Financement des modes alternatifs à la voiture : la Fnaut repart à l’offensive

La Fédération nationale des associations d'usagers des transport (Fnaut) vient de présenter les résultats d'une étude sur les dépenses des voyageurs selon les modes de transports. Ils montrent que pour les déplacements de courte distance, la voiture revient moins cher que le transport collectif urbain tandis que sur longue distance, le covoiturage, l'autocar et l'avion à bas coût sont plus abordables que le ferroviaire. Mais pour la Fnaut, ces différences tiennent au fait que les vrais coûts des modes polluants ne sont pas pris en compte. Il est donc urgent selon elle d'inverser la tendance.

Si l'on prend en compte son coût marginal (essence et stationnement), la voiture revient nettement moins cher (8 centimes d'euro par voyageur au kilomètre en moyenne) que le transport collectif urbain (14 centimes d'euro) et fait jeu égal avec le TER pour les déplacements de courte distance, selon une étude présentée ce 7 février par la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut). Pire, l'écart s'est creusé entre 2011 et 2018. Sur longue distance, la même étude, réalisée par l'économiste Jean-Marie Beauvais, montre que le ferroviaire affiche des coûts nettement plus élevés pour les voyageurs que le covoiturage, l'autocar et l'avion à bas coût et qu'il se trouve plus menacé qu'il ne l'était en 2011, notamment à cause de l'arrivée des cars Macron.

Attractivité de la voiture

Un constat qui ne laisse pas d'inquiéter la Fnaut qui milite pour l'équité entre les modes de transports et met pour cela en avant l'urgence climatique.
Pour la fédération, la voiture est largement utilisée car elle reste très attractive. "Elle assure le porte-à-porte, le transport facile des bagages et beaucoup d’autonomie, note son vice-président, Jean Sivardière. Mais son usage est sous-tarifé car l’automobiliste est loin d’assumer l’ensemble de ses coûts : économiques (entretien et construction des routes, accidents, congestion), sociaux (pollution de l’air, bruit, santé publique) et climatiques (émissions de gaz à effet de serre). C’est le cas en particulier en milieu urbain, puisque le stationnement est gratuit dans les entreprises et qu’aucune ville n’a encore introduit le péage urbain."

Hausse "modérée" de la TICPE

Pour "corriger les effets pervers de la tarification" et "provoquer des reports modaux vertueux", la Fnaut estime qu'il faut à la fois envisager une hausse" modérée" du coût d’usage de la voiture, et abaisser le prix du train. Le produit des nouvelles taxes ciblant la voiture (TICPE, péage urbain) devrait alors être affecté aux modes alternatifs, d'autant que la loi d'orientation des mobilités n'a pas prévu de financements dédiés pour les zones blanches de la mobilité, relève-t-on à la Fnaut. Selon Jean-Marie Beauvais, un centime supplémentaire de TICPE sur les carburants routiers (chiffres 2018) rapporterait ainsi 520 millions d'euros ; si seul le carburant automobile était taxé, le produit serait de 271 millions d'euros.

Baisse du taux de TVA des transports publics

Inversement, pour diminuer le prix du transport collectif, l'une des solutions peut être d'instaurer sa gratuité en ville. Mais la Fnaut n'y est pas favorable. "La gratuité ne provoque pas de report modal et paupérise le transport collectif, tranche Jean Sivardière. Elle coûte cher et empêche d’investir et d’améliorer l’offre." Face à un prix du train qu'elle juge trop élevé, la Fnaut estime plutôt que le taux de TVA sur le transport public devrait être abaissé au taux minimal de 5,5% . "En Allemagne, il vient d’être abaissé de 19% à 7%, taux déjà en vigueur pour les trajets de moins de 50 km, argue-t-elle. Il en résultera une baisse du prix du billet d’environ 10% : la Deutsche Bahn attend 5 millions de voyageurs supplémentaires."

Fin des subventions aux modes polluants

Autre revendication de la fédération : "ne plus subventionner les modes nocifs pour l'environnement". "Chaque mode doit payer ce qu’il coûte à la collectivité", défend Jean Sivardière. La Fnaut propose ainsi que l’usager de la voiture contribue aux frais de voirie mais aussi que les transactions via les plateformes de covoiturage soient taxées, comme le sont toutes les opérations commerciales. L’autocar doit, lui, être soumis à une écotaxe "car il use les routes autant qu’un camion", souligne la Fnaut. Enfin, appuie-t-elle, "l’avion, surtout à bas coût, ne doit plus recevoir les larges subventions (aux aéroports et aux compagnies aériennes) qui abaissent son coût d’usage".