Fium’Orbu Castellu et Oriente développent ensemble l’écotourisme (20)

Les plages extraordinaires de Ghisonaccia sont bien connues des amoureux de la Corse orientale, qui viennent profiter des plaisirs balnéaires, mais bien souvent ne s’aventurent pas dans les terres. « Notre territoire compte de nombreux villages vacances et hôtels clubs, environ 10 000 lits, mais le tourisme est très concentré sur le littoral, explique Francis Giudici, président du conseil communautaire de Fium’Orbu Castellu. Nous voulons nous diversifier et faire découvrir l’arrière-pays, très agricole. » Car les villages du piémont recèlent des beautés cachées qui méritent d’être découvertes. C’est donc pour attirer une autre clientèle, férue de nature, de randonnées et de sites authentiques, que les élus des deux communautés de communes Fium’Orbu Castellu et Oriente se sont associés pour élaborer un tourisme plus durable, responsable, et plus étalé dans la saison.

Mener une stratégie commune

Pourtant, développer une offre d’écotourisme ne se décrète pas. Si quelques agriculteurs de la région souhaitaient déjà créer des hébergements, accueillir des visiteurs et promouvoir leurs produits locaux, ces propositions restaient éparses et peu visibles. Lauréates d’un appel à projet du programme européen Leader, les deux communautés de communes ont bénéficié d’une enveloppe de 1,20 M€ qui a permis de mettre en œuvre leur « stratégie pour la structuration d’une offre d’écotourisme ». Une structure porteuse a été spécialement créée, le Groupe d’action locale (Gal), présidée par un élu local, Don Marc Albertini, maire de Ghisoni, pour sélectionner des projets proposés par les acteurs, les accompagner et les soutenir. D’autant qu’aux fonds européens se sont ajoutés ceux de l’Ademe (63 000 €), gagnés dans le cadre d’un autre appel à projet, sur l’économie circulaire cette fois. C’est ainsi que le Gal a pu embaucher deux animatrices, l’une à temps plein et la deuxième à temps partiel, pour trois ans (2020-2023). Chargées d’animer la stratégie « écotourisme », elles ont pour mission de créer un réseau et d’assurer la promotion de cette nouvelle destination touristique auprès du grand public.

Bâtir une offre d’éco-hébergement, valoriser la culture corse

Quatre axes d’action ont été identifiés. Le premier consiste à développer les aménagements et outils de découverte des milieux naturels : valorisation des étangs, des ressources en eaux, développement des mobilités douces. Le deuxième axe vise à faciliter la rencontre entre le visiteur et les artisans/producteurs du territoire. Le troisième s’attache à bâtir une offre d’éco-hébergement qui valorise la culture corse. Enfin, le quatrième axe regroupe ce qui concerne la promotion et la commercialisation de l’offre d’écotourisme développée sur le territoire.

« La première étape a consisté à installer le dispositif et à rechercher des porteurs de projets, leur expliquer le projet et les convaincre de s’y engager, raconte le président du Gal de Corse orientale, Don Marc Albertini, qui a piloté le projet. La démarche n’envisageait pas de constructions neuves, exclusivement des réhabilitations de bâtiments existants ou des extensions. » Pas d’investissements démesurés donc, essentiellement de la réhabilitation et de la rénovation, y compris énergétique. Le Gal a ensuite aidé les porteurs de projets en jouant le rôle d’assistant à la maîtrise d’ouvrage (AMO) et en les accompagnant au fil de leur opération.

Chargée de mission stratégie Écotourisme pour le Gal de Corse Orientale, aux côtés de sa collègue Laure Prieur, Annabelle Gossein a mené un important travail de promotion du territoire : « Nous manquions de photos de l’arrière-pays, nous avons donc contacté des blogueurs pour qu’ils nous proposent des packages images/textes bien référencés. Aujourd’hui, nous avons plus de 7 000 abonnés sur Facebook et Instagram et de nombreux visiteurs sur le site… ». L’action numérique a été complétée par des rencontres, des ateliers sur le terrain et des animations pédagogiques.

65 adhérents signataires d'une charte

La dynamique collective est en cours. Le Réseau écotourisme en Corse Orientale compte à ce jour 65 adhérents, qui ont signé la Charte. Celle-ci n’a rien de coercitif. Si les recommandations sont très précises, il s’agit plutôt de donner l’esprit du projet : « La charte s’inspire de l’écolabel européen, c’est un premier pas pour les acteurs du tourisme qui visent l’accréditation européenne », précise Annabelle Gossein.

Après trois ans d’expérimentation et de déploiement, la démarche est désormais bien enclenchée, même si quelques points restent à résoudre, notamment la pérennité du Gal. « Cette structure était éphémère et elle arrive à sa fin. Nous travaillons actuellement à la pérenniser en transférant ses missions et ses responsabilités à un office de tourisme intercommunal », indique le président du Gal. Qui surveille attentivement la publication d’éventuels autres appels à projets institutionnels, dont les subsides pourraient aider le territoire à poursuivre sa démarche…

Dernier point, un « avertissement aux lecteurs, d’élu à élu », du président du Gal de Corse orientale, Don Marc Albertini, à propos des fonds européens : « Ces crédits sont alloués dans le cadre de procédures très bureaucratiques. Il faut vraiment prendre le temps de bien préparer les choses, et de se faire tout préciser sur le financement et la règle du jeu : quelles sont les dépenses éligibles ? Quels justificatifs apporter ? etc. Il faut vraiment s’y intéresser en amont pour éviter déceptions et incompréhensions en aval… »