Orientation : Régions de France veut "aller plus loin"
Après l'annonce du plan Avenir d'Élisabeth Borne en faveur de l'orientation, Régions de France avance ses propositions pour mieux articuler son action avec celle de l'État. Et revendique une importante compensation financière pour l'action engagée par les régions.

© Régions de France, Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et Adobe stock
Si elle partage le constat de la ministre de l'Éducation nationale sur l'orientation, l'association Régions de France n'en appelle pas moins à une clarification sur l'organisation des actions en la matière et à une compensation financière en faveur des conseils régionaux.
Au lendemain de l'annonce du plan Avenir par Élisabeth Borne afin de relancer une politique de l'orientation quelque peu grippée (lire notre article du 5 juin), Régions de France a reconnu dans un communiqué du 6 juin 2025 que l'orientation est aujourd'hui vécue "comme très insatisfaisante par une large majorité des jeunes et des familles", qu'elle ne parvient pas "à lever ni même à réduire les déterminismes sociaux ou de genre" et qu'elle ne permet pas "à chaque jeune et à chaque famille d'appréhender la réalité et l'évolution des activités professionnelles et des métiers".
Mais alors que la loi leur a confié l'animation et la coordination du service public régional de l'orientation ainsi qu'un "rôle majeur" pour faire évoluer chaque année la carte de l'offre de formation professionnelle, les régions veulent "aller plus loin encore dans l'articulation de leurs responsabilités avec l'État et les acteurs économiques".
Pour une définition partagée des priorités
Parmi leurs revendications, les régions demandent l'association systématique des agences et services régionaux à la construction du projet d'établissement sur le volet orientation, l'ouverture des collèges et lycées à ces mêmes agences et services régionaux, la mise en place d'un dispositif dédié au décrochage dans le champ des études supérieures et l'intégration des 95 équivalents temps plein de l'Onisep actuellement déployés dans les académies au sein de leur service d'orientation.
Autre demande de Régions de France : la création d'une instance nationale les associant à l'État et aux partenaires sociaux afin de définir des priorités partagées et d'en suivre les déclinaisons territoriales. À ce sujet, une lettre d'intention signée le 5 juin par Élisabeth Borne et François Bonneau, président de la commission de l'éducation de Régions de France, prévoit la mise en place d'un "comité national de suivi, réunissant l'État, les régions et les partenaires concernés [qui] fixera chaque année les grandes orientations et les critères d'évaluation de cette politique". En outre, un organe coordonnera les actions dans chaque région académique, soit sous la forme d'un comité de pilotage ad hoc coprésidé par le recteur et le président du conseil régional, soit à travers le comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles.
Les régions réclament 170 millions
Enfin, les régions soulèvent deux derniers points qui les préoccupent. D'une part, la clarification de l'article L. 6111-3 du code du travail, selon lequel "la région organise des actions d'information sur les métiers et les formations aux niveaux régional, national et européen". D'autre part, la compensation des sommes engagées pour leur mission. Elles estiment en effet que l'enveloppe de 8 millions d'euros qui leur a été transférée est "très insuffisante au regard de leur engagement dans cette compétence, qui s'élevait à plus de 170 millions d'euros en 2024".
Les différents engagements des régions et de l'État en matière d'orientation seront prochainement formalisés à travers une charte. Pour rappel, une convention datée de mai 2019 définit déjà un cadre visant à assurer la bonne articulation des missions respectives de l'État et des régions en matière d'orientation.