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Environnement - De nouvelles propositions pour mieux prendre en compte la biodiversité dans la ville

Le plan Bâtiment durable, lancé en 2009 dans le cadre du Grenelle de l'environnement, vient de publier un rapport sur le thème des interactions entre le bâtiment et la biodiversité. Sous le pilotage d'Yves Dieulesaint, directeur RSE de Gecina, et Thibaud Gagneux, responsable développement durable de Poste Immo, une cinquantaine d'acteurs, parmi lesquels de nombreux professionnels de l'immobilier mais aussi des représentants de collectivités (Grand Lyon, région Franche-Comté, ville de Paris), de l'Union sociale pour l'habitat (USH) et du groupe Caisse des Dépôts ont contribué à sa rédaction. Le rapport commence par rappeler les enjeux de la nature en ville, source de bien-être et de lien social pour les habitants et de valorisation pour le bâtiment. Mais si les activités de l'immobilier et de la construction dépendent de la biodiversité, elles sont aussi responsables de sa dégradation. L'extraction et la fabrication des matériaux, par exemple, engagent une responsabilité élargie de la filière. On parle ainsi de "biodiversité grise" ou d'"empreinte biodiversité" pour qualifier le cumul des impacts - positifs comme négatifs - de l'ensemble du cycle de vie d'un matériau ou d'un produit sur les écosystèmes et la biodiversité. Le groupe de travail en charge du rapport constate que le sujet de la biodiversité est encore largement méconnu des parties prenantes de la filière bâtiment et immobilier, notamment du fait de freins culturels et idéologiques. Quant à la réglementation, surtout axée sur la préservation de la biodiversité, elle est plutôt ressentie comme une contrainte par les acteurs de la conception urbaine. Les auteurs du rapport pointent ainsi un manque de cohérence globale entre toutes les échelles - territoire, écoquartier, parcelle, bâtiment - et une mise en oeuvre limitée des nouveaux outils tels que les certifications environnementales ou les labels dédiés à la biodiversité.

Vingt propositions dans deux directions

Les vingt propositions du rapport s'articulent autour de deux leviers d'actions. Le premier concerne la (re)connaissance et la valorisation économique des fonctions, dépendances et bénéfices de la biodiversité. Pour le groupe de travail, celle-ci doit ainsi être intégrée dans le secteur au même titre que les enjeux énergétiques, ce qui passe à la fois par l'écoute et la sensibilisation du grand public et par la formation de tous les acteurs et parties prenantes (maîtrise d'ouvrage, constructeurs, architectes, paysagistes, gestionnaires, usagers…). Le second levier d'actions vise à faire de la prise en compte de la biodiversité une opportunité pour aller vers des villes durables. Parmi les propositions émises, le groupe de travail appelle à soutenir ou renforcer l'intégration de la biodiversité dans les documents et démarches d'urbanisme, notamment les plans locaux d'urbanisme (PLU), à promouvoir la biodiversité dans la future réglementation du bâtiment ou encore à "gérer les espaces verts en tant que composante d'écosystème urbain". Enfin, le groupe de travail propose de porter les enjeux de la filière dans le cadre de la préfiguration de la future de la future Agence française pour la biodiversité, dont la création est prévue par le projet de loi sur la biodiversité, qui doit être examiné au Sénat en janvier prochain .