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Grand Paris Express : des retards sur certains tronçons et des économies à trouver

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a rendu ce 22 février les arbitrages très attendus du gouvernement sur le nouveau calendrier du futur métro du Grand Paris. Il a annoncé des retards importants sur certains tronçons et dit viser une réduction du coût du projet d'environ 10%, même s'il a assuré que l'ensemble serait achevé comme prévu en 2030.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a finalement annoncé ce 22 février le nouveau calendrier de réalisation du Grand Paris Express. Face à la dérive financière du projet de super métro et aux difficultés techniques rencontrées, le gouvernement devait rendre des arbitrages. Il avait initialement prévu de trancher fin janvier, mais il s'est donné un mois de réflexion, devant une fronde des élus et des organisateurs des Jeux olympiques de 2024.

"Langage de vérité"

Qualifié par le chef du gouvernement de "chantier du siècle pour l'Ile-de-France", le Grand Paris Express comprend quatre lignes nouvelles de métro automatique, numérotées de 15 à 18, ainsi que des prolongements de la ligne 14. S'articulant autour d'une ligne circulaire, plusieurs branches doivent relier les aéroports d'Orly et Roissy-Charles de Gaulle, le pôle scientifique de Saclay et des quartiers sensibles de Seine-Saint-Denis, comme Clichy-sous-Bois ou Montfermeil. Exprimant sa volonté de "rendre totalement irréversible" le projet, le Premier ministre a souligné "la nécessité de le recaler, de lisser la réalisation de certains tronçons, de les prioriser, pour en assurer la réalisation dans des délais réalistes", tout en assurant que l'ensemble serait achevé comme prévu en 2030.

3,5 milliards d'économies à réaliser

Défendant "un langage de vérité", il a demandé à la Société du Grand Paris (SGP) - la structure publique chargée de construire le métro - "de préparer un plan" pour "comprimer le coût global du projet". La Cour des Comptes avait vertement critiqué dans un récent rapport le manque d'expertise technique et financière de cette société, s'inquiétant d'une "trajectoire financière non maîtrisée" et craignant que sa dette ne devienne incontrôlable.
Le Premier ministre a précisé qu'il visait "une optimisation de l'ordre de 10%" soit 3,5 milliards d'économies sur une facture de 35 milliards, d'autant que quatre gares d'interconnexion avec le RER n'ont pas encore été financées. S'il compte donner plus de moyens à la SGP, il a également annoncé le prochain départ du président de son directoire Philippe Yvin. Une commission présidée par le député Gilles Carrez (LR) sera par ailleurs chargé de trouver des ressources supplémentaires pour financer les travaux.

Gagnants et perdants des arbitrages

La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a détaillé le nouveau calendrier de réalisation. Elle a en particulier rassuré les habitants de Clichy-Montfermeil, épicentre des émeutes urbaines de 2005. Ils auront bien leur métro en 2024, comme l'avait promis Emmanuel Macron à l'automne. Elle a aussi confirmé les prolongements de la ligne 14 au nord et au sud - de Saint-Denis Pleyel à l'aéroport d'Orly, via Paris - et le tronc commun des lignes 16 et 17 de Pleyel au Bourget RER, lancés au début du mois.
Ils sont stratégiques pour les Jeux olympiques de 2024, le village olympique devant être construit à Pleyel, et devraient donc être prêts à temps.
Elisabeth Borne a ajouté que le Grand Paris Express pourrait également aller à cette échéance jusqu'à l'aéroport du Bourget - où doit s'installer le centre des médias des JO - si cela est "techniquement possible".
En revanche, Saclay est le grand perdant de l'arbitrage gouvernemental. Le Grand Paris Express n'y arrivera qu'en 2027, avec trois ans de retard.
Déjà privé de l'Exposition universelle rêvée en 2025, ce pôle d'excellence du sud-ouest francilien était pourtant défendu, notamment, par les députés LREM de l'Essonne, Cédric Villani et Amélie de Montchalin.
"L'heure n'est pas aux lamentations mais à la mobilisation", a déclaré à l'AFP Amélie de Montchalin qui appelle avec Cédric Villani à "une réflexion rapide et coordonnée sur un plan de transports d'urgence et de substitution d'ici à 2027". Les autres tronçons devraient prendre jusqu'à six ans de retard.
Les élus ont immédiatement réagi. La Présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (LR) estime que ces retards vont "porter atteinte à un grand nombre de projets phares pour la région et pour la France".
Elle a annoncé qu'elle allait réunir "tous les présidents de départements franciliens concernés afin d'explorer avec eux toutes les pistes qui permettraient d'accélérer la réalisation des lignes du Grand Paris Express", et étudier des modes de transport alternatifs, selon un communiqué.
 

Le nouveau calendrier du Grand Paris Express
Le nouveau calendrier du métro du Grand Paris annoncé ce 22 février par le gouvernement est le suivant :
Pour 2024
- Ligne 14 prolongée au nord et au sud, de l'aéroport d'Orly à Saint-Denis Pleyel (inchangé par rapport au dernier calendrier officiel)
- Lignes 16 et 17, de Saint-Denis Pleyel au Bourget RER (inchangé)
- Ligne 16 : Le Bourget RER - Clichy-Montfermeil (inchangé)
- Ligne 17 : Le Bourget RER - Le Bourget Aéroport. Possible, sous réserve que cela soit "techniquement possible"
- Ligne 15 au sud, de Noisy-Champs à Pont de Sèvres (en travaux, deux ans de retard)
Pour 2027
- Ligne 18, d'Orly à Saclay (trois ans de retard)
- Ligne 17, du Bourget au Triangle de Gonesse (trois ans de retard)
Pour 2030
- Ligne 15 à l'ouest, au nord et à l'ouest, de Pont de Sèvres à Noisy-Champs via La Défense et Saint-Denis Pleyel : pas encore de calendrier précis compte tenu des difficultés techniques, mais des retards très importants (jusqu'à cinq ans)
- Ligne 16, de Clichy-Montfermeil à Noisy-Champs (six ans de retard)
- Ligne 17 du Triangle de Gonesse à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle et au Mesnil Amelot (six ans de retard jusqu'à Roissy)
- Ligne 18, de Saclay à Versailles (inchangé)