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Personnes âgées - Feuille de route sur le défi du vieillissement : des réactions plutôt positives, mais prudentes

Il y a quelques jours, Agnès Buzyn présentait sa très attendue feuille de route "pour relever le défi du vieillissement à court et moyen terme" (voir notre article ci-dessous du 30 mai 2018). Les réactions à cet ensemble de mesures, visant principalement les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) n'ont pas tardé à se faire entendre. Elles sont dans l'ensemble plutôt positives, tout en faisant montre d'une certaine prudence sur l'effectivité de la mise en œuvre des dispositions annoncées et sur les moyens qui doivent y être consacrés.

"Vigilance sur les modalités de mise en œuvre"

Ainsi, la Fédération hospitalière de France (FHF) - qui regroupe de nombreux Ehpad publics - "prend acte de l'annonce du lancement d'une grande concertation citoyenne pour définir la place de la personne âgée et le modèle d'accompagnement". Elle relève notamment l'accélération de la convergence des dotations de soins, le soutien à l'hébergement temporaire, le déploiement de la télémédecine ou encore le renforcement des équipes mobiles de gériatrie. Mais elle "exige que les réponses soient à la hauteur des enjeux". Lors de la concertation qui va s'ouvrir, la FHF entend "porter la voix des Ehpad publics et, plus largement, des établissements sociaux et médicosociaux publics".
Même tonalité à l'Uniopss, qui "souscrit aux constats formulés par Agnès Buzyn et à la volonté affichée de privilégier une approche globale de la prise en charge du vieillissement" et partage les priorités annoncées sur l'amélioration des conditions de vie des personnes âgées en établissement, "notamment par l'accroissement des équipes soignantes et le renforcement de la prévention". Mais l'Uniopss "pointe une insuffisance de moyens au regard des enjeux du vieillissement et souligne la nécessité d'une concertation effective avec les acteurs associatifs".
Pour sa part, la Fehap (privé non lucratif) constate que "la majorité de ces mesures permettent de mobiliser plus rapidement les promesses de moyens nées de la loi pour l'adaptation de la société au vieillissement (ASV) et de la dernière loi de financement de la sécurité sociale". Mais la Fédération "reste vigilante sur les modalités de mise en œuvre de ces mesures budgétaires, sur les travaux à ouvrir concernant le reste à charge des personnes et de leurs aidants, sur l'aide sociale à l'hébergement et sur la simplification administrative".

Le privé plus convaincu que le public

Du côté des fédérations d'établissements pour personnes âgées, le Synerpa (maisons de retraite privées) estime que la feuille de route "propose des mesures intéressantes". Le syndicat apprécie en particulier la généralisation des infirmières de nuit dans les Ehpad, l'appui à la qualité de vie au travail et le soutien aux services d'aide et de soins à domicile. A moyen terme, il se dit satisfait de l'ouverture du débat sur l'habilitation à l'aide sociale "pour une révision de ce dispositif en concertation avec l'ensemble des départements" et, à long terme, il se félicite de l'engagement de "la réflexion sur les modes d'accompagnement de la perte d'autonomie".
La réaction est plus mesurée à l'AD-PA (directeurs de maisons de retraite publiques). L'association se dit "prête à travailler avec les pouvoirs publics", mais considère que ce plan "s'il constitue un réel pas en avant, n'est clairement pas à la hauteur des attentes des personnes âgées, des familles et des professionnels qui ont mené les mouvements de cet hiver engagés par l'intersyndicale et l'AD-PA".
De son côté, la Fnaqpa (Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées) "salue les avancées à court terme", et notamment l'accélération de la convergence des tarifs de soins. Mais elle "déplore que le changement de paradigme, qu'elle appelle elle-aussi de ses vœux, et, de fait, la question de la refondation du modèle des maisons de retraite soient reportés à une réflexion ultérieure".
Enfin, le Synapse (Syndicat national pour la Silver économie) "salue les annonces d'Agnès Buzyn sur l'accompagnement des personnes âgées" et indique qu'"en tant que structure fondatrice de la Silver économie, [il] apportera son soutien et ses idées de terrain à la poursuite de ces débats, tout en veillant à ce qu'un bilan et état des lieux précis, neutres et partagés, soient faits quant aux actions de la filière Silver économie qui sont menées depuis cinq ans maintenant".

Déception des acteurs de l'aide à domicile

Le bémol vient des fédérations de l'aide à domicile. Dans un communiqué commun l'UNA, Adessadomicile, l'ADMR, la FNAAFP/CSF (fédération de l'aide à domicile) - mais aussi l'AD-PA, qui signe ainsi deux communiqués - estiment que "ces mesures sont loin de la mise en place du cinquième risque de protection sociale que le président de la République avait annoncé envisager pour répondre à l'enjeu du financement de l'aide à l'autonomie".
Les signataires constatent notamment qu'"une seule mesure immédiate du plan 'Grand âge et autonomie' détaillé par la ministre concerne l'aide à domicile" (un financement supplémentaire de 100 millions d'euros sur deux ans). Les fédérations restent donc "toujours en attente d'une vraie réforme du financement de l'aide à l'autonomie, qui puisse répondre - et de manière pérenne - aux enjeux du secteur".
Mais il est vrai que si la loi Vieillissement du 28 décembre 2015 privilégiait nettement la prise en charge de la dépendance à domicile, la feuille de route présentée par Agnès Buzyn fait le choix de se tourner davantage vers les Ehpad pour rattraper le volet manquant, souvent annoncé mais jamais concrétisé, de la loi Vieillissement (voir notre article ci-dessous du 30 mai 2018).

 

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