Hagetmau roule solidaire (40)

Confrontée à l’isolement de nombreuses personnes dépourvues de moyen de locomotion sur son territoire, la municipalité de Hagetmau a permis de créer, fin 2020, un service de mobilité pour le moins original. Porté par une association loi 1901, baptisée « Roulons solidaire », ce service met en relation des chauffeurs bénévoles du territoire avec des personnes ayant besoin de se déplacer pour satisfaire des besoins vitaux (rendez-vous médicaux ou administratifs, courses alimentaires ou autres) dans un périmètre de 50 kilomètres.

« Nous voulions améliorer la mobilité des habitants, explique Carmen Castro-Mauvoisin, adjointe au maire de Hagetmau en charge des affaires sociales, aux nombreuses casquettes (coprésidente de Roulons solidaire mais aussi vice-présidente du centre communautaire d’action sociale et conseillère communautaire). Nous avons alors cherché ce qui existait déjà et avons trouvé une initiative intéressante à Villeneuve-de-Marsan, ainsi qu’à Mugron. Nous avons donc dupliqué ce dispositif, à quelques différences près. » Le succès est tel que le service s’est progressivement étendu aux 50 communes de la communauté de communes Chalosse Tursan. Mieux encore, d’autres collectivités ont emboîté le pas. « Nous avons été contactés par la commune d’Azur et lui avons transmis les informations pour monter sa propre association, sourit l’élue hagetmautienne. Au total, cinq associations se sont créées dans le département. Aujourd’hui, toutes ces associations se retrouvent deux fois par an pour partager leurs expériences. »

Une organisation rigoureuse

Le principe est simple : l’association met en relation des chauffeurs bénévoles et des bénéficiaires grâce à des référents locaux (également bénévoles) qui assurent la logistique. Pour participer ou bénéficier du service, il faut adhérer à l’association, moyennant une cotisation de 5 euros par an et par famille (personnes vivant sous le même toit). « C’est très organisé, commente Carmen Castro-Mauvoisin. Chaque chauffeur a un petit carnet à trois volets sur lequel il note son nom, la personne transportée, le temps passé, le nombre de kilomètres réalisés. Il assure l’aller et le retour. Lorsque le bénéficiaire lui donne sa participation financière, il reçoit en contrepartie un volet du carnet. L’association en a une copie également. »

Les enfants ne sont transportés que s’ils sont accompagnés de leurs parents ou d’une personne de la famille. S’agissant du coût de déplacement, une participation de 35 centimes par kilomètre est demandée aux bénéficiaires (en 2024). Si plusieurs personnes font le même trajet, le coût est partagé. En outre, l’association propose des formations aux bénévoles, notamment sur les gestes de premiers secours.

Ce service est rendu sans conditions de ressources. « Mais, avant de démarrer l’association, j’ai rencontré les professionnels du territoire pour leur expliquer le dispositif et leur dire que nous ne ferions pas de transport pris en charge par la Sécurité sociale, une caisse de retraite ou une mutuelle », précise l’adjointe au maire. De quoi éviter toute concurrence avec les services de véhicule sanitaire léger (VSL) et autres. En revanche, le service trouve tout son intérêt pour les personnes à faibles revenus qui auraient besoin de se rendre à une consultation à Pau ou Mont-de-Marsan dont le transport ne serait pas remboursable. Ce qui peut représenter, pour eux, un coût prohibitif en taxi.

Le rôle de la collectivité

Outre l’implication bénévole d’une élue, la municipalité a soutenu l’initiative en l’aidant, dans un premier temps, à faire les nombreuses photocopies nécessaires pour les flyers, affiches et les carnets. Par ailleurs, la ville met un local à disposition de l’association (partagé avec deux autres associations). À cela s’ajoutent d’autres aides, dont une subvention de la communauté de communes Chalosse Tursan. « Car nous avons étendu le service sur l’ensemble des 50 communes du territoire, précise Carmen Castro-Mauvoisin. Nous n’irons pas plus loin car c’est très lourd. En revanche, nous sommes disposés à aider les personnes qui souhaitent créer leur association. »

D’autant que le dispositif repose surtout sur l’engagement citoyen, à savoir 143 chauffeurs bénévoles (en majorité des jeunes retraités). Pour assurer sa mission, chacun doit fournir permis de conduire et attestation d’assurance, accepter le règlement intérieur et s’engager à tenir l’association informée de sa situation (en cas de pertes de points de permis).

Aussi lourd soit-il à gérer, ce dispositif est salué par tous. En plus de répondre à des enjeux de mobilité, il permet de créer du lien social entre chauffeurs et bénéficiaires. Sans compter les temps de réunions et de convivialité entre l’ensemble des bénévoles.