Prévention du cancer de la peau : Varzy organise avec succès la téléconsultation (58)

Sur les 70 personnes qui se sont pressées pour bénéficier du dépistage dermatologique organisé en juin dernier à Varzy, 20 % ont besoin d’un suivi médical plus poussé. « Soit le double de la moyenne nationale ! », souffle le maire, Gilles Noël. Il n’est finalement pas tant surpris, car la commune compte beaucoup d’agriculteurs qui travaillent, de fait, toute la journée dehors : ils sont particulièrement exposés aux méfaits du soleil à forte dose. Et le suivi minimum est bien difficile à mettre en place, du fait de l’absence de dermatologue dans le département.

Le désert dermatologique

Dans ce bout de la Nièvre, accéder à un dermatologue suppose d’être (très) patient, et d’aller consulter dans les départements limitrophes, sachant que l’Yonne voisine ne compte qu’un seul dermatologue… « Résultat, certains baissent les bras, d’autres reportent leur projet, ou doivent tellement attendre qu’une maladie a le temps de dégénérer », reprend le maire et par ailleurs vice-président, en charge de la santé, de l’association des maires ruraux de France (AMRF). 

« Nous sommes dans une situation désespérante mais pas désespérée », a-t-il coutume de dire. Il a donc cherché le moyen de faire venir un spécialiste à Varzy. Et pour cela, il s’est tourné vers une plateforme – AvisDoc, dont lui avait parlé un dermatologue. 

Il offre alors à la plateforme de servir de terrain d’expérimentation en milieu rural, avec deux conditions : « que cela ne coûte rien à la commune » et que ce soit des professionnels de santé exerçant sur Varzy (en l’occurrence deux infirmières du pôle intercommunal de santé) qui assistent le dermatologue à distance, pour les gestes nécessaires de la consultation (prise de photo, etc.). Le maire s’engage, lui, à trouver les partenaires pour financer l’opération (cf. encadré). De l’idée à la réalisation du projet, il ne faudra que quatre mois !

Indispensables relais locaux

Les deux journées de téléconsultation (14 et 26 juin) se sont tenues au pôle de santé intercommunal de Varzy. Au préalable, les élus du conseil municipal ont eux-mêmes distribué des flyers dans toutes les boîtes aux lettres de la commune pour informer la population. Un flyer avait été adressé aux maires des 14 communes alentour. « Merci à la Safer, la chambre d’agriculture et à la MSA »¹, tient à ajouter le maire. Ces trois institutions ont chacune largement relayé l’information à leurs adhérents ou membres. Au total, près de 4 000 personnes ont été informées. « Une personne a parcouru 70 kilomètres le matin et autant le soir pour pouvoir bénéficier de cette consultation. Elle errait depuis des mois pour trouver un spécialiste », cite en exemple le maire. 

Défricher la seconde étape : le suivi médical

80 % des personnes sont sorties de la consultation rassurées : pour elles, tout va bien. « C’est important d’apporter une réponse aux personnes qui doutent, et de rassurer, comme en juin les personnes qui s’inquiètent de la taille d’un grain de beauté ou autre », apprécie le maire qui compte renouveler l’opération tous les ans. Il a bon espoir, et même confiance en ses partenaires, pour y parvenir. 

En revanche, il est plus inquiet pour les 20 % de personnes pour lesquelles il a été diagnostiqué la nécessité d’une prise en charge médicale, quel que soit le degré de gravité. À défaut d’avoir reçu l’amorce d’une proposition de la part de l’agence régionale de santé (ARS) pour organiser le suivi des patients, le maire a pris contact avec des chirurgiens et spécialistes de départements voisins, prêts à trouver une solution pour prendre en charge ces patients… À suivre donc. La commune a d’ores et déjà prévu d’ajouter une troisième journée prochainement, pour répondre à la cinquantaine de demandes de rendez-vous qui n’ont pu être satisfaites en juin. « Dans nos villages, nous sommes condamnés à faire davantage de prévention, faute de disposer de temps médical suffisant », conclut le maire.

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Safer : Société d'aménagement foncier et d'établissement rural

MSA : Mutuelle sociale agricole