Jeunesse : une coopérative de services expérimentée en pays Châtelleraudais (86)

Tout est parti d’un voyage d’étude au Québec organisé en 2010 par la région Poitou-Charentes auquel Acea Scop, une coopérative d’activité et d’emploi implantée à Châtellerault, Poitiers et Niort a participé. Avec comme objectif d’examiner les solutions développées outre-Atlantique contre le décrochage scolaire en s’appuyant sur l’économie sociale et solidaire. Là-bas, les participants au voyage - notamment la conseillère régionale Brigitte Tondusson et le directeur d'Acea Scop, Alain Bouchon, ont découvert des "coopératives jeunesse de services", ces entreprises à but non lucratif permettant à des jeunes en cours de scolarité de s’initier, pendant leurs vacances scolaires, à une activité professionnelle rémunérée.

La région, l’agglomération avec la mission locale

De retour de ce voyage, la conseillère régionale a convaincu la région Poitou-Charentes d’expérimenter ce type de solution, en soutenant la création d’une coopérative jeunesse services, au sein d’une filiale d’Acea Scop. Un budget de 10.000 euros a été octroyé par le conseil régional à la Scop afin de financer le fonctionnement de l’opération pendant quelques semaines en 2011, et notamment un poste d’animation à mi-temps. La communauté d’agglomération du pays Châtelleraudais (12 communes, 55.0000 habitants) a mis à disposition de la coopérative des locaux équipés. L’animatrice a cherché à recruter des jeunes de 18 à 25 ans, en prenant contact avec la mission locale de Châtellerault.

Sept jeunes de l’école de la deuxième chance de Châtellerault

Ce sont finalement sept jeunes de l’Ecole de la deuxième chance de Châtellerault qui ont été mobilisés. Pendant trois semaines, en décembre 2011, ils ont débarrassé des locaux associatifs de matériel obsolète, mené une opération nettoyage dans la coopérative, et l’une des sept salariés, étudiante en esthétique, s’est essayée (avec succès) à l’onglerie à domicile. Ils ont été rémunérés sur la base horaire du Smic, dans le cadre d'un CDD. L’élu référent de l’opération, Brahim Benzerga, adjoint à la jeunesse et à l’animation des quartiers de Châtellerault et vice-président de la communauté d’agglomération du pays de Châtellerault, chargé de la politique de la ville, au vu du bilan positif, aurait souhaité que l’expérience soit renouvelée : "Parce qu’il s’agit d’une démarche qui fait participer les jeunes jusqu’à la prise de décision, donc les responsabilise et les oblige à se confronter à des règles et à un cadre. Cette expérience fait également appel à la créativité et à l’esprit d'initiative des jeunes, les sensibilisant au passage à la culture entrepreneuriale. Le salaire qu’ils perçoivent donne une valeur à leur démarche et aux efforts qu’ils ont faits. Cela les aide à se projeter dans l’avenir. Cette expérience a été pour eux une activité réellement structurante."

Essaimer en Bretagne et dans les Pays de la Loire

L’appel d’offre était unique. Faute de financement, l’expérience amorcée à Châtellerault s’est arrêtée là. Mais d’autres coopératives jeunesse services sont en passe de se monter dans les Pays de la Loire ou en Bretagne, en partenariat avec une autre coopérative d’activité et d’emploi du réseau Coopérer pour entreprendre et avec le soutien de la chambre régionale de l’économie sociale.

Emmanuelle Stroesser / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info