L'aventure de Cinéco, cinéma itinérant en terres cévenoles (30/48)
Depuis plus de quarante ans, Cinéco, plus vieux circuit de cinéma itinérant de France, apporte le 7e art dans les communes isolées des Cévennes gardoises et lozériennes. Avec le soutien des collectivités, cette initiative permet aux territoires dépourvus de salle de cinéma de bénéficier d’un accès à une programmation de films récents, de documentaires ou de ciné-débat.

© DR
Le modèle de Cinéco repose sur un système de diffusion itinérant. L'association couvre une trentaine de villages des Cévennes, à cheval entre le Gard et la Lozère. Dans la zone centrale, dite historique, ce sont les bénévoles qui assurent la projection, le transport du matériel et la programmation des films. « Nous n’avons aucun lieu de stockage, pas de bureaux, nous sommes complètement itinérants, les projecteurs circulent d'un village à l'autre et chaque village va chercher le projecteur à côté du sien pour limiter l'impact carbone et le coût de déplacement », précise Vincent Kopf, directeur de Cinéco. L'histoire de Cinéco commence dans les années 1980, portée par une poignée d’habitants des Cévennes. « Il y avait un vrai besoin de culture. Les gens en avaient marre de devoir faire deux heures de voiture pour aller au cinéma à Montpellier ou à Nîmes, alors ils ont créé cette association de façon un peu informelle », se remémore le directeur de Cinéco, qui a débuté en tant que bénévole de l’association. Au fil du temps, l’organisme s'est développé, notamment grâce au dispositif « Emploi Jeune » dans les années 2000, qui a permis d'embaucher un premier salarié. Aujourd'hui, Cinéco compte quatre équivalents temps plein et s'appuie sur un réseau de 120 bénévoles. Un système qui a fait ses preuves, puisqu’il permet aujourd’hui d'organiser plus de 1 100 séances par an, soit trois par jour en moyenne, pour une fréquentation d'environ 36 000 spectateurs.
Un service culturel soutenu par les collectivités
Stéphan Maurin est maire de Pont-de-Montvert-Sud-Mont-Lozère et vice-président en charge de la culture, au sein de la communauté de communes des Cévennes au Mont Lozère. Pour lui, Cinéco parvient à remplir une véritable mission de service public, « au même titre que des offres que l’on propose comme la crèche, l'école. La culture a une place très importante pour les habitants ». Un fonctionnement donnant-donnant car, si l’association est en mesure d’apporter du matériel et de faciliter les échanges et la diffusion des films, les communes doivent, elles aussi, y prendre part. À travers notamment la mise à disposition de bénévoles, de leurs salles polyvalentes mais aussi d’un soutien financier. La communauté de communes des Cévennes au Mont Lozère contribue à hauteur de 5 000 euros par an. « Pour nous, c'est important de pouvoir permettre à des structures comme celle-ci d'évoluer dans les meilleures conditions », assure l'élu.
Des films proposés par les bénévoles
La programmation est décidée de façon collégiale tous les trois mois par les bénévoles des différentes communes. Si les « films incontournables » que l’on retrouve en tête d’affiche dans les cinémas citadins constituent l'essentiel de la programmation, il n’est pas rare que certains soient ajoutés ou a contrario supprimés de la liste après discussion entre les bénévoles. Une sélection essentielle, puisqu’elle permet de dédier des créneaux à des propositions plus pointues, des documentaires, des ciné-débats mais aussi des projections ouvertes aux écoliers. Outre les catégories variées permettant de satisfaire un très large public, Cinéco a su tout mettre en œuvre pour proposer des tarifs accessibles, entre 4 et 6 euros la place. Un prix deux fois inférieur à celui appliqué dans les cinémas urbains et qui permet à tous les publics de profiter de cette offre culturelle.
Un modèle économique diversifié
Bien que l’association ait surmonté de nombreux obstacles, ceux-ci demeurent néanmoins présents. « La restructuration territoriale a perturbé les équilibres établis, ce qui a réduit les interactions entre les acteurs culturels et a eu pour effet de diminuer certains soutiens publics », déplore son directeur. Malgré ces difficultés, l'association parvient se maintenir, grâce à un modèle économique diversifié. Les recettes proviennent à la fois de la billetterie (109 083 euros), des prestations (82 977 euros) et des subventions de différentes institutions (77 917 euros), dont la DRAC, la région Occitanie, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et les collectivités locales. « Nous avons toujours eu un fonctionnement super économe : faire en sorte que cela fonctionne avec le minimum pour pouvoir en faire un maximum avec le moins de moyens possible, et ça marche », confie Vincent Kopf. La preuve, depuis plus de 40 ans, Cinéco fait le bonheur des petits et des grands dans les Cévennes.
Le fonctionnement de Cinéco en quelques chiffres
- 30 communes bénéficient des services de Cinéco
- 1 100 séances organisées par an
- 36 000 spectateurs annuels
- 120 bénévoles impliqués
- Subventions publiques : 77 917 euros en 2023
- Soutien communautaire : 5 000 euros par an de la communauté de communes des Cévennes au Mont Lozère
Communauté de communes Des Cévennes au Mont Lozère
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