Déclin démographique : les régions veulent ouvrir les lycées sur leur territoire

Pour faire face à la déprise démographique qui touche certains territoires et menace l'existence de leurs lycées, Régions de France souhaite transformer ces équipements et les ouvrir à de nouvelles fonctions. Au cœur des réflexions : une mutualisation déjà à l'œuvre dans plusieurs régions.

"Transformer le lycée en lieu de vie ouvert et favoriser la synergie entre les interventions publiques au service de l'excellence pour tous les territoires", c'est le défi que lance Régions de France pour faire face aux effets de la baisse démographique dans les lycées.

Selon les dernières projections de la Depp (direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l'Éducation nationale), les effectifs du second degré entrent dans une phase de déclin durable. La baisse amorcée en 2024 (-21.000 élèves) devrait se poursuivre et s'amplifier jusqu'en 2029, avec une diminution cumulée prévue de 226.000 élèves dans le scénario intermédiaire (lire notre article du 25 mars 2025).

Pour anticiper cette évolution, Régions de France a fait réaliser une étude publiée mercredi 18 juin 2025. Dans ce document, l'association estime, au vu du contexte démographique, que trois enjeux majeurs se dessinent pour le système éducatif. Tout d'abord, la nécessité de "repenser le lycée de demain en inventant de nouvelles formes d'organisations scolaires adaptées à une population d'élèves en diminution". Ensuite, le besoin de "prévenir la menace de paupérisation du service public éducatif qui pèse sur les territoires marqués par une déprise démographique". Enfin, l'exigence de "lutter contre la tendance à l'orientation de proximité et à la faible mobilité des jeunes et des familles". 

Dépasser la fonction pédagogique

Si la baisse des effectifs lycéens place les régions devant un défi de taille – en touchant à leurs compétences que sont la gestion du bâti, l'organisation des transports et de la restauration, la carte des formations professionnelles ou les politiques d'orientation –, Régions de France l'envisage aussi comme une "opportunité de concevoir le lycée de demain comme un véritable lieu de vie territorial, dépassant sa fonction purement pédagogique". "Les Régions, écrit l'association, entendent valoriser la fonction du lycée qui, au-delà d'être un centre de ressources pédagogiques territorial, occupe une place centrale dans l'aménagement du territoire, particulièrement rural, et dans le maillage des services publics de proximité." 

La mise en œuvre préconisée par Régions de France reste toutefois prudente. L'association se contente d'inviter les régions à repenser l'organisation des équipements, à renforcer les politiques d'accompagnement et à développer des politiques de mutualisation, sans autre perspective que de reproduire une sélection de pratiques déjà à l'œuvre.

Des idées déjà à l'œuvre 

Le document cite ainsi la mutualisation des plateaux techniques des lycées professionnels, qui reproduisent des conditions réelles de travail d'un métier, pour en optimiser l'utilisation, par exemple avec les formations de l'enseignement supérieur. Autre suggestion : la mutualisation des espaces de restauration scolaire, notamment avec d'autres niveaux de collectivités, comme les départements, chargés des collèges. Ou encore la mutualisation des équipements sportifs, au profit des clubs locaux, et la mise à disposition d'autres locaux des lycées pour des tiers en dehors du temps scolaire, y compris contre rémunération. 

Le modèle de la cité scolaire, qui regroupe collège et lycée sur un même site, est également mis en avant par Régions de France. Si elle est intéressante pour rationaliser l'utilisation des équipements, elle ne peut, par définition, s'appliquer qu'à des ensembles déjà construits et en fonction. Cette solution n'offre donc pas de solution face à la déprise démographique, sauf à en construire de nouveaux bâtiments... ce qui conduirait à abandonner les anciens.

Élaborer des projections avec les autorités académiques

Quant au projet de "réseau-établissements" du Grand Est, il fait presque office de contre-exemple. Si la démarche vise à "repenser le rôle du service public éducatif dans l'aménagement du territoire" et s'inscrit "dans une vision stratégique du développement régional", elle consiste in fine à accompagner les territoires dont les établissements... vont fermer.

En attendant de trouver la bonne formule pour faire du lycée un lieu de vie pérenne dans les territoires en déprise démographique, Régions de France préconise la création d'instances régionalisées de concertation sur la question démographique et demande l'élaboration conjointe de projections entre autorités académiques et collectivités à moyen et long terme. Parallèlement, l'association souhaite développer des dispositifs intégrés associant transports, hébergement et restauration dans la réflexion du lycée de demain. Une "approche intégrée de ces trois dimensions" lui semble en effet à même "de maintenir l'égalité d'accès à l'éducation et de transformer le lycée en lieu de vie tout en repensant l'organisation territoriale de l'offre de formation à l'aune du ralentissement démographique".

 

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