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Emploi - Forte mobilisation pour la survie de la maison de l'emploi de Plaine commune

Les élus de la communauté d'agglomération de Plaine commune (Seine-Saint-Denis), accompagnés dans leur démarche par les représentants des syndicats, se mobilisent contre la réduction annoncée du budget des maisons de l’emploi. Un budget qui devrait passer de 1,3 million d’euros par an à 300.000 euros à partir de janvier 2011. L’annonce a été faite dans un courrier émanant de la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) d’Ile-de-France dans le cadre du premier examen du dossier de reconventionnement de la maison de l’emploi pour 2011. Argument employé pour justifier cette réduction des moyens financiers : certaines actions de la maison de l’emploi, comme les cyberbases, une grande partie des actions des chargés de mission emploi-formation ou encore l’amorçage de la VAE (validation des acquis de l’expérience), sont considérées hors cahier des charges. Des actions inéligibles au nouveau cahier des charges des maisons de l'emploi, publié en janvier 2010, qui représentent 70% du budget. "C’est un affront fait aux populations au moment où les indicateurs sociaux sont dans le rouge, et cela depuis des années", s’est indigné Philippe Laurant-Quintin, coordinateur emploi-insertion à l’antenne de Villetaneuse, représentant syndical CGT, lors d'une conférence de presse organisée le 15 novembre 2010. Le territoire compte ainsi 24.000 demandeurs d’emploi et 15.000 bénéficiaires du RSA, et enregistre un taux de chômage des jeunes de 28%. Aujourd’hui, la maison de l’emploi couvre tout ce territoire de 346.000 habitants avec six espaces différents, chaque espace regroupant en un seul lieu l’ensemble des dispositifs d’accès à l’emploi, missions locales, plan local pour l'insertion et l'emploi (Plie), services d’appui aux bénéficiaires du RSA, en complémentarité avec Pôle emploi. Un espace "maison de l’emploi", celui dépendant de la mairie de Pierrefitte, est en cours de création. Le maire, Michel Fourcade, s’inquiète : "Inauguration le 2 décembre, fermeture le 3 ? C’est un scandale qu’au moment où le nombre de chômeurs explose on réduise de façon drastique les aides qu’il conviendrait d’augmenter." Et le maire de Pierrefitte de confier à Localtis que "l’intérêt d’une maison de l’emploi est d’apporter de nouvelles offres de services mais aussi de fédérer le Plie, les missions locales et autres acteurs de l’emploi de manière à avoir un outil qui gagne en lisibilité et en lien avec Pôle emploi. Si on dépèce cette capacité à faire de la mutualisation, cette coordination va être étiolée et il n’y aura plus de valeur ajoutée des maisons de l’emploi". Pour les élus, ces maisons de l’emploi ne font pas doublon avec Pôle emploi. D’un côté, Pôle emploi correspond à un lien direct entre les individus et les questions de droit (inscription, indemnisation, entretiens d’évaluation), de l’autre, les maisons de l’emploi offrent un accompagnement humain indispensable, notamment pour les populations les plus éloignées de l’emploi. "Est-ce que la maison de l’emploi est quelque chose de rentable ? Oui, nous avons suffisamment de recul pour dire que les publics qui y sont reçus n’auraient pas été reçus ailleurs", a expliqué Jean-Pierre Leroy, conseiller municipal d'Epinay-sur-Seine. Tous restent très mobilisés. "On n’abdique pas, on va se battre", a ainsi assuré Patrick Braouezec, président de Plaine commune, qui compte demander, avec les autres maires et les syndicats, audience auprès du nouveau ministre du Travail, Xavier Bertrand, dès la semaine prochaine. "Nous allons déterminer les formes d’actions à mettre en oeuvre", explique pour sa part le représentant syndical de la CGT. Reste que d’autres maisons de l’emploi risquent d’avoir le même problème. Une évaluation est en cours, à la demande du gouvernement, pour déterminer les financements nécessaires… ou pas.

 

Emilie Zapalski