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Transports - Interopérabilité : le rôle discret de l'Agence française pour l'information multimodale et la billettique

Si l'intermodalité prend forme à l'échelle régionale, rien n'existe à ce jour à l'échelle nationale. C'est pour y remédier que l'Agence française pour l'information multimodale et la billettique (Afimb) a été créée en 2010. Le point sur les avancées de cette structure.

De Korrigo en Bretagne à OùRA en Rhône-Alpes, en passant par Navigo en Ile-de-France, pas moins de seize autorités organisatrices de transports (AOT) proposaient un titre de transport multimodal sans contact en avril 2012. Le même titre est ainsi utilisé pour les transports en commun des agglomérations, les bus départementaux, parfois les TER, voire d’autres services publics. Opérationnelle depuis début 2011, l'Agence française pour l'information multimodale et la billettique (Afimb) dispose d’une petite équipe de quatre personnes et d’un budget d’1 million d’euros. L’agence s’appuie sur un comité d’orientation réunissant les représentants des autorités organisatrices des transports, des opérateurs de transport, des usagers et des ministères concernés. Rattachée au ministère de l’Ecologie, l’Afimb s’appuie sur les services techniques du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema).

Normaliser les pratiques dans le domaine de la billettique et de l'intermodalité

"Notre objectif est de faciliter les déplacements occasionnels sans remettre en cause les billettiques locales. Les voyageurs descendant du TGV dans une gare parisienne risquent souvent de faire la queue pour acheter un billet de métro. La vision du groupe de travail est de permettre de se déplacer partout avec une seule application sur un seul support, tel qu’un téléphone portable NFC ou une carte", explique Jérôme Clauzure, chargé de mission billettique. Pour répondre à cette demande, un appel à projets "services mobiles sans contact NFC" a été lancé en 2011. Douze projets de collectivités ont été retenus : ceux de Besançon, Bordeaux, Caen, Dijon, l’Ile-de-France (Stif et office du tourisme), Lille, Marseille, Mulhouse (pas de volet billettique dans le projet), Rennes, Strasbourg, Toulon-Draguignan-Le Var, et Toulouse. "Ils sont subventionnés à 45% sur la partie investissement et 30% sur la partie fonctionnement, l'exploitation et la maintenance jusqu'à fin 2015", précise le chargé de mission.

Un référentiel en ligne en mars prochain

Concernant l’architecture et la sécurité des systèmes de billettique, un référentiel technique commun a été rédigé et sera diffusé en mars prochain sur le site web de l’Afimb. "L’objectif est d’avoir des composants indépendants, susceptibles d’être remplacés indépendamment les uns des autres". Pour éviter les mises à niveau répétées des systèmes billettiques, un référentiel "communication sans contact" a été adopté. "L’achat de valideurs ou leur mise à niveau représentent des coûts importants. Certaines collectivités attendront leur renouvellement. Chacun avancera selon son propre calendrier", commente Jérôme Clauzure.

Une convention pour regrouper les AOT

Pour regrouper les AOT, l’Afimb propose la signature d’une convention de partenariat technique qui organise la gestion du référentiel ABC. Sept AOT (Marseille, Toulouse, Bordeaux, Lille, Grenoble et le département du Var) sont aujourd’hui signataires. "Cette convention ne nous engage à rien au niveau financier, mais nous permet d’être associés au groupe de travail mensuel et de suivre les évolutions techniques", explique Julien Marcault, chargé de mission déploiement NFC, à la direction générale des services urbains de Rennes métropole. "L’objectif est de fédérer les AOT, un peu dans la même logique que celle du schéma régional de l'intermodalité. Nous sommes sur des enjeux de politiques publiques qui se situent dans le secteur concurrentiel. L’idée est d’avoir une vision nationale en amont pour faire des économies d’échelle", analyse Joël Carreiras, président du comité d’orientation de l’Afimb et vice-président de Toulouse métropole chargé des transports. Toulouse dispose d’une billettique sans contact et travaille sur le téléphone mobile. Un calculateur d’itinéraire, quel que soit le mode de déplacement, a aussi été lancé en septembre.

Généraliser l’application billettique commune

L’application billettique commune (ABC) pourra être mise en place sur tout support (cartes, téléphones mobiles NFC, carte bancaire sans contact, etc.). "Mais au début, nous visons uniquement la téléphonie mobile afin de faciliter l’achat des titres de transport et de diminuer le nombre de tickets", explique Jérôme Clauzure.
La centrale d’achat public Ugap a lancé un appel d’offres fin 2012 pour trouver un prestataire pour mettre en place l’ABC. La sélection des candidats a eu lieu en septembre dernier et le dialogue final est en cours. Le candidat définitif sera choisi au printemps prochain. La mise en service du pilote aura lieu en fin d’année pour une ouverture à toutes les AOT et leurs délégataires au premier trimestre 2015.