La communauté de communes des Hautes-Corbières organise les services publics de proximité avec sa population

Le contexte géographique est important, car il est à la base du projet. Le canton de Mouthoumet, dans le département de l'Aude, est un territoire rural isolé de 1.300 habitants répartis sur 17 communes de moyenne montagne, aux routes difficiles à fréquenter, surtout l'hiver. Le territoire est éloigné de plus d'une heure des villes les plus proches et les villages les plus éloignés les uns des autres sont à trois quarts d'heure de route. Aucun transport en commun ne passe par là. Les personnes âgées, nombreuses ici comme ailleurs, ont des conditions de vie particulièrement difficiles.

Sept Pom's dans sept villages

L'association de développement des Hautes-Corbières (Adhco) a vingt ans et les Pom's (points multiservices) sont nés en 1995. Plus de 200 habitants ont participé, avec les élus, à ce projet de développement. C'est à partir de cette concertation qu'ont été déterminés les besoins précis auxquels il fallait tenter de répondre. A l'époque, le service public de proximité se limitait, en dehors des mairies, à six agences postales, d'ailleurs menacées. Et les communes les plus petites n'ouvrent leur mairie qu'une ou deux demi-journées par semaine, tandis que le Pom's est ouvert une demi-journée cinq jours par semaine. Pour la population locale, cela change tout ! Les Pom's sont donc des agences postales enrichies de différents autres services, de la photocopieuse et du minitel à la bibliothèque, en passant par les services postaux de base, la téléphonie, internet, et depuis peu, un service de transport à la demande. L'Adhco est également un centre social, labellisé depuis fin 2004 "Point Info Famille" et elle travaille avec la caisse d'allocations familiales et l'ANPE pour leur prochaine présence dans les Pom's. Sept Pom's fonctionnent en 2006, chacun avec un agent d'accueil : trois anciens agents postaux et les autres embauchés dans le cadre du dispositif Nouveaux services Emplois jeunes, pour lesquels un problème de financement va se poser.

La population s'organise et ne compte guère que sur elle-même

Mais Hervé Baro, conseiller général et président de l'association, a l'habitude d'aller chercher hors du territoire les moyens nécessaires à son désenclavement. "Dans chaque Pom's, raconte-t-il, nous avons réussi à installer l'ordinateur de La Poste et un autre, payant, à disposition du public. Mais il était en bas débit. Nous avons dû aller chercher un financement à Bruxelles pour installer une antenne satellite nous donnant accès au haut débit ! Et notre prochaine bataille sera l'extension de ce haut débit à tous, en attendant la téléphonie mobile !" La participation permanente de la population a été capitale : si les maires des communes membres de la communauté constituent le comité de pilotage du dispositif, le conseil d'administration de l'association est composé pour moitié d'élus et pour moitié d'usagers. "Maintenant, poursuit le conseiller général, nous voudrions créer des comités d'usagers des Pom's, pour être plus précis encore sur l'évaluation et l'amélioration du service rendu. Juste un chiffre pour conclure : il y avait 1.200 habitants sur le canton à la création de l'Adhco, ils sont 1.300 aujourd'hui, ce qui fait une augmentation de 12%, soit 140 habitants. Pour nous, cela représente un gros village, c'est très important. Les Pom's seuls ne sont pas responsables de cette revitalisation, mais ils y contribuent fortement, c'est évident."