Communication intercommunale : quand les communautés jouent la carte de la proximité
Pour communiquer sur leur fonctionnement et leurs actions, certaines communautés ont pris des initiatives originales, parfois avec des moyens modestes. Un atelier qui s'est tenu au début du mois, dans le cadre de la convention nationale de l'Assemblée des communautés de France, a mis un coup de projecteur sur certaines d'entre elles. Elles ont pour point commun de privilégier la proximité avec les habitants.
Aux alentours du mont Ventoux, un kiosque itinérant apporte aux citoyens l'information de la communauté d'agglomération. Au volant d'une Coccinelle de type break, Justine se rend une fois par mois dans chacune des communes qui accueille un marché hebdomadaire. Sur la place, elle installe une table et des chaises. Puis replie la capote de la voiture afin de pouvoir aménager un stand. Les badauds se voient offrir un café ou un jus de fruit. S'ils ont une question, Justine les renseigne et leur fournit l'une des brochures relatives aux compétences et aux services intercommunaux. En un an, Justine a accueilli ainsi 927 usagers. Un bilan satisfaisant qui a conduit la communauté d'agglomération à poursuivre les tournées à partir de ce mois d'octobre.
Lorsque le kiosque ne va pas à leur rencontre, les habitants peuvent s'informer sur les décisions et l'action intercommunale, et plus généralement sur le territoire où ils vivent, en consultant le site internet de la communauté d'agglomération Ventoux-Comtat Venaissin, mais aussi celui de leur commune. 19 des 25 communes membres disposent en effet d'un site internet. Et malgré la modestie de leurs moyens, leur rôle n'est pas négligé. "Les communes constituent encore la porte d'entrée principale des habitants lorsqu'ils veulent s'informer sur leur territoire", estime Claire Tremblay, directrice de la communication de la communauté. C'est en s'appuyant sur ce constat que la communauté et les référents "communication" de chaque commune ont conçu une "plateforme mutualisée" qui facilite le partage des données. Avec cet outil, il suffit d'une personne pour saisir l'information. Celle-ci est alors publiée de manière automatique sur les sites de l'ensemble des communes. En sachant que chacun des maires concernés reste le responsable éditorial du site municipal.
Notoriété : la collecte des ordures ménagères y participe
Aux côtés du traditionnel magazine intercommunal et des réseaux sociaux, ces initiatives contribuent à mieux faire connaître la communauté d'agglomération auprès de ses quelque 70.000 habitants. Claire Tremblay les a présentées lors d'un atelier dédié à la communication, organisé lors de la convention nationale de l'Assemblée des communautés de France (AdCF), qui s'est tenue à Deauville, les 4 et 5 octobre derniers. Objectif de l'atelier : mettre à jour des pratiques de communication permettant de mieux faire comprendre et connaître l'intercommunalité. Ce travail de pédagogie est une "ardente obligation", ont convenu les participants. Tout particulièrement dans les nombreuses communautés qui sont apparues au début de l'année dernière, à la suite de fusions ou d'extensions. Une enquête de l'IFOP réalisée début septembre auprès de 2.005 personnes de 18 ans et plus, dont les résultats ont été présentés à l'ouverture de la convention, a d'ailleurs confirmé la nécessité d'un tel exercice. Parmi les personnes pensant que leur commune appartient à une structure intercommunale, 21% ne connaissent pas le nom de celle-ci. Par ailleurs, 59% des sondés déclarent ne pas être suffisamment informés sur le rôle et l'action de leur intercommunalité et souhaitent en savoir davantage. L'organisation dans 18 mois des prochaines élections municipales justifie aussi qu'une "campagne de sensibilisation" sur l'intercommunalité soit menée, a déclaré le président de l'AdCF à l'ouverture de la convention. Jean-Luc Rigaut a appelé à ce que les pouvoirs publics nationaux lui apportent leur soutien.
En vue de leurs prochains plans de communication, les communautés auront intérêt à retenir que la notoriété s'acquiert parfois par des voies auxquelles on n'a pas pensé. Le directeur général des services de la communauté de communes du Pays d'Ancenis a témoigné par exemple que le taux de notoriété de l'intercommunalité, "supérieur à 80%" est "essentiellement" lié au fait que son nom est écrit sur les bacs de ramassage des ordures ménagères. C'est ce qui est résulté d'une enquête auprès de la population.
Quand les habitants racontent leur territoire
Il est important que les outils de communication valorisent non seulement l'action intercommunale, mais aussi et surtout "le territoire", a souligné, au cours de cet atelier, Claude Thomas, président de la communauté de communes du Grand Couronné (Meurthe-et-Moselle). "Notre communauté de communes n'est pas un espace de services seulement, mais d'abord un espace de développement", a-t-il dit. Le journal édité par la structure, qui paraît deux fois par an, s'inspire de cette analyse. "On a choisi que ce ne soit pas le journal des services (…). On se place en tant qu'acteur du territoire à côté d'associations, d'initiatives habitants et des entreprises." Du coup, les lecteurs "se reconnaissent" dans ce journal qu''ils "apprécient", a conclu l'élu.
Cultiver l'identité du territoire, c'est aussi l'objectif de la communauté de communes du Créonnais, située au sud-est de Bordeaux. Sa présidente, Mathilde Feld ne veut pas que Créon et ses alentours deviennent un "territoire dortoir", où le "lien social" se délite. C'est pourquoi la vie associative y est fortement encouragée. "Télé canal créonnais" (TCC) est une des associations présentes. Financée en partie par la commune de Créon, il s'agit d'une web TV citoyenne animée par et pour les habitants du créonnais. Grâce au matériel qui leur est gracieusement prêté, les réalisateurs en herbe racontent leur territoire à travers des reportages qui n'ont jamais un caractère "polémique", selon Mathilde Feld. Les dernières vidéos rendent compte, par exemple, du congrès de l'Union départementale des sapeurs-pompiers de la Gironde qui s'est tenu à Créon, ou de la dernière "fête des rosières" qui est célébrée chaque année dans la ville depuis 1907.