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Emploi des jeunes - Emplois d'avenir : Michel Sapin "extrêmement vigilant" sur l'accompagnement et la formation

L'objectif des 100.000 emplois d'avenir sera atteint d'ici la fin de l'année, a une nouvelle fois assuré Michel Sapin, mardi 10 septembre, devant la mission d'information de l'Assemblée. Mais selon lui, deux "points de vigilance", l'accompagnement et la formation, conditionneront la réussite du dispositif. Le ministre a par ailleurs dit vouloir "revisiter" les relations entre l'Etat et les missions locales.

54.000 emplois d'avenir ont été prescrits à ce jour, donc 35% dans les collectivités, a annoncé le ministre du Travail, Michel Sapin, mardi 10 septembre, devant la mission d'information de l'Assemblée sur la mise en oeuvre du dispositif. "Au bout du compte il y aura les 100.000 à la fin de l'année, mais je préférerais qu'ils soient équitablement répartis sur le territoire", a-t-il déclaré, confirmant le constat d'une grande disparité géographique dressé par le ministre délégué à la Ville, François Lamy, devant la même mission, une semaine plus tôt. Michel Sapin s'en est directement pris à la mairie de Marseille où selon lui "zéro emploi d'avenir a été signé alors qu'au même moment le maire demande qu'on étende le zonage des emplois francs" [Jean-Claude Gaudin a demandé à l'Etat une extension des zones franches urbaines mais s'est en revanche montré sceptique sur l'efficacité des emplois francs, NDLR]. "Commencez donc par utiliser les possibilités qui vous sont offertes", a lancé le ministre. "J'aurais tendance à dire tant pis pour vous, mais je me retiens car ce sont les jeunes qui sont les otages."

Un électrochoc pour les missions locales

Face aux différences de résultats d'une région à l'autre, voire d'une ville à l'autre à économie et démographique comparables, Michel Sapin a annoncé que "les relations entre l'Etat et les missions locales" allaient devoir être "revisitées". "Les missions locales ont été soumises à une forme d'électrochoc, qui a été un révélateur de leur capacité à agir ou réagir, il y a un challenge." "On ne fera pas des directeurs de missions locales des préfets ou des sous-préfets aux ordres du gouvernement", a-t-il cependant précisé.
Michel Sapin s'en est par ailleurs pris aux "sceptiques" qui critiquent la lenteur de la mise en place du dispositif, assurant que la cible des emplois d'avenir, à savoir les jeunes peu ou pas qualifiés de 16 à 25 ans, étaient atteinte. Ainsi, 87% d'entre eux ont un niveau inférieur au bac. Selon lui, cela n'entraîne pas d'effet d'éviction sur d'autres dispositifs comme l'apprentissage ou les contrats aidés classiques. Par ailleurs, 30% des emplois d'avenir sont signés dans les zones prioritaires : zones urbaines sensibles, zones de revitalisation rurale et outre-mer. "C'est très exactement l'objectif que nous nous étions fixé", s'est-il réjoui, reconnaissant toutefois, comme François Lamy avant lui, que seulement 15% d'entre eux résident en ZUS, contre un objectif de 20%. "Sur ce point, des efforts supplémentaires devront être faits", a déclaré Michel Sapin.

Deux points de vigilance

Le ministre a toutefois mis en garde contre "deux points de vigilance" : l'accompagnement et la formation. Sur l'accompagnement, confié aux missions locales pendant la durée du contrat, "il doit se faire dans la durée". "Il faut être extrêmement vigilant à la qualité", a-t-il insisté. "Il faut être attentif à ce que les plans de formation soient réels pour que [les jeunes] puissent progresser individuellement. Mais il est très tôt pour juger de la qualité de cette formation", a-t-il ajouté, rappelant que, dans un premier temps, les contraintes avaient été allégées. Alors que le président de la mission d'information Jean-Marc Germain a dit avoir constaté "beaucoup de lacunes" au niveau des formations dispensées par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) "aux jeunes accueillis par les collectivités", le ministre a reconnu là encore des disparités locales et a promis d'y être "très attentif".

Michel Tendil



Des départements bien engagés… à l'instar du Nord
Les conseils généraux sont bel et bien prêts à prendre toute leur part dans la réussite du dispositif des emplois d'avenir. Ils sont même prêts à faire figurer un engagement en ce sens dans l'accord-cadre qu'ils devraient bientôt signer avec le Premier ministre. Le président de l'Assemblée des départements de France (ADF), Claudy Lebreton, l'a redit ce 10 septembre (voir ci-contre notre article de ce jour). Il l'a également dit récemment à la mission parlementaire de Jean-Marc Germain venue le voir dans les Côtes-d'Armor au titre d'une série de visites de terrain. L'ADF est d'ailleurs en train de collecter les chiffres permettant de mesurer cet engagement des départements. Ainsi par exemple, dans les Côtes-d'Armor, le conseil général a recruté 20 emplois d'avenir au sein des services du conseil général et en soutient 500 au total sur son territoire. Autre illustration, à une autre échelle, avec le plus gros département de France (le plus peuplé et le plus gros budget), à savoir le Nord. Patrick Kanner, venu ce 10 septembre à Paris évoquer le prochain congrès de l'ADF qui se tiendra en octobre à Lille, a en effet indiqué que le conseil général du Nord mise sur le recrutement de pas moins de 300 emplois d'avenir au sein même de ses services et sur le placement de 700 autres jeunes auprès de ses partenaires (communes, associations…). Il a aussi précisé que les 300 jeunes accueillis au conseil général avaient vocation à "être intégrés comme de véritables futurs collaborateurs", l'objectif étant bien de les recruter au terme des trois ans pour, notamment, remplacer des départs en retraite. "Ce sont donc de vrais emplois", insiste-t-il. Il évoque aussi un ambitieux système de cofinancement mis en place conjointement par la région Nord-Pas-de-Calais et les deux départements en complément de la prise en charge assurée par l'Etat. Un système grâce auquel 6.000 emplois d'avenir devraient pouvoir être intégralement financés, "sans aucun reste à charge pour l'employeur".
Claire Mallet
 


 

 

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