Services - Difficultés des marchands de journaux : réunion décisive le 26 février
La situation des marchands de journaux en France ne s'arrange pas. 1.792 d'entre eux ont fermé leurs portes en 2012. En solde net, c'est-à-dire les créations moins les fermetures, cela correspond à la disparition de 1.082 points de vente. Auxquels s'ajoutent les 700 de 2011, et 500 de 2010… Au cœur de leurs difficultés : des marges trop faibles, une concurrence accrue d'internet et des abonnements à la presse par courrier. Le conflit au sein de Presstalis (ex-NMPP), et les grèves qui en découlent, fragilisent aussi particulièrement les kiosquiers de Paris. Le groupe prévoit un plan de restructuration, avec 1.250 emplois supprimés sur 2.500, le regroupement des dépôts ou des plateformes logistiques de l'entreprise. Les syndicats se battent contre ce plan, et bloquent régulièrement la distribution des quotidiens nationaux. Une trentaine de fois depuis octobre 2012. Le manque à gagner pour les 340 kiosquiers parisiens est énorme. Ils se sont eux-mêmes mis en grève le 19 février, pour pousser un cri d'alarme sur leur situation. La ville de Paris a rapidement réagi, annonçant une aide exceptionnelle de 200.000 euros. L'approbation de la subvention doit être proposée au prochain Conseil de Paris les 25 et 26 mars. De son côté, le gouvernement a nommé il y a deux semaines un médiateur, Raymond Redding, chargé de gérer le conflit chez Presstalis. Mais le problème est plus global. "A Paris, le mouvement de grève des kiosquiers est surtout une réponse aux lourdes conséquences du conflit qui a lieu chez Presstalis, explique Michel Marini, président de l'Association pour l'avenir des diffuseurs de presse (AADP), également patron de la Presse du Mont Blanc à Chamonix. Nous, nous essayons de construire l'avenir, de faire en sorte que les kiosques et magasins de presse soient viables et que l'on arrive ainsi à un deal entre éditeurs et diffuseurs qui soit honnête, dans lequel chacun puisse gagner sa vie." A l'heure actuelle, les marchands de journaux sont rémunérés à hauteur de 15% en moyenne de la vente des journaux. A Paris, la marge peut monter à 20%, mais "pour certaines villes, en milieu rural, elle est plutôt de 13 à 15%, c'est bien insuffisant, on ne vit plus", souligne Michel Marini, qui insiste sur le taux moyen dans les autres pays européens, qui tourne davantage autour de 23%...
Une réunion prévue fin février avec le ministère de la Culture
Face à ces difficultés financières, et avec la montée des loyers, de nombreux magasins ferment. Fin janvier 2013, c'était au tour de la maison de la presse de Nice. Située sous les arcades de la place Massena, c'était une véritable institution qui existait depuis plusieurs décennies, avec 400 mètres carrés, 3.500 références de presse, 20.000 en matière de livres généralistes… "Leur loyer a triplé ! C'est inacceptable, c'est impensable", s'indigne Michel Marini, qui fut pendant un temps à la tête du magasin. Un petit espoir subsiste toutefois puisque la responsable du magasin, Sylvie Brunschwig et la mairie de Nice tentent ensemble de trouver une solution, permettant notamment de reloger l'établissement. Pour le sort de tous les autres kiosques et magasins de presse, une réunion est prévue le 26 février prochain avec les équipes du ministère de la Culture et de la Communication. L'idée étant de "mettre en forme un plan de travail", comme l'explique Michel Marini, avec l'ensemble des acteurs concernés : éditeurs, kiosquiers, l'Union nationale des diffuseurs de presse (UNDP), AADP… Parmi les pistes envisagées : une réorientation des aides publiques à la presse vers le réseau de vente, comme le souhaite l'UNDP, et un meilleur soutien de la part des mairies. Mais si "dans certains endroits, il y a une prise de conscience des maires, ce n'est pas partout", assure Michel Marini. Autre piste : coupler l'offre proposée en magasin avec les nouvelles technologies de l'information. "On peut imaginer avoir en vitrines des écrans faisant défiler des informations sur les sorties de livres, les nouvelles revues, détaille le responsable de la Presse du Mont Blanc. Les conseils généraux et les mairies pourraient même utiliser ces écrans pour faire passer des informations aux habitants. On peut aussi avoir sur place des ordinateurs connectés à internet, pour effectuer des commandes de livres ou revues qui ne seraient pas disponibles sur place." Donner vie ou redonner vie à des magasins qui sont parfois les derniers lieux de convivialité d'une ville… Reste à voir si le gouvernement sera sensible à leur requête et si de véritables actions découleront de la rencontre programmée fin février.