Fermeture de la 2G-3G : les frais occasionnés pour les collectivités passent mal

L'Association nationale des élus de la montagne (Anem) organisait ce 16 décembre 2025 un webinaire sur la fermeture des réseaux mobiles 2G et 3G. L'occasion pour la Fédération française des télécoms (FFTélécoms) de détailler le calendrier de Bouygues et SFR en plus de celui d'Orange déjà connu. Pour les élus, le fait de devoir remplacer des matériels fonctionnant encore passe mal.

Après Orange, c'est au tour de Bouygues Telecom et SFR de dévoiler leur calendrier de fermeture des réseaux mobiles 2G/3G. On rappellera que Free n'a pas de réseau en propre sur ces technologies, il utilise celui d'Orange. Par ailleurs, ce calendrier est de la responsabilité des opérateurs et s'inscrit dans une dynamique mondiale, l'Arcep n'ayant aucun pouvoir prescriptif en dehors du sujet couverture.

Calendrier précisé

Pour mémoire, Orange ouvrira le bal fin mars 2026 avec l'extinction de la 2G dans l'unité urbaine de Biarritz. Le dispositif s'étendra en mai aux Landes et au reste des Pyrénées-Atlantiques, puis en juin à d'autres départements en Occitanie. La généralisation au territoire métropolitain interviendra fin septembre 2026.

Bouygues Télécom lancera sa "vague préparatoire" le 15 novembre 2026 à Brest, Guipavas, Nancy, et Vandœuvre-lès-Nancy, avant une généralisation entre le 1er et le 15 décembre. SFR suivra un calendrier similaire, avec une première phase en zones très denses entre début novembre et mi-décembre 2026.

Pour la 3G, les trois opérateurs affichent "fin 2028" comme horizon commun. "Les modalités seront précisées dans les prochains mois" a indiqué Gaël Roger, représentant de la FFT.

Des risques sur la couverture mobile ?

La FFTélécoms a déroulé l'argumentaire des opérateurs pour justifier une migration que "la France est la dernière à entamer". Sécurité d'abord : les réseaux 2G et 3G, "conçus dans les années 90", sont "beaucoup plus facilement piratables" que les technologies récentes. Environnement ensuite : ces anciens réseaux représentent "21 à 33% de la consommation énergétique totale", alors qu'ils "ne font circuler quasiment plus aucun usage". Dernier argument : libérer des fréquences pour absorber la demande croissante de données via les réseaux 4G et 5G.

La couverture mobile serait ensuite un non-sujet… enfin, "a priori". Après avoir affirmé que "la fermeture ne va pas entraîner une moindre couverture mobile", chaque équipement 2G étant remplacé par un 4G, la FFTélécoms concède à un élu inquiet une vision théorique sur des trous qui ne sont "pas supposé se produire" mais avec "peut-être des cas particuliers".

L'addition passe mal

Si la FFTélécoms a insisté sur le fait que les opérateurs bombardaient leurs clients d'alertes, les élus se sont inquiétés des matériels techniques (ascenseurs, compteurs…) placés sous la responsabilité de tiers. Dans ce domaine, il va souvent falloir changer la totalité des boîtiers communicants (et non une carte SIM), pourtant fonctionnels, ce qui passe mal. "On a aujourd'hui beaucoup d'équipements qui fonctionnent en télérelève en 2G, 3G. Pour notre collectivité, ça représente un parc d'à peu près 100 appareils qu'il faut qu'on change. C'est un coût qui doit être supporté par la collectivité et donc, in fine, par l'usager, parce qu'on va devoir le répercuter sur le prix de l'eau" assure un élu. Un schéma d'autant plus probable qu'il lui est confirmé qu'il n'y aura "pas d'aide". La FFTélécoms se réfugie derrière le fait que ces changements sont de la responsabilité des fournisseurs de solutions connectées. Or ceux-ci ont été prévenus en amont du chantier "pour leur permettre d'anticiper". 
Coté ascenseurs, les cabines dont le bouton d'appel ne fonctionnera plus sont censés être mises à l'arrêt le jour J puisqu'il s'agit d'un équipement obligatoire. Et le prestataire sera seul responsable assure la FFTélécoms, "la responsabilité de la collectivité ne pouvant être engagée".
Pour le vérifier, la prochaine étape sera un bilan des premières extinctions dans le Sud-Ouest.

› 5,6 millions de cartes SIM encore concernées

L'Arcep a publié le 11 décembre 2025 la deuxième édition de son observatoire trimestriel sur l'extinction des réseaux 2G et 3G. Fin septembre 2025, 5,6 millions de cartes SIM "2G" et "3G/2G" restaient en circulation en France métropolitaine pour les quatre opérateurs mobiles (hors cartes SIM étrangères).

Le parc se divise en deux catégories quasi égales : 
- 2,6 millions de cartes (47%) pour des services grand public (voix/SMS/internet mobile) ; 
- 3 millions (53%) pour des services dits Machine-to-Machine (compteurs, alarmes, dispositifs industriels). 
Pour le grand public, 1,6 million de cartes sont en 2G uniquement et 1 million en 3G/2G. Côté Machine-to-Machine, 1,1 million fonctionnent en 2G et 1,9 million en 3G/2G.

Le régulateur note une baisse de 285.000 cartes SIM sur le trimestre juin-septembre 2025, soit une diminution de 4,8%. La décroissance est plus marquée pour les usages industriels (plus de 10% sur la 2G) que pour le grand public (4% sur la 2G).

L'Arcep se veut rassurante en estimant que "la dynamique de décroissance de ces parcs" devrait "s'intensifier dans les prochains mois" à l'approche des échéances d'extinction. Le régulateur se dit cependant "attentif aux actions mises en œuvre par les opérateurs pour accélérer la transition".

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis