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Eau potable : l’impact du changement climatique et la réutilisation des eaux usées font du chemin dans l'esprit des usagers

L'édition du baromètre du Centre d’information sur l’eau présenté le 18 décembre révèle une inquiétude des Français sur l’état des ressources en eau, sa qualité et sa disponibilité. Réalisé depuis plus de vingt ans il donne à voir une évolution certaine des préoccupations environnementales. Et traduit une prise de conscience des impacts du changement climatique tout comme la nécessité de mieux réutiliser les eaux usées. 

Réalisé chaque année par Kantar TNS (ex-Sofres) pour le Centre d’information sur l’eau à partir d'un échantillon de 2.506 individus sondés en suivant une logique de quotas mais aussi de stratification notamment territoriale, ce baromètre est un outil d'évaluation dans le temps utile aux collectivités pour se situer à la lumière des résultats fournis. Son questionnaire est axé sur le petit cycle de l’eau (production d’eau potable et dépollution des eaux usées).

Une perception plus fine

Les résultats sont nationaux mais aussi régionaux. "La déclinaison à travers des baromètres régionaux que nous proposons pour la seconde fois dans les treize régions métropolitaines permet de challenger leurs spécificités par rapport à la moyenne des perceptions et opinions nationales", indique Marillys Macé, directrice générale du Centre d'information sur l'eau. Parmi les principaux enseignements tirés par l'association figure la "préoccupation persistante" que la grande majorité des sondés expriment au sujet de l'avenir de la qualité des ressources en eau : les trois quarts d'entre eux pensent que les nappes souterraines et rivières sont polluées et 64% estiment que cela va encore se dégrader dans les prochaines années. Autre prise de conscience, 58% des personnes interrogées admettent avoir une responsabilité dans cette pollution de l’eau. Et près de neuf Français sur dix sont conscients que la pollution des ressources impacte le prix du service de l’eau. Selon l'enquête menée, "l’éventualité d’une contribution financière pour en améliorer la préservation est mieux acceptée cette année et un plus grand nombre de Français seraient d’accord pour payer l’eau plus chère pour améliorer la préservation des ressources en eau". 

La pénurie coule de source

Un sentiment perdure depuis une dizaine d'années, celui d'une pénurie d’eau "dans l’avenir et dans leur région, que 59% des Français redoutent". Le consensus ainsi se confirme (88%) sur la nécessité d'adopter des comportements économes en eau. Parmi les dispositifs domestiques existants, l'un est connu des collectivités : les réducteurs de débit d'eau que certaines distribuent aux habitants, par exemple dans le cadre d'un Agenda 21. Le baromètre laisse apparaître une marge de progression certaine dans ce domaine. Quant à la mise à disposition d’un service de suivi régulier de consommation d’eau à domicile, elle intéresse les trois quarts des personnes interrogées. 

Informer sur le rôle de chacun

"Interrogés sur ce qu’ils pensent de la facture d’eau, les abonnés au service de l’eau affichent un bon niveau de satisfaction. En revanche le rôle respectif des différents acteurs est mal connu et la responsabilité mal attribuée, les Français ne font pas la différence entre le responsable du service public et le gestionnaire du service public. Près de la moitié des personnes interrogées pense que c’est le gestionnaire du service qui fixe le prix du service de l’eau et de l’assainissement, alors qu'en réalité cette responsabilité incombe à la collectivité locale, citée par près d’un tiers (31%), qui est l’autorité organisatrice", poursuit ce baromètre. 

Des méconnaissances à éclairer

Autre lacune à combler, la méconnaissance des dispositifs de solidarité, "pas toujours connus de ceux qui pourraient en avoir besoin". Seul un tiers des Français déclare connaître leur existence et 3% y ont déjà fait appel. La moitié des sondés est disposée à contribuer à ces dispositifs à travers le paiement des factures d’eau. L’instauration d’un prix du service de l’eau fixé en fonction des revenus "divise l’opinion avec 54% qui y seraient favorables". Quant à l'idée de payer le service plus cher pour œuvrer à la mise en œuvre de ces mesures de solidarité, "elle est un peu mieux accueillie cette année avec un peu plus de la moitié des Français qui y restent hostiles". A la question posée sur le devenir des eaux usées, 52 % ne savent pas comment cela se passe et pensent qu'elles sont "directement utilisées pour produire de l’eau potable, comme s’il n’y avait qu’une seule usine de traitement". Une faible proportion imagine en outre qu'elles sont "rejetées telles quelles dans la nature".

Confiance aux autorités sanitaires

Les Français font avant tout confiance aux autorités sanitaires pour contrôler la qualité de l’eau (83%), devant les communes (75%) et les entreprises spécialisées (65%). Non sans une légère érosion, à ne pas négliger, "de la confiance accordée à chacun de ces acteurs pour garantir la qualité de l’eau". D'un baromètre à l'autre, l’opinion des Français quant à l’évolution de la qualité de leur eau du robinet au cours des dix dernières années reste stable : "Ils sont 81% à déclarer faire confiance à l’eau du robinet avant tout parce qu’elle est contrôlée, puis parce qu’ils trouvent qu’elle est de bonne qualité. Normes et contrôles forment donc le socle de la confiance."

Changement climatique et réutilisation

Autre enseignement à retenir, les Français prennent conscience des impacts du changement climatique sur la ressource en eau. La réutilisation d’eaux usées traitées représente un enjeu qui les interpelle également : 86% des personnes interrogées accepteraient d’utiliser une eau du robinet issue du recyclage des eaux usées pour leurs usages domestiques (hygiène, sanitaire, nettoyage). Et près des trois quarts seraient disposés à consommer des légumes arrosés avec des eaux usées dépolluées. "Les consommateurs semblent ouverts à envisager les différents usages que l’on pourrait mettre en place pour réutiliser les eaux usées et ainsi atténuer les pressions sur les ressources", conclut Marillys Macé.

 

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