux et dont la vocation sera de s'assurer de l'effectivité des mesures annoncées". Le député-maire de Grenoble prend acte des regrets exprimés publiquement par le président de la République sur le désengagement de l'Etat dans les transports urbains en site propre. Et se félicite en retour des mesures concrètes prises en faveur de ce secteur et de l'habitat, deux domaines où sont notamment prévus le cofinancement par l'Etat de 1.500 km de lignes de tramways (hors Ile-de-France) et un apport par la Caisse des Dépôts de 20 milliards d'euros de prêts bonifiés aux collectivités, en vue de rénover l'ensemble du parc immobilier. Enfin, Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées et président d'Avenir Rail, a également réagi et pris acte des déclarations du gouvernement en faveur du développement ferroviaire. Mais il attend désormais du gouvernement qu'il "détaille précisément comment l'Etat financera ce discours".

 

Morgan Boëdec / Victoires éditions