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Emploi des jeunes - Doublement de l'allocation du Civis : des inquiétudes sur l'après-2010

De 900 euros par an, le montant maximum de l'allocation du contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis) passe à 1.800 euros. Le décret 2010-321 du 22 mars, publié au Journal officiel du 25 mars, officialise la décision du gouvernement. Après les moyens supplémentaires accordés aux missions locales, 51 millions d'euros supplémentaires en 2010, dont 35 millions pour l'allocation Civis, attribués dans le cadre du plan de relance, c'est une bonne nouvelle pour le réseau. Lors de la séance plénière du Conseil national des missions locales (CNML), organisée le 26 janvier 2010, le président du CNML, Bernard Perrut n'avait pas caché sa satisfaction. De fait, l'allocation du Civis rejoint ainsi le montant maximum accordé dans le cadre du contrat d'autonomie : 1.800 euros par an. Une façon d'aligner les deux dispositifs… Seule inquiétude au tableau : l'après-2010. Sur le terrain, les missions locales s'interrogent sur la pérennité des moyens supplémentaires qui leur sont accordés. "Rien n'est dit pour l'année d'après, souligne ainsi Jean-Philippe Revel, représentant CGT des missions locales et Paio (permanence d'accueil, d'information et d'orientation). On va recruter pour un an, l'année suivante les jeunes seront toujours là mais nous ne saurons pas si nous aurons autant de moyens." Une inquiétude d'autant plus grande que d'après le syndicat CGT, le budget du plan de relance est déjà venu "colmater des brèches" provoquées par la crise économique en 2009. D'après le CNML, le nombre de jeunes reçus en premier accueil par les missions locales aurait en effet augmenté de 10% entre 2008 et 2009, le nombre d'entretiens individuels de 5%, et, point plus préoccupant encore, le nombre de bénéficiaires de l'allocation Civis aurait progressé de 15%. "Un indicateur important de la précarité des jeunes, qui signifie qu'on trouve moins de situations actives pour rémunérer les jeunes autrement que par l'allocation", souligne le CNML. Heureusement, les missions locales sont habituées à gérer ces enveloppes budgétaires sans distribuer les allocations trop rapidement. Elles devront poursuivre dans cette voie avec, qui plus est, des objectifs quantitatifs à atteindre. Objectifs fixés par le gouvernement, comme indiqué dans la circulaire DGEFP n°2010-04 du 21 janvier 2010 : 200.000 jeunes en Civis en 2010, soit 40.000 de plus que les objectifs annuels du plan de cohésion sociale. Les syndicats ne sont pas emballés par cette politique du quantitatif. "Il vaudrait mieux utiliser des objectifs en termes de pourcentage, que les missions locales s'engagent par exemple à faire signer un Civis à 90% des jeunes reçus ou à le proposer à tous les jeunes", détaille ainsi Jean-Philippe Revel, dont le syndicat propose par la même occasion de généraliser le Civis et de le proposer à tous les jeunes, en faisant varier le montant de l'allocation et la durée de l'accompagnement en fonction de la typologie des jeunes, "et cela, sans contraindre à toujours plus", souligne le responsable de la CGT. Un contrat globalisé qui serait bien sûr proposé par les missions locales…

 

Emilie Zapalski