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Environnement - Gestion de l'eau en Ile-de-France : de nombreux élus réclament un retour en régie

Le 8 décembre, des élus franciliens ont rendu public la liste des signataires d'un appel défendant "un retour en régie publique et un large débat démocratique" pour la gestion du service d'eau potable en Ile-de-France. Avec 4 millions d'habitants desservis dans 144 communes et sept départements, ce service est le plus important d'Europe. L'appel aux élus des communes membres du Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) représente un moment clé dans la résistance engagée face au mode dominant de gestion déléguée historiquement à Veolia Eau. Il intervient quelques jours après que la Commission consultative des services publics locaux du Sedif a elle-même remis en cause la pertinence du mode actuel de gestion.

Plus de 700 signatures ont été recueillies. "La mobilisation gonfle depuis septembre et, d'ici le 11 décembre, on vise un millier de signatures. D'ici là, on accélère le rythme des débats organisés et nombre de conseils municipaux vont également discuter du sujet", a précisé Christian Métairie, maire-adjoint d'Arcueil (94) et délégué au Sedif.

Le 11 décembre, les 142 délégués du Sedif se prononceront sur la proposition arrêtée il y a deux mois par le bureau du syndicat, laquelle vise à confier à nouveau la gestion à un opérateur privé sous forme de "régie intéressée rénovée", à l'issue de l'actuel contrat en 2010. En clair, les délégués vont donc se prononcer soit en faveur d'une reconduction de la délégation au profit d'entreprises privées (Veolia et Suez sont candidates), soit pour une gestion publique sous forme de régie. "Parmi les signataires de l'appel, tous les courants de la gauche sont représentés et les élus franciliens membres du Modem appellent aussi à voter contre la reconduction de la délégation au privé", a souligné Jacques Perreux, vice-président du conseil général du Val-de-Marne. Quelques élus UMP semblent aussi s'impliquer dans le débat.

"Mais au-delà des clivages et des étiquettes politiques, c'est la question de la démocratie qui se pose. Notre mobilisation vise à briser la culture du silence du Sedif et à animer un véritable débat public, que la présidence du syndicat nous a toujours refusé", a ajouté Dominique Voynet. La maire de Montreuil (93) a également dénoncé certaines pratiques de la multinationale de l'eau, laquelle ferait peser dans le débat la question de l'éventuel déménagement de son siège et ses milliers de salariés en proche ou lointaine couronne.

Près d'une vingtaine d'autres maires ont d'ores et déjà signé l'appel,  le reste des signataires étant constitué de maires adjoints et de conseillers municipaux issus de 75 communes. Le Sedif regroupant 144 communes, le vote risque donc d'être serré jeudi matin. Selon certains, il se jouera même à quelques voix près. Ce vote ayant lieu en comité très restreint, dans l'usine de potabilisation des eaux de Choisy-le-Roi (94), la coordination eau d'Ile-de-France, une association d'usagers créée il y a six mois, invite le public et les élus intéressés à suivre le débat télétransmis en direct sous un chapiteau de la même ville.

 

Morgan Boëdec / Victoires Editions