Urbanisme - Ecoquartiers : comment améliorer la concertation ?

A l'approche de la nomination des lauréats du second appel à projets sur les écoquartiers, le "think thank" Décider ensemble, positionné sur la concertation a fait le point le 17 novembre sur la notion de ville durable.

Dirigée par le député de la Meuse Bertrand Pancher, l'association Décider ensemble s'est penchée le 17 novembre sur la dynamique de concertation mise en oeuvre dans les écoquartiers. "Il faut accepter le fait qu'on ne pourra juger des bénéfices apportés par ces écoquartiers que dans une dizaine d'années. Et éviter pour l'heure un écueil, celui de plaquer sur ces quartiers un modèle comme celui de Fribourg, certes vertueux mais qui ne convient pas partout", a prévenu d'emblée Franck Faucheux, chef de projet Ecoquartiers au ministère de l'Ecologie.
Cette comparaison avec d'autres quartiers européens, on la retrouve au coeur d'une première étude livrée pour l'occasion par Décider ensemble, avec le soutien de la Caisse des Dépôts. On y lit que "si les dynamiques de concertation sont si peu développées en France, c'est avant tout le fait d'une culture de la concertation très faible voire inexistante". Cinq cas de concertation dans des écoquartiers français sont toutefois recensés et passés à la loupe dans une seconde étude (à Grenoble, Nancy, Strasbourg, etc.).

Résistance à la nouveauté

Localement et quel que soit le projet, l'effet de résistance à la nouveauté est toujours à prendre en compte. "Il faut partir des usages mais innover en la matière, en mutualisant par exemple au mieux les équipements publics et les infrastructures de transport, est plus aisé à faire dans des quartiers dédiés, en complète restructuration, que là où les habitudes de vie sont bien plus ancrées. Partant de là, c'est néanmoins un échec si l'expérience ne se dissémine pas dans l'ensemble de l'agglomération concernée", explique Geneviève Fioraso, députée de l'Isère et vice-présidente de l'agglomération grenobloise. A l'opposé d'une logique de cumul ou de modèle unique, l'heure est à la recherche de cohérence, "de modes de concertation et d'évaluation par des indicateurs pertinents", ajoute Eric Molinié, de la direction développement durable d'EDF (et à la tête du Samu social), pour qui "une ville durable n'équivaut pas à la somme des écoquartiers qui la composent".

Gare aux juristes !

Pour progresser sur ce terrain mouvant, où même un intense travail de concertation parfois ne prend pas, ou produit alors des effets contraires à ceux escomptés, l'élue grenobloise recommande à ses pairs d'assumer que l'effort "prend du temps" et qu'il faut parfois changer de point de vue en cours de dialogue avec les parties prenantes, "tout en restant inflexible sur certaines valeurs et objectifs politiques à clairement affirmer, comme la nécessité d'une mixité sociale dans tel ou tel projet d'aménagement". Son conseil concret : écouter les juristes intervenant sur un projet, mais pas trop, au risque de figer les choses et de le noyer sous le poids des normes. A ce sujet, on pourrait croire le ministère plus tatillon. Il n'en est rien et pour Franck Faucheux, de nombreuses normes inutiles, obsolètes sont reproduites mécaniquement dans les schémas de cohérence territoriale (Scot) et plans locaux d'urbanisme (PLU) - "qui sont pourtant des documents de planification de l'urbanisation et non de prescription" - et freinent le changement, l'innovation. "Il est temps de réévaluer cette hiérarchie des normes. Mais on fait face dans le domaine à des juristes, pour qui il n'est pas question de les bousculer."

 

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